Elle est tourmentée,
persuadée que personne ne l'aime. Pas même son compagnon, ni leur
chien. Alors elle se réfugie dans un bar. Le lieu de rencontre des
âmes perdues. Une gamine rêve de son mariage avec une idole du
rock. Un autre d'une fête en famille où il ne connais personne. Un
salon chic, mais vieillot. Une immense table sur laquelle est
consciencieusement placée une vaisselle de plus de deux ans ans.
Notre homme tente le coup de la nappe en rassurant la famille
présente que leur bien ne court aucun risque. Il tire sur la nappe.
Résultat des courses : la vaisselle s'écrase au sol dans un
bruit fracassant. S'ensuit un procès, une condamnation à mort, une
exécution. Mais rappelons-le, ceci n'est qu'un mauvais rêve. Ici on
célèbre un événement. Là un quatuor répète avant qu'un
terrible orage ne les dérange. Ailleurs un coiffeur dépressif
massacre la chevelure d'un client sur le point de conclure un
marché...
Un psychiatre, un
facteur, des hommes d'affaires, des musiciens, etc... Tout ce petit
monde nous livre ses joies et ses peines dans un univers statique où
le mouvement n'a que très rarement l'occasion de s'exprimer. Des
tableaux mis en scène par Roy Andersson, déjà auteur d'un très
similaire Chansons du Deuxième Étage. On y retrouve
ce même goût pour l'unité des couleurs. Des teintes blafardes qui
se retrouvent jusque dans les visages tristes de ses personnages.
Le génie du cinéaste
est de parvenir à maintenir l'attention du spectateur avec une
économie spectaculaire. Du moins dans les gestes et dans les
mouvements car les tableaux qui nous sont ici présentés sont
exécutés avec un minutie extraordinaire. Le propos n'étant pas des
plus joyeux, Nous, Les Vivants se permet quelques
incartades féeriques particulièrement bienvenues.
Loufoque, le rêve menant
son principal intervenant sur la chaise électrique est significative
de cet forme d'humour atténué par le comportement des personnages
mais pourtant, bien présent. Totalement décalé, surréaliste mais
ô combien jouissif. Comme cette improbable voyage de noce des
nouveaux époux à bord d'un immeuble tout entier qui passe par une
voie de chemin de fer. Souvent grotesques, ses personnages sont aussi
pathétiques. Jamais exemplaires en terme d'esthétisme, ils nous
ressemblent davantage que les sempiternelles acteurs américains que
l'on a l'habitude de croiser.
On retiendra le travail
extraordinaire que continue d'effectuer Roy Andersson sur les décors,
le placement des caméras et sur les couleurs fantastiques qui
rendent éblouissants les tableaux ainsi crées de main de maître.
Encore une belle réussite...
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