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dimanche 29 janvier 2023

Vacances de Béatrice de Staël et Leo Wolfenstein (2022) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

En attendant le prochain Fabrice du Welz, j'ai cherché, et cherché, et cherché LE film récent qui pouvait le plus se rapprocher de son univers...C'est ainsi que je suis tombé sur Vacances de Béatrice de Staël et Leo Wolfenstein. Leur premier film en commun et leur premier long-métrage tout court. Derrière ce titre passe-partout et, reconnaissons-le, un brin ringard, se cache une œuvre particulière... Sorte de thriller, de drame familial et campagnard face auquel certains journalistes ont choisi d'intégrer une ''donnée'' qui n'a pas vraiment, voire, pas du tout sa place ici. À force d'évoquer les violences faites aux femmes, ce phénomène de société plus galopant que n'importe quel virus mortel gangrène toutes les formes d'art et le cinéma en particulier. Mais au regard de Vacances, on comprend que son évocation qui à force de répétitions devient moins un fait de société qu'une mode que l'on agrémente à toutes les sauces est loin, très loin des préoccupations des deux réalisateurs. Servant de prétexte à cette cause courtisée par les ''wokistes'' en tous genres, l'un des rares actes qui pourraient aller dans ce sens est la tentative de viol dont failli être la victime l'héroïne de ce récit, Marie, qu'interprète l'actrice Géraldine Nakache. Allez, poussons même le bouchon jusqu'à révéler le passé trouble de Jeanne (interprété par Béatrice de Staël elle-même), cette habitante du coin dont la folie semble avoir été engendrée d'un côté par la rudesse de son existence ou plus simplement par les rumeurs qui courent sur son compte à la vitesse d'un cheval au galop ! En réduisant l’œuvre de Béatrice de Staël et Leo Wolfenstein à ce seul constat, il n'est pas impossible qu'un jour s'impose en force la ''Cancel Culture'' et que nombre de longs-métrages vieux de trente ou quarante ans connaissent le même sort. Car alors, qui peut dire où se situe la différence entre Vacances et un Haute Tension signé d'Alexandre Aja en 2003 ? C'est à dire à une époque où le terme, me semble-t-il, n'existait pas encore. Et pourquoi ne pas remonter jusqu'aux débuts des années quatre-vingt et effacer tout ce qui a été dit sur le Vendredi 13 de Sean Cunningham et le taxer désormais d’œuvre sur les ''Violences faites aux adolescents attardés et obsédés par le sexe et par la marijuana''... ?


Non, vraiment, certains feraient mieux de s'écraser ou s'intéresser en profondeur aux véritables valeurs qui font de Vacances une très honnête série B à la française flirtant sensiblement avec l'épouvante. Si dans le fond le long-métrage de Béatrice de Staël et Leo Wolfenstein se montre relativement académique, il n'est pas interdit et même plutôt recommandé d'en apprécier la valeur artistique. Car si la forme rejoint celle de très nombreux thrillers dans le contexte desquels un meurtrier cherche par tous les moyens à faire disparaître le corps de sa victime, Vacances offre en outre le portrait d'une mère de famille assez rare. Géraldine Nakache incarne en effet une femme relativement trouble, que l'on découvrira tout d'abord logiquement proche de sa progéniture avant qu'un tragique événement ne vienne parasiter leur existence. Abandonnée par son mari, séduite par un jeune homme (Andranic Manet dans le rôle de Martin), lui-même précédé d'une inquiétante réputation, Marie ''s'évade'' la nuit venue, erre dans un champ, perdue, obsédée par ce corps qui repose dans une vieille cabane. Sourd alors en toute discrétion le thème de la nécrophilie. Car alors, que vient-elle y faire, avec dans les bras son plus jeune enfant sinon que de contempler le corps de son tout récent prétendant ? Très curieusement, ce qui apparaît comme une succession de maladresses dans la mise en scène participe à l'attrait de ce film à l’atmosphère pesante, voire cauchemardesque. Géraldine Nakache tient la dragée haute à un parterre de seconds rôles souvent ambigus. Du moins, participent-ils en majorité au trouble qui ne cesse d'augmenter tout au long du récit. De Martin, entre charme et déséquilibre mental, en passant par Jeanne, sa mère, divaguant et soliloquant, jusqu'à ces voisins ivres de colportages... Vacances bénéficie d'une esthétique étouffante matinée aux petits oignons par le directeur de la photographie et par la compositrice Véronique Zerdoun dont les fins de thèmes... ''s'effondrent''... Jamais défauts n'auront aussi bien habillé une œuvre cinématographique. Un long-métrage qui pourrait bien en hanter certains pour les jours et surtout les nuits à venir...

 

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