Le voici donc, ce Fameux
Ogroff,
renommé à différentes occasions sous le titre Mad
Mutilator.
Un slasher à la française datant de 1983 connu des amateurs de
films d'horreur non pas pour ses qualités, mais au contraire, pour
ses nombreux défauts. Un naufrage comparable à celui du Titanic
survenu le 14 avril 1912 à 23h40. Premier long-métrage du cinéaste,
éditeur et écrivain français Norbert Moutier (que les amateurs
d'ouvrages littéraires d'horreur connaissent pour avoir écrit deux
des 120 volumes de la célèbre collection GORE de chez Fleuve Noir,
Neige d'Enfer
en 1988 et L'Équarrisseur de Soho
deux ans plus tard), Mad Mutilator
est
de ces objets filmiques non identifiés si intenses que l'on ne peut
objectivement par leur accorder une note en dessous, ni au dessus de
la moyenne. Le film de Norbert Moutier (usant à cette occasion du
pseudonyme N. G. Mount) accumule tellement de tares que l'on peut se
demander dans quelles mesures le cinéaste n'a pas volontairement
cherché à repousser les limites d'un sous-genre auquel certains
vouent un culte sans bornes.
Si
l'on ne peut reprocher au cinéaste le travail effectué sur la bande
musicale (à laquelle le traitement visuel dépressif accorde un
climat parfois morbide), pourtant de piètre qualité, le fait même
que Norbert Moutier ait choisi (ou ait été contraint en raison de
restrictions budgétaires) de réaliser dans un
format Super 8
l'astreignant à certaines limites, son film s'est alors retrouvé assujetti à
une accumulation de servitudes auxquelles il ne semble pas avoir
cherché de solutions artistiquement louables. Qu'on le veuille ou
non, que l'on tienne à cet objet comme à la prunelle de ses yeux,
que Mad Mutilator
soit considéré par certains comme leur film de chevet, il serait
fort déraisonnable et surtout terriblement hypocrite de le
considérer comme réussi.
Pour
se faire une idée relativement concrète du désastre artistique que
représente ce long-métrage d'à peine une heure trente (mais que
certains auraient sans doute aimé voir durer bien moins longtemps),
il suffit de lister tous les aspects techniques du film dans un
tableau et de leur adjoindre une double colonne 'pour'
et
'contre'
et de cocher dans l'une de ces deux cases, afin de lister ce qui est réussi et ce
qui est raté pour constater à quel point Norbert Moutier a produit
l'une des plus infamantes bobines horrifiques de l'histoire du
cinéma. Visuellement, le spectacle est une bouillie infâme tournée
dans un lieu unique constitué d'une route de campagne traversée par
des voitures dont on se demande ce que leurs passagers sont venus faire
dans le coin, d'une.. forêt, et d'une demeure que le cinéaste tente
de rendre aussi cauchemardesque que celle de la Famille Tronçonneuse
du Texas Chainsaw Massacre de
Tobe Hooper. Ensuite, l'interprétation. Aux antipodes des vedettes
que l'on a l'habitude d'aller voir sur grand écran, les actrices et
acteurs (bien évidemment, tous amateurs) de Mad
Mutilator
sont mauvais... mais mauvais... Rigides, prostrés, inexpressifs, et dans l'attente
que leur dernier souffle vienne les libérer d'un tournage épicé de
quelques scènes gore outrageusement foireuses, le spectateur n'y
croit pas un seul instant. Quant à son tueur muni d'une hache (qui,
comble de l'humour involontaire, réapparaît parfois successivement
accoutré de vêtements différents), Leatherface peut dormir sur ses
deux oreilles : Ogroff n'a pas la moindre chance de lui piquer
la vedette. Quoique... quoique !
Concernant
le montage, là encore, le spectateur éprouve régulièrement
l'envie de pisser de rire. Taillé à la serpe, Mad
Mutilator
est d'une incohérence totale, à tel point que l'on se demande très
souvent si certains plans n'ont pas purement et simplement disparu.
Mais là où le bat blesse encore davantage (tout en demeurant
certainement le point le plus risible du projet), c'est au niveau de
la post-synchronisation. Le film ayant été tourné à l'aide d'une
caméra Super 8 muette, il a fallut au cinéaste reproduire chacun
des sons, chacun des rares dialogues émis par ses interprètes en
studio. Et le résultat à l'écran dépasse les espérances de
l'amateur de nanars. C'est mauvais, mais en même temps, tellement
drôle que l'on passe finalement un excellent moment. Car Mad
Mutilator a
beau être raté à tous points de vue, il demeure pourtant ce petit
quelque chose qui en fait une œuvre culte que les amateurs de série
Z se doivent de vénérer ou du moins, de posséder dans leur
collection de nanars. Le film de Norbert Moutier tournant assez
rapidement en rond, le cinéaste à l'ingénieuse (!?!) idée
d'intégrer ensuite des zombies !!! on se demande encore par
quel miracle ceux-ci sont sortis des enfers pour repeupler ce petit
coin de France... Cinq étoiles oui. Pas une de moins, pas une de
plus. Probablement l'un des plus mauvais films produits en cette
année 1983, et sans doute depuis les débuts du cinématographe et
jusqu'à ce jour, mais quand même, un vrai plaisir d'amateur de
nanars assumant son goût pour le déviant... à noter que le
fondateur du célèbre magazine Mad
Movies Jean-pierre
Putters fait partie du casting en apparaissant dans le rôle d'un zombie...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire