Jouir de ce seizième
numéro de Vidéotopsie
revêt
pour moi autant d'importance que d'avoir tenu entre les mains le
numéro dix-huit consacré à la saga Amityville.
Parce que Greydon Clark. Parce que Terreur
Extraterrestre.
Parce que ces deux seuls éléments me renvoient aux fabuleuses
années quatre-vingt, et à cette journée fatidique où, enfermé
dans l'appartement d'un ami puant l'urine d'une quinzaine de chats
(l'appart, hein ! Pas mon ami), trois potes et moi avons
découvert pour la première fois, cette petite bande de
science-fiction horrifique qui l'air de rien, allait m’obséder
durant le quart de siècle qui allait succéder à cette journée.
Ce
seizième numéro sorti à l'origine en septembre 2015 offre un
contenu toujours plus touffu, toujours plus éclectique, toujours
plus passionnant. En préambule, David Didelot rend un très bel
hommage à l'une des plus grandes icônes du fantastique dans son
édito : l'immense et regretté Christopher « Dracula »
Lee. Dès la quatrième page, on en vient aux choses tout aussi
sérieuses et évidemment, tout aussi cruelles puisque Augustin
« Rigs
Mordo »
Meunier (qui n'est autre que le Papa de l'excellent site Toxic
Crypt)
s'intéresse de très près à ces bandes qui ont disparu de la
surface de la Terre, brûlées lors d'incendies, volontairement
détruites, ou tout simplement abîmées par le temps... des film
devenus invisibles, fruits d'un fantasme à jamais inassouvi, ravivé
par un Augustin dont les connaissances en la matière donnent le
vertige. En 22 pages, ce dernier donne le ton d'un numéro plein de
promesses.
On
poursuit ensuite avec les « Reviews
bis ». un
pavé lourd de quarante-six pages consacrées au cinéma bis,
évidemment, sous toutes ses formes. Un condensé de ce que l'on
pouvait dénicher durant l'âge d'or des vidéoclubs et dont il ne
reste malheureusement guère plus que les rédacteurs du fanzine que
je tiens entre les mains pour nous faire revivre ces heures de gloire
où mettre la main sur une jaquette sexy et (ou) débordant
d'hémoglobine était le but recherché.
Dans
ce numéro 16, les rédacteurs Laurent Dufour, David Didelot,
Frédéric Durand, Simon Laperriere, Didier Lefevre, Michel Tabbal,
Aristide Fouchtra, Yohann Chanoir, Adrien Vaillant, Christophe
Gaquiere, Augustin Meunier, Patrick Callonnec et Jérome Pottier nous
font voyager à travers la planète. Le voyage débute en France avec
un film adapté d'un ouvrage de Kurt Steiner, et l'on croisera
ensuite la route de Brigitte Lahaie et d'Anny Duperey, cette dernière
étant alors confrontée à un démon de pacotille dans le pourtant
sympathique Le Démon dans l'Île
de Francis Leroi. Ensuite direction l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie,
le Japon, le Royaume-Unis, la Corée du sud, la Chine, les
Philippines, le Brésil, et même les États-Unis auxquels une large
place est offerte. Viol, tortures, sexe, Diable, Giallo,
Post-apocalyptique, mélange improbable des genres, vampirisme (ici,
la partie de Yohann Chanoir avec pas moins de trois films),
cannibales, zombies, SS (!!!), inquisition (excellent article de
Christophe Gaquiere consacré à La Marque du
Diable),
pseudo-exorciste, crabes meurtriers, et plein d'autres choses encore
avec, après le porno de Ferrara dans le précédent numéro, celui
de William « Maniac »
Lustig,
The Violation of Claudia.
De quoi ne surtout pas mourir idiot !!! Petite mention spéciale
pour l'article d'Aristide Fouchtra consacré à L'Amour
au Club,
provoquant d'énormes éclats de rire (les murs de mon salon en
tremblent encore).
L'article
suivant, lui, Claude Gaillard l'a consacré au cinéma du producteur,
scénariste et réalisateur américain Fred Olen Ray. Un type qui
réalisa beaucoup plus de longs-métrages qu'il ne m'était autorisé
à penser jusqu'à la lecture de ce très enrichissant quatuor de
pages nous apprenant notamment que le bonhomme fut un adepte de la
'démerde' lorsqu'il
s'agissait d'utiliser des décors réservés sur plusieurs jours pour
non pas un seul long-métrage, mais deux. De quoi optimiser le
rendement et réduire la facture. Sacré Fred, auteur du cultissime
Hollywood Chainsaw Hookers dans
lequel jouait la band[CENSURE]te
Linnea Quigley du Retour des Morts-Vivants de
Dan O'Bannon.
Patrick
Callonnec s'entretient ensuite avec Véronique Djaouti Travers, la
plus proche assistante du cinéaste français Jean Rollin, si bien
cachée dans l'ombre qu'elle demeurait jusque là inconnue de votre
serviteur. Une approche particulièrement originale en forme
d'interview aux questions courtes mais aux réponses vertigineusement
longues prouvant la grande passion de cette fidèle photographe de
plateau, assistante réalisatrice et actrice à l'occasion. Une
rencontre et une passion dont nous fait profiter Véronique durant
les quelques vingt pages suivantes. D'autant plus que comme l'indique
le titre de cet article (Dans
l'ombre de Jean Rollin)
et contrairement à ce que certains (dont moi) pourraient croire au
premier abord, ce long partage est avant tout centré sur la
personnalité de Véronique qui apparaît alors d'une grande
sensibilité et très loin d'être attirée par la lumière (d’où
sa propension à se tenir dans l'ombre du cinéaste). On en apprend
davantage sur l'une et sur l'autre. De leur rencontre en 1990,
démarrant par la lecture de deux ouvrages de Jean Rollin (les
amateurs de feu la collection Frayeurs
connaissent forcément les romans vampiriques du bonhomme), leur
première collaboration 'téléfilmique'
à
laquelle l'on raccrochera l'épouvantable expérience avec un
producteur véreux, jusqu'à la participation de Véronique en tant
qu'actrice sur plusieurs tournages que la jeune femme vécu avec
beaucoup de difficultés. Au fil de l'interview, on s'attache à ce
personnage, pendant féminin d'un Jean Rollin tellement confiant
qu'il désira lui confier l'administration de sa société de
production, Les
Films ABC.
Passionnante de bout en bout, cette longue entrevue avec Patrick
Callonnec nous offre pour la première et peut-être unique fois
l'opportunité d'en savoir un peu plus sur la plus proche
collaboratrice de Jean Rollin...
Passionnant
de bout en bout, oui, mais aussi émouvant à en verser des containers de larmes, et
sans nul doute la pièce maîtresse de ce Vidéotopsie
numéro 16. Un climat de nostalgie que l'on aura pourtant peut-être
du mal à retrouver lors de la seconde interview, toujours effectuée
par Patrick Callonnec, se penchant cette fois-ci sur la monteuse
Janette Kronegger. L'intitulé de cet article demeure toujours le
même mais trompe quelque peu sur la marchandise puisque Jean Rollin
n'y est effectivement évoqué que très superficiellement.
Après un très intéressant journal de bord retraçant le contact
qu'eut Christian Valor avec la légendaire actrice suédoise
Christina Lindberg du non moins cultissime Thriller (Michael
Jackson n'ayant rien à voir dans cette affaire) durant un séjour de
quatre jours à Paris, David s'entretient quant à lui avec BB
Coyotte, un amateur de punk-rock qui très vite désertera le cercle
familial pour voler de ses propres ailes (vu le comportement de son
père, volage, et de ses grands-parents, pétainistes, on comprend
aisément). Direction l'Angleterre, et découverte, comme le bonhomme
l'exprime lui-même, du « punk, du reggae, du ska, du hard
rock, et des cheveux oranges et verts »...
C'est une véritable plongée au cœur des années quatre-vingt
auquel le lecteur a droit. BB Coyotte partage son expérience
britannique, ses rencontres humaines et ses découvertes musicales.
Puis retour en France. Les concerts, les associations, de nouveaux
contacts, et l'étonnant récit rattachant les tatouages dont une
partie de son corps est recouverte. David questionne BB Coyotte sur
d'autres domaines, permettant ainsi de découvrir un homme qui
derrière son look de... néo-métalleux se révèle attachant et
surtout très proche de l'image que certains d'entre nous se
faisaient à l'époque (les années quatre-vingt) du type sachant
faire la fête tout en conservant un certain sérieux lorsqu'il
s'agissait de mettre les mains dans le cambouis. Je sais pas si je
suis clair !!! L'interview est accompagnée de diverses planches
de dessins effectués par BB Coyotte lui-même.
Pour clore ce seizième numéro de Vidéotopsie, les
rubriques habituelles Et Pour Quelques Infos de Plus et un
Rayon Fanzines assez touffu. En troisième de couverture,
David Didelot n'oublie pas de rendre un dernier hommage à l'immense
Christopher Lee en lui offrant une pleine page. Comme d''hab', un
numéro indispensable pour tout amateur de cinéma bis et pour les
autres également. Et pourquoi pas, peut-être David et son équipe
auront-ils éveillé quelques consciences trop obtuses dénigrant
habituellement le genre qui nous intéresse ici ?
à suivre, Vidéotopsie numéro 17 (Réédition)
Mouarf ! Moi qui ouvrais cet article sur Greydon Clark, j'allais
oublier d'en parler. Comme si cette obsession vieille de plus de
vingt-cinq ans avait de plus, provoqué comme une amnésie partielle
à la lecture de cet ouvrage de référence en matière de cinéma
bis. Greydon Clark, alors, oui, bien entendu, le bonhomme derrière
Terreur Extraterrestre et son immonde suite The
Return (enfin, il parait que c'est la suite), et du plus infâme encore, Le
Clandestin (et pourtant, Dieu sait que j'aime les chats). Une
filmo que je ne croyais pas si touffue, si hétéroclite, et un
cinéaste apparemment acquis à la cause féministe et anti-raciste.
Un type très bien au final. A tel point qu'on lui pardonnera une
filmographie en dents de scie. Merci à Thomas Roland pour cette
biographie consacrée à un cinéaste que les amateurs de séries B
connaissent forcément...
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