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samedi 5 mai 2012

Cinéma de minuit: Cycle Tod Browning (10 Septembre 1989) - Les Poupées Du Diable (1936)




Paul Lavond s'échappe du bagne dans lequel il est enfermé depuis dix-sept années. Accusé à tort de meurtre et d'escroquerie, victime d'une machination orchestrée par trois de ses anciens amis, il rêve de vengeance. Depuis des semaines lui et Marcel, un vieux scientifique excentrique au cœur fragile, filent droit vers la demeure de ce dernier. Lorsque les deux hommes parviennent devant celle-ci, ils sont accueillis par une horde de chiens qui alertent la femme de Marcel Malita ainsi que sa domestique Lachna, une jeune femme un peu stupide récupérée dans un proche village. 

 
Paul est abasourdi de constater que son compagnon est responsable d'une formule extraordinaire consistant à réduire formidablement la taille des êtres vivants. La femme de Marcel a d'ailleurs continué les expériences de son mari durant son absence. Malheureusement, comme depuis toujours, les résultats ne sont pas à la hauteurs des espérances puisque s'ils parviennent à réduire leurs sujets, des chiens, de manière étonnante, ces derniers apparaissent ensuite incapables d'agir de leur propre plein grès. Totalement obsédé par l'idée de venir à bout de son expérience, Marcel se remet très vite au travail et trouve un nouveau sujet d'expérience en a personne de Lachna. Mais Marcel meurt d'un arrêt cardiaque lorsqu'il comprend que Lachna, une fois réduite, est elle aussi dépourvue de toute fonction cérébrale.

Malita, épouvantée par le décès de Marcel mais plus encore à l'idée de voir échouer les projets de son mari, propose à Paul de l'aider à mener à bien les expériences. D'abord réticent, ce dernier finit par accepter lorsqu'elle lui propose de les poursuivre à Paris, la ville où vivent les trois hommes qui il y a dix-sept ans en arrière le firent aller en prison pour un crime dont ils étaient les véritables responsables.


Recherché par toute la police du pays, Paul n'a d'autre moyen de se faufiler en plein cœur de Paris que de se grimer en Madame Mandelip, vieille femme fort sympathique et propriétaire d'un magasin de poupées qui cache dans ses sous-sols un laboratoire dont elle va utiliser la matière première aux expériences de Malita pour se venger d'Emil Coulvet, Charles Matin et Victor Radin, les trois hommes qui l'ont fait plonger...

Quatre années après le cultissime "Freaks, La Monstrueuse Parade", Tod Browning réalise ces "Poupées Du Diable" qui, sur fond de fantastique, abordent le thème de la vengeance. Celle d'un homme qui a tout perdu à cause de trois de ses anciens collaborateurs. Son intégrité, sa liberté, l'amour de sa fille et celui de sa femme morte de chagrin ainsi que sa fortune. Autant de raison qui vont le pousser à continuer l'œuvre de celui qui s'échappa de la même prison que lui et tout ça dans l'unique but de se venger. Lionel Barrymore (qui tourna déjà avec Tod Browning un an plus tôt dans "La Marque Du Vampire") interprète cet homme aigri, totalement obsédé par la vengeance et qui rêve de reconquérir l'amour de sa fille qui le croit coupable de ce dont on l'accuse. C'est lui qui endosse également le costume de Madame Mandelip, cette vieille femme au visage tout d'abord sinistre se révèle si attachante que l'on oublie presque que c'est un prisonnier en fuite qui se cache sous la perruque. Barrymore fait preuve d'un immense talent dans ce double rôle que lui a confié Tod Browning. C'est bien autour de son personnage que le récit est construit et même bien plus que les poupées du titre qui sont finalement d'abord exploitées comme outils de manigance.


A ce titre, il faut reconnaître que le travail sur les effets-spéciaux est pour l'époque tout à fait remarquable. Que ce soit au niveau du travail des décors permettant ainsi la miniaturisation des personnages, ou bien de l'intégration de ces derniers dans des images à taille réelle, le résultat est toujours bluffant.
On notera aussi la propension de Tod Browning à jouer sur les handicaps physiques (Malita qui ne peut se déplacer sans une canne ou bien la mère de Paul atteinte de cécité) et mentaux ( la pauvre Lachna atteinte de déficience mentale), même si ici on est loin des étonnants phénomènes de "Freaks...". "Les Poupées Du Diable" reste encore aujourd'hui une œuvre d'une étonnante fraicheur, dont les effets-spéciaux conservent toute leur ingéniosité. 









Encore une grande œuvre signée par un grand maitre du cinéma des années trente...


Déjà abordés dans le Cinéma de Minuit:   

- Cycle Maurice Tourneur (04 Septembre 1988) - La Main Du Diable (1943)

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