Précédé d'une
sulfureuse réputation, All Night Long ( Ooru
naito rongu) est le premier long-métrage d'une saga de six
films et le premier du cinéaste japonais Katsuya Matsumura. Ce
dernier est également l'auteur de Joshikōsei
konkurīto-zume satsujin-jiken, l'un des quelques longs-métrages à
avoir abordé le difficile cas de Junko Furuta, une lycéenne de 16
ans, séquestrée, violée, humilié et tué en 1988 par quatre
adolescents.
Pour
son premier film, le cinéaste s'intéresse déjà à la jeunesse
désargentée de son pays. Il y a déjà dans ce portrait de trois
jeune garçons de milieux différents mais unis après avoir été
les témoins d'un meurtre horrible, les prémices des actes qui
seront perpétrés par les individus de son second long-métrage. La
naissance du mal. L'agneau se muant en loup.
Suzuki Kensuke, Saitô Shinji et Tanaka Tetsuya sont désormais unis.
Trois amis, trois frères, qui après le meurtre d'une inconnue se
sont juré une amitié sans faille. Trois être de milieux sociaux
différents. Trois étudiants dont l'un, le plus aisé, propose à
ses amis une petite fête le soir du mardi à venir. Ses deux
nouveaux amis acceptent. Chacun cherche alors de son côté celle qui
l'accompagnera à cette soirée. Le premier est trahi par un camarade
qui lui avait promis de l'aider à trouver une copine. Le second
tombe sur une misandre qui lors d'un rendez-vous, l'attache au
grillage d'une usine et l'abandonne sur place. Quant au troisième,
le moins 'chanceux', lui et sa petite amie sont attaqués par une
bande de voyous qui la violent devant lui, puis la tuent. Pour les
trois garçons, l'heure est venue de se venger. Mais alors que l'un
d'entre eux croyait que le fusil qu'il emportaient avec eux était
chargé à blanc, son propriétaire l'a en réalité chargé à balle
réelles...
Une
chose est certaine, All Night Long
ne laisse pas indifférent. Tout le problème étant de savoir si
l’œuvre de Katsuya Matsumura mérite sa réputation. La réponse
est... non. Le long-métrages est violent, désespéré, et l'issue y
est fatale. Mais bien que l'évocation de cette jeunesse mue par le
désir de venger le viol et la mort d'une jeune adolescente, et par
là même de faire payer aux autres leur propre injustice, reste un
sujet délicat, le traitement y est particulier. Prenant la forme du
Drama japonais, le film demeure assez compliqué à définir en terme
de qualité au vu d'une mise en scène et d'une interprétation qui
n'appartiennent qu'au cinéma asiatique. Il y a en effet dans le jeu
de ses principaux acteurs, une théâtralité parfois si exagérée
qu'elle décrédibilise et désamorce le sentiment d'effroi que l'on
aurait dû normalement ressentir. Si en Asie le film a sans doute eu
l'effet escompté, on rêve de ce qu'aurait pu en faire un cinéaste
avec des techniques toutes occidentales.
Pourtant,
All Night Long conserve
sa valeur de témoin d'une jeunesse à la dérive pas si éloignée
que cela des quelques sordides faits-divers qui ont notamment
endeuillé les États-Unis et que certains cinéastes ont
merveilleusement mis en images (Elephant de
Gus Van Sant). Le long-métrage de Katsuya Matsumura témoigne
également des conséquences psychologiques que peuvent avoir
certains actes. Ici, la vengeance est telle que l'on se demande dans
quelle mesure nos trois héros ne sont pas devenus pires que leurs
agresseurs. Au final, All Night Long n'est
pas le traumatisme auquel nous aurions pu nous attendre. Par rapport
au Concrete du
cinéaste Hiromu Nakamura, il se révèle beaucoup moins marquant. A
voir tout de même...
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