Lorsque l'on assiste à
la projection de Ghost Chase
(ou Hollywood Monster),
on a tout d'abord du mal à imaginer que derrière s'y cache le
réalisateur allemand Roland Emmerich. Celui qui des années plus
tard mettra en scène des blockbusters ultra friqués tels que
Independence Day
en 1996, 2012
en 2009, Independence Day: Resurgence en
2016 ou bien Moonfall
en 2022. Mais au fond, en y réfléchissant bien et en analysant les
qualités et les défauts de ces films budgétés à coups de
centaines de millions de dollars, ce qui les sépare de ces petits
budgets dont l'allemand bénéficia au début de sa carrière n'opère
pas vraiment de grand écart quant à certaines de leurs finitions.
Car si en terme de spectacle et d'effets-spéciaux les films cités
ci-dessus en mettent plein la vue, il faut reconnaître que rares
sont ceux parmi la vingtaine de longs-métrages que Roland Emmerich
réalisa en un peu plus de quarante ans de carrière qui valent
véritablement le coup d’œil. Certains auront retenu son Godzilla
de
1998, pourtant relativement médiocre quand d'autres auront surtout
apprécié Le jour d'après qui
de mon avis personnel reste encore ce que le bonhomme a réalisé de
meilleur. Quant à Ghost Chase,
parmi cette foultitude de navets qu'a réalisé Roland Emmerich
depuis ses débuts et jusqu'à son reboot de Stargate
et son Maya Lord qui
tout deux restent à venir, celui-ci demeure dans la moyenne
qualitative de ses longs-métrage les plus cruellement vides. Mais là
où certaines approches scénaristiques demeurent inexcusables, on
lui pardonnera d'avoir tourné à l'époque de ses vingt-deux ans une
œuvre assez mal fichue et ne bénéficiant visiblement pas d'un
budget suffisamment confortable pour pouvoir tourner autre chose que
ce petit film insignifiant tournant autour d'un héritage, d'un trio
de jeunes gens, d'un escroc et du fantôme de son ancêtre qui
détourna la fortune du grand-père de l'un des trois principaux
personnages...
Nous
sommes donc en 1987 à l'époque de la vhs et l'on sent l'influence
de ce cinéma américain mettant en scène des couples, des trios ou
des quatuors d'adolescents dans des situations
humoristico-fantastiques. C'est d'ailleurs sur le territoire
américain que l'allemand ira prélever des interprètes d'origine
outre-atlantique dont Jason Lively, Tim McDaniel et Jill Whitlow qui
forment tous les trois les principaux interprètes de cette comédie
fantastique dans laquelle sera convié l'esprit d'un fantôme
réincarné dans une poupée de la fabrication de l'un des trois
héros. Warren McCloud qui avec son pote Fred espère tourner un film
d'horreur dans une vieille demeure avant de se rendre compte que
celle-ci est hantée. À grands coups d'effets visuels plus ou moins
convaincants pour l'époque, un ectoplasme prend donc possession
d'une poupée plutôt étrange, voire inquiétante mais qui au fil du
récit va se révéler au contraire plutôt attachante. Et ce malgré
ses yeux globuleux et le caractère antipathique de celui qui dans le
monde des vivants escroqua le grand-père de Warren ! Intervient
ensuite lors du récit l'acteur américain Paul Gleason que l'on
découvrira dans nombre de longs-métrages dans des rôles souvent
antipathiques. C'est ainsi qu'il interprétera notamment le
personnage de Clarence Beeks dans Un fauteuil
pour deux
de John Landis en 1983, le principal Richard Vernon dans le
chef-d’œuvre de John Hugues Breakfast Club
deux ans plus tard ou le chef de la police Dwayne T. Robinson dans
Piège de cristal
de John Mc Tiernan en 1988...
Sans
être une épreuve difficilement soutenable (ce que seront 2012
ou les deux volets de la franchise Independence
Day),
Ghost Chase
n'en est pas moins une comédie fantastique relativement piteuse,
voire indigente. Toute la différence s'y exprime entre le génie
d'un Peter Jackson ayant débuté sa carrière sans le sou avec son
cultissime Bad Taste
et la carrière qu'on lui connaît désormais et celle de Roland
Emmerich, lequel n'a jamais vraiment cessé de traiter sa matière
première avec l'inconscience du gosse de riche qui peut tout se
permettre. Si l'on pardonnera au film son aspect bricolé dû à un
budget sans doute au ras des pâquerettes, on espère que le monteur
du film s'est pris un beau coup de pied au cul après avoir bossé
sur ce long-métrage vue l'anarchie qui règne entre chaque plan.
Déjà que le film souffre d'un scénario basique (conçu par Roland
Emmerich lui-même ainsi que par Thomas Kubisch) étant donné
qu'Ivan Reitman et ses chasseurs de fantômes étaient déjà passé
par-là trois ans plus tôt avec Ghostbusters
et d'effets-spéciaux plutôt sommaire, l'humour, véritable ciment
du long-métrage, ne décolle pas vraiment. Nos jeunes interprètes
font les pitres mais la quasi-totalité des vannes tombent à l'eau.
Ghost Chase
est donc tout d'abord une curiosité pour qui veut découvrir les
premiers travaux de celui qui deviendra le futur producteur de
blockbusters...
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