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jeudi 31 mai 2018

Death Wish d'Eli Roth (2018) - ★★★★★★☆☆☆☆



Il y a des films qui ont la malchance de sortir au mauvais moment. The Thing de John Carpenter n'a sans doute pas rencontré le succès qu'il méritait à sa sortie pour la simple et bonne raison qu'il fut écrasé par le poids de celle du E.T. L'Extra-Terrestre de Steven Spielberg. Et pourtant, si l'on compare les deux longs-métrage, l'amateur de science-fiction n'a pas l'obligation de préférer l’œuvre familiale de l'auteur de Duel (et d'une myriade de succès populaires) plutôt que celle, anxiogène et paranoïaque du papa de Christine, Fog, Le Prince des Ténèbres et consorts. Si Death Wish, qui est sorti aux États-Unis le 2 mars dernier, a joué de malchance, c'est parce qu'il fut précédé d'un drame qui a touché le pays tout entier : La fusillade de Parkland le 14 février 2018. Soit un peu plus de deux semaines auparavant. Alors, lorsque sort sur les écrans le remake de l'un des plus célèbres 'Vigilante films', forcément, les dents grincent et les critiques s'acharnent.
Mais si le film d'Eli Roth s'en est pris plein la gueule, encore faut-il voir si la fusillade qui causa la mort de dix-sept personnes dans le lycée Marjory Stoneman Douglas de Parkkand en est la seule responsable. Que vaut le film par rapport à l'original réalisé par Michael Winner en 1974, et que vaut-il en tant qu’œuvre indépendante ?

Pour commencer, il y a tout de même un point positif à mettre au crédit du film : plutôt que de faire du héros Paul Kersey un éternel architecte, Eli Roth transforme le personnage en chirurgien et expose ainsi l'homme à deux traits de caractère diamétralement opposés. D'un côté, nous avons celui qui sauve des vies. De l'autre, on a celui qui rode le soir et exécute froidement la lie de la société. Mais là où le bat blesse, c'est dans le choix du cinéaste d'omettre les difficultés que devrait ressentir son personnage, alors poussé par l'esprit de vengeance, à commettre des meurtres. Toute la difficulté, toute la douleur qu'il devrait normalement ressentir la première fois qu'il tue (n'oublions pas que son métier est de sauver des vies) sont absentes. Et même, pire que cela, Paul Kersey semble tirer une certaine satisfaction lorsqu'il visionne les vidéos publiées sur les réseaux sociaux par des inconnus (on le découvre effectivement souriant). Devenu héros national, les chaînes de télévision et les stations de radio relèguent chacun des méfaits de celui que l'on nomme désormais 'Le Bourreau'.
Eli Roth, que l'on a connu plus... 'sanguin' (Cabin Fever, Hostel), se révèle ici plutôt timide en matière de violence. Alors que Michael Winner dirigeait Charles Bronson dans une œuvre étonnamment nihiliste, Roth se montre parfois avare. Car à part quelques effets gore, il évite au spectateur d'assister au meurtre de Lucy, l'épouse de Kersey, Quant à sa fille Jordan, on la retrouve directement plongée dans le coma et non plus dans un état de catatonie, aux prises avec des mauvais démons prenant le visage de ses agresseurs.

Bruce Willis que l'on a connu en bien meilleure forme interprète un justicier beaucoup moins incarné que ne l'était Charles Bronson, son personnage se laissant presque griser par la renommée dont il bénéficie auprès d'une partie de la population. Quand au personnage campé par le toujours épatant Vincent d'Onofrio, on regrette qu'il n'ait tout simplement pas été davantage exploité à l'image. Apparemment pas là pour çà, le réalisateur de The Green Inferno en 2013 ne prend aucun parti, pas même celui de dénoncer la vente légale et libre des armes dans son pays. En même temps, Death Wish n'a pas la prétention de refaire le monde. Du moins espérons-le. En fait, le principal intérêt du dernier long-métrage d'Eli Roth demeure dans sa réactualisation d'un mythe que les plus jeunes ne connaissent peut-être pas et sur lequel ils auront, pourquoi pas, la curiosité de se pencher. Un film d'action sympa, sans plus. Quant à moi, je retourne redécouvrir le classique de Michael Winner...

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