En attendant le prochain
Fabrice du Welz, j'ai cherché, et cherché, et cherché LE film
récent qui pouvait le plus se rapprocher de son univers...C'est
ainsi que je suis tombé sur Vacances
de Béatrice de Staël et Leo Wolfenstein. Leur premier film en
commun et leur premier long-métrage tout court. Derrière ce titre
passe-partout et, reconnaissons-le, un brin ringard, se cache une
œuvre particulière... Sorte de thriller, de drame familial et
campagnard face auquel certains journalistes ont choisi d'intégrer
une ''donnée'' qui n'a pas vraiment, voire, pas du tout sa place
ici. À force d'évoquer les violences faites aux femmes, ce
phénomène de société plus galopant que n'importe quel virus
mortel gangrène toutes les formes d'art et le cinéma en
particulier. Mais au regard de Vacances,
on comprend que son évocation qui à force de répétitions devient
moins un fait de société qu'une mode que l'on agrémente à toutes
les sauces est loin, très loin des préoccupations des deux
réalisateurs. Servant de prétexte à cette cause courtisée par les
''wokistes''
en tous genres, l'un des rares actes qui pourraient aller dans ce
sens est la tentative de viol dont failli être la victime l'héroïne
de ce récit, Marie, qu'interprète l'actrice Géraldine Nakache.
Allez, poussons même le bouchon jusqu'à révéler le passé trouble
de Jeanne (interprété par Béatrice de Staël elle-même), cette
habitante du coin dont la folie semble avoir été engendrée d'un
côté par la rudesse de son existence ou plus simplement par les
rumeurs qui courent sur son compte à la vitesse d'un cheval au
galop ! En réduisant l’œuvre de Béatrice de Staël et Leo
Wolfenstein à ce seul constat, il n'est pas impossible qu'un jour
s'impose en force la ''Cancel
Culture''
et que nombre de longs-métrages vieux de trente ou quarante ans
connaissent le même sort. Car alors, qui peut dire où se situe la
différence entre Vacances
et un Haute Tension
signé d'Alexandre Aja en 2003 ? C'est à dire à une époque où
le terme, me semble-t-il, n'existait pas encore. Et pourquoi ne pas
remonter jusqu'aux débuts des années quatre-vingt et effacer tout
ce qui a été dit sur le Vendredi 13 de
Sean Cunningham et le taxer désormais d’œuvre sur les ''Violences
faites aux adolescents attardés et obsédés par le sexe et par la
marijuana''... ?
Non,
vraiment, certains feraient mieux de s'écraser ou s'intéresser en
profondeur aux véritables valeurs qui font de Vacances
une très honnête série B à la française flirtant sensiblement
avec l'épouvante. Si dans le fond le long-métrage de Béatrice de
Staël et Leo Wolfenstein se montre relativement académique, il
n'est pas interdit et même plutôt recommandé d'en apprécier la
valeur artistique. Car si la forme rejoint celle de très nombreux
thrillers dans le contexte desquels un meurtrier cherche par tous les
moyens à faire disparaître le corps de sa victime, Vacances
offre
en outre le portrait d'une mère de famille assez rare. Géraldine
Nakache incarne en effet une femme relativement trouble, que l'on
découvrira tout d'abord logiquement proche de sa progéniture avant
qu'un tragique événement ne vienne parasiter leur existence.
Abandonnée par son mari, séduite par un jeune homme (Andranic Manet
dans le rôle de Martin), lui-même précédé d'une inquiétante
réputation, Marie ''s'évade''
la nuit venue, erre dans un champ, perdue, obsédée par ce corps qui
repose dans une vieille cabane. Sourd alors en toute discrétion le
thème de la nécrophilie. Car alors, que vient-elle y faire, avec
dans les bras son plus jeune enfant sinon que de contempler le corps
de son tout récent prétendant ? Très curieusement, ce qui
apparaît comme une succession de maladresses dans la mise en scène
participe à l'attrait de ce film à l’atmosphère pesante, voire
cauchemardesque. Géraldine Nakache tient la dragée haute à un
parterre de seconds rôles souvent ambigus. Du moins, participent-ils
en majorité au trouble qui ne cesse d'augmenter tout au long du
récit. De Martin, entre charme et déséquilibre mental, en passant
par Jeanne, sa mère, divaguant et soliloquant, jusqu'à ces voisins
ivres de colportages... Vacances
bénéficie d'une esthétique étouffante matinée aux petits oignons
par le directeur de la photographie et par la compositrice Véronique
Zerdoun dont les fins de thèmes... ''s'effondrent''... Jamais
défauts n'auront aussi bien habillé une œuvre cinématographique.
Un long-métrage qui pourrait bien en hanter certains pour les jours
et surtout les nuits à venir...
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