S'y retrouver dans une
franchise est parfois une véritable gageure. Et si au pays du Soleil
Levant et dans le domaine de l'épouvante Ringu
de Hideo Nakata et ses nombreuses séquelles remportent haut la main
le prix en la matière avec ses dérivés télévisés, ses suites,
ses préquelles et ses remakes, le réalisateur japonais Takashi
Shimizu a de son côté créé sa propre franchise avec Ju-on,
dont certaines suites seront connues chez nous sous le titre The
Grudge.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la naissance de la
franchise ne débute pas en 2000 mais deux ans auparavant avec deux
courts-métrages signés eux-mêmes de Takashi Shimizu. 4444444444
dans lequel un homme reçoit un téléphone hanté de la part d'un
tout jeune fantôme et Katasumi
où deux écolières sont elles-mêmes les victimes d'un fantôme.
Ces deux courts-métrages seront retransmis à la télévision
japonaise et regroupés dans une anthologie intitulée Gakkô
no Kaidan G.
Deux ans plus tard, le réalisateur japonais réalise coup sur coup
deux longs-métrages intitulés Ju-on
et
Ju-on
2.
Deux œuvres directement produites pour le marché de la vidéo. Par
la suite, le public devra patienter trois années supplémentaires
avant de pouvoir retrouver l'un des mythes du cinéma d'épouvante
japonais contemporain les plus célèbres. C'est ainsi que sort
désormais en 2002 Ju-on
: The Grudge.
Affublé de ce sous-titre qui n'est autre que la traduction du titre
original signifiant Rancune,
certains y verront une suite aux deux précédents volets tandis que
Takashi Shimizu semble avoir simplement voulu reprendre l'histoire à
la base du récit en lui offrant une œuvre digne d'être projetée
sur grand écran...
En
ouverture, un texte explique sommairement le contexte du
long-métrage. Un bien pour certains spectateurs qui risquent de se
perdre tout au long d'un récit parfois alambiqué et sans doute une
manière un peu méprisante d'être conduit par la main pour les
autres. D'autant plus qu'au bout de quelques instants seulement, et
contrairement au premier Ju-on
qui avait su garder le mystère jusqu'au bout, Takashi Shimizu donne
une explication sur les origines de la malédiction et des morts qui
vont avoir lieu durant le reste de l'intrigue. Ce qui, pour les
habitués de la franchise n'aura aucune forme de conséquence
négative tandis que pour les néophytes, cette annonce sera
profondément dommageable bien que leur facilitant la compréhension
des événements se déroulant à l'image. Dans ce troisième volet
de la franchise, Takashi Shimizu partage le récit en différents
actes, chacun étant consacré à un personnage à part entière.
C'est ainsi que l'histoire démarre avec Rika Nishina (l'actrice
Megumi Okina), une jeune assistante sociale chargée de s'occuper de
la demeure d'une vieille dame prénommée Sachie (Chikako Isomura,
alors âgée de quatre-vingt un ans), laquelle vit avec ses trois
enfants. Lorsque Rika arrive afin de s'occuper de Sachie et de faire
le ménage dans la maison, la jeune femme est attirée à l'étage
par de drôles de bruits et par un tout jeune enfant enfermé dans un
placard se faisant appeler Toshio (Yuya Ozeki)...
Son
allure laisse envisager l'hypothèse selon laquelle la demeure est
habitée par le fantôme de l'enfant dont le père fut pris d'un coup
de folie comme en a témoigné une séquence précédent l'arrivée
de Rika en ces lieux. Mais le pire reste à venir puisque le jeune
Toshio n'est pas le seul fantôme à vivre ici. Celui d'une femme
terrifiante semble être à l'origine d'une malédiction. Terrifiée
à la vu du spectre, Rika s'évanouit avant de se retrouver dans un
état de catatonie. Ju-on
: The Grudge
passe au second personnage, Katsuya Tokunaga (Kanji Tsuda), puis au
suivant, Hitomi Tonkunaga (Michelle Ruff) et ainsi de suite... Le
film n'est donc qu'une succession de scénettes dont le principe est
chaque fois identique et précise la chose selon laquelle tout
individu entrant en contact avec la fameuse demeure ou l'un de ses
fantômes est condamné à une mort certaine ! Ce troisième
volet de la franchise a beau réitérer le même concept à travers
les années, l'apparition de ce spectre aux cheveux longs et au
borborygme guttural demeure toujours aussi saisissante. Le plus
étonnant demeure la narration puisque plutôt que d'ordonner son
œuvre de manière chronologique, Takashi Shimizu choisit de
constants retours dans le passé récent avant de revenir dans le
présent. Une approche qui peut s'avérer parfois confuse mais qui au
fond apporte un surplus de mystère à cette histoire de fantômes
japonais. L'un des principaux points d'intérêt de l’œuvre est
bien évidemment la présence de fantômes que le réalisateur filme
de manière à rendre chacune de leurs apparitions toujours plus
sinistre et effrayante. Tout comme sa concurrente Ringu,
la franchise Ju-on
demeure comme l'une des plus remarquables de la J-Horror.
En dessert, Takashi Shimizu nous offre en outre une vision désolée
des quartiers où se situe l'action. Peut-être un joli préambule au
quatrième volet qui dès l'année suivante sortira sur les
écrans... ?
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