''Chaque nuit, Karen
faisait d'épouvantables cauchemars. Chaque matin, la tumeur qui
déformait son cou était un peu plus grosse. Une tumeur inopérable
qui laissait les médecins perplexes et qui bougeait
imperceptiblement, comme s'il y avait eu quelque chose de vivant sous
la peau... C'était le moyen qu'avait trouvé Misquamacus, le vieux
sorcier indien pour revenir à la vie. L'heure était enfin venue de
se venger de l'homme blanc qui avait exterminé son peuple. Une
revanche qu'il attendait et préparait depuis plusieurs siècles...
''
Voici
comme nous est généralement présenté le roman de Graham Masterton
à l'origine de cette adaptation cinématographique réalisée par
William Girdler et connue chez nous sous le titre Le
Faiseur d’Épouvante.
Au vu des qualités de la plupart de ses œuvres principalement axées
sur le thème des démons, on peut encore s'étonner de constater
qu'en dehors d'un court-métrage intitulé Secret
de Cuisine
adapté de la nouvelle Le
Shih-tan secret disponible
dans le recueil de nouvelles Les
visages du cauchemar,
seul Manitou,
son tout premier roman, eut les honneurs d'une adaptation sur grand
écran. Réalisé par l'auteur de Three on a
Meathook,
Le Faiseur d’Épouvante
est plutôt fidèle au roman et met en scène Karen Tandy (l'actrice
Susan Strasberg) qui après avoir remarqué qu'une étrange tumeur
lui poussait dans la nuque décide de se rendre à l’hôpital afin
de s'y faire opérer. Mais avant cela, peut rassurée, elle demande à
son ami voyant Harry Erskine, de lire dans les cartes afin de
s'assurer que l'opération se déroulera dans de bonnes conditions.
Cependant, celui tire par trois fois des cartes qui laissent présager
une issue désastreuse. De plus, lorsque Susan subit des examens aux
rayons X, ceux-ci mettent à jour la présence de ce qui semble
être en fait une créature vivante. Un fœtus qui s'avérera être
en réalité, la réincarnation d'un homme-médecin vieux de
plusieurs siècles dont la naissance prochaine est synonyme de
vengeance...
Dans
le rôle du voyant, nous retrouvons l'acteur américain Tony Curtis
connu pour ses rôles dans Les Vinkings,
Spartacus
et L'Étrangleur de Boston
au cinéma ou encore celui de Danny Wilde dans la célèbre série
Amicalement Votre
aux côtés de Roger Moore. Dans celui de l'indien John Singing Rock
venu épauler l'ami de Susan afin de mettre un terme à l'existence
du démon Misquamacus, l'acteur américain d'origine syrienne Michael
Ansara. Nous retrouvons également Jon Cedar dans le rôle du docteur
Jack Hugues et Stella Stevens (Docteur Jerry et
Mister Love de
Jerry Lewis en 1963, L'Aventure du Poséidon
Ronald
Neame en 1972) dans celui d'Amélia Crusoe.
C'est
à bord d'un avion que le futur réalisateur William Girdler découvre
le roman de Graham Masterton. Décidé à en obtenir les droits, il
débourse la somme de cinquante mille dollars. L'écrivain étant
généralement peu avare en descriptions terrifiantes (certaines de
ses œuvres étant constituées de véritables séquences
d'anthologie repoussant les limites de l'innommable), l'auteur des
admirables Le
Djinn,
Les Puits de
l'Enfer,
Le Démon des
Morts,
Le Portrait du
Mal,
Le Miroir de
Satan,
ou de Rituel
de Chair signe
avec Manitou
une première œuvre parfois délirante qu'aura cependant beaucoup de
mal à retranscrire William Girdler sans tomber dans le ridicule.
Car alors que les deux premiers tiers du films semblent à la hauteur
du roman, la dernière demi-heure plombe littéralement tout
l'intérêt du récit à cause de ses effets-spéciaux absolument
dégueulasses et surtout, un Misquamacus grotesque et tout sauf
crédible et effrayant. Malgré un casting convaincant, dont une
Susan Strasberg habitée par le rôle de Karen Tandy, un Tony Curtis
tantôt premier degré, tantôt second, et un Michael Ansara tout
sauf ridicule dans le rôle de l'indien Singing Rock, Le
Faiseur d’Épouvante
finit malheureusement par devenir pesant et plus (involontairement)
drôle que terrifiant à force d'apporter son lot d'imageries
ringardes.. Dommage, surtout si l'on tient compte du formidable
potentiel de l’œuvre de Graham Masterton, et notamment celui de la
saga Manitou qui
ne s'est pas arrêtée là puisque son auteur donna naissance à
quatre suites écrites entre 1979 et 2010...
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