Paul
Lavond s'échappe du bagne dans lequel il est enfermé depuis
dix-sept années. Accusé à tort de meurtre et d'escroquerie,
victime d'une machination orchestrée par trois de ses anciens amis,
il rêve de vengeance. Depuis des semaines lui et Marcel, un vieux
scientifique excentrique au cœur fragile, filent droit vers la
demeure de ce dernier. Lorsque les deux hommes parviennent devant
celle-ci, ils sont accueillis par une horde de chiens qui alertent la
femme de Marcel Malita ainsi que sa domestique Lachna, une jeune
femme un peu stupide récupérée dans un proche village.
Paul
est abasourdi de constater que son compagnon est responsable d'une
formule extraordinaire consistant à réduire formidablement la
taille des êtres vivants. La femme de Marcel a d'ailleurs continué
les expériences de son mari durant son absence. Malheureusement,
comme depuis toujours, les résultats ne sont pas à la hauteurs des
espérances puisque s'ils parviennent à réduire leurs sujets, des
chiens, de manière étonnante, ces derniers apparaissent ensuite
incapables d'agir de leur propre plein grès. Totalement obsédé par
l'idée de venir à bout de son expérience, Marcel se remet très
vite au travail et trouve un nouveau sujet d'expérience en a
personne de Lachna. Mais Marcel meurt d'un arrêt cardiaque lorsqu'il
comprend que Lachna, une fois réduite, est elle aussi dépourvue de
toute fonction cérébrale.
Malita,
épouvantée par le décès de Marcel mais plus encore à l'idée de
voir échouer les projets de son mari, propose à Paul de l'aider à
mener à bien les expériences. D'abord réticent, ce dernier finit
par accepter lorsqu'elle lui propose de les poursuivre à Paris, la
ville où vivent les trois hommes qui il y a dix-sept ans en arrière
le firent aller en prison pour un crime dont ils étaient les
véritables responsables.
Recherché
par toute la police du pays, Paul n'a d'autre moyen de se faufiler en
plein cœur de Paris que de se grimer en Madame Mandelip, vieille
femme fort sympathique et propriétaire d'un magasin de poupées qui
cache dans ses sous-sols un laboratoire dont elle va utiliser la
matière première aux expériences de Malita pour se venger d'Emil
Coulvet, Charles Matin et Victor Radin, les trois hommes qui l'ont
fait plonger...
Quatre
années après le cultissime "Freaks, La Monstrueuse Parade",
Tod Browning réalise ces "Poupées Du Diable" qui, sur
fond de fantastique, abordent le thème de la vengeance. Celle d'un
homme qui a tout perdu à cause de trois de ses anciens
collaborateurs. Son intégrité, sa liberté, l'amour de sa fille et
celui de sa femme morte de chagrin ainsi que sa fortune. Autant de
raison qui vont le pousser à continuer l'œuvre de celui qui
s'échappa de la même prison que lui et tout ça dans l'unique but
de se venger. Lionel Barrymore (qui tourna déjà avec Tod Browning
un an plus tôt dans "La Marque Du Vampire") interprète
cet homme aigri, totalement obsédé par la vengeance et qui rêve de
reconquérir l'amour de sa fille qui le croit coupable de ce dont on
l'accuse. C'est lui qui endosse également le costume de Madame
Mandelip, cette vieille femme au visage tout d'abord sinistre se
révèle si attachante que l'on oublie presque que c'est un
prisonnier en fuite qui se cache sous la perruque. Barrymore fait
preuve d'un immense talent dans ce double rôle que lui a confié Tod
Browning. C'est bien autour de son personnage que le récit est
construit et même bien plus que les poupées du titre qui sont
finalement d'abord exploitées comme outils de manigance.
A
ce titre, il faut reconnaître que le travail sur les effets-spéciaux
est pour l'époque tout à fait remarquable. Que ce soit au niveau du
travail des décors permettant ainsi la miniaturisation des
personnages, ou bien de l'intégration de ces derniers dans des
images à taille réelle, le résultat est toujours bluffant.
On
notera aussi la propension de Tod Browning à jouer sur les handicaps
physiques (Malita qui ne peut se déplacer sans une canne ou bien la
mère de Paul atteinte de cécité) et mentaux ( la pauvre Lachna
atteinte de déficience mentale), même si ici on est loin des
étonnants phénomènes de "Freaks...". "Les Poupées
Du Diable" reste encore aujourd'hui une œuvre d'une étonnante
fraicheur, dont les effets-spéciaux conservent toute leur
ingéniosité.
Encore
une grande œuvre signée par un grand maitre du cinéma des
années trente...
Déjà abordés dans le Cinéma de Minuit:
- Cycle Maurice Tourneur (04 Septembre 1988) - La Main Du Diable (1943)
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