Dans la grande famille
des comédies qui font tâche dans le paysage cinématographique
hexagonal mais qui font le bonheur des amateurs de ''Soirées
Nanars'', le réalisateur
français Max Pécas se pose définitivement en candidat sérieux au
concours du plus mauvais cinéaste français. Aux côtés de Philippe
Clair, de Michel Gérard et de quelques pitres du septième art, il a
partagé sa passion pour le cinéma entre thrillers, érotisme et
comédie. De cette dernière dont il a abreuvé les écrans de cinéma
durant une fin de carrière s'étalant de ses débuts en 1960
jusqu'en 1987, on se souvient surtout de sa trilogie tropézienne
constituée des Branchés à Saint-Tropez en
1983, de Deux enfoirés à Saint-Tropez
en 1986 et de On se calme et on boit frais à
Saint-Tropez l'année
suivante. Entre le premier et le second volets, Max Pécas semble
avoir réussi à décrocher le sésame d'une carrière parfois humide
(Club privé pour couples avertis,
Rêves pornos),
souvent en dents de scie et exclusivement nivelée vers le bas, avec
Brigade des mœurs.
Film nettement plus sérieux que ses navrantes comédies spécialement
réservées aux beaufs de toutes natures ! À la fin des années
soixante-dix, la plus célèbre des actrices pornos française
Brigitte Lahaie paraît vouloir donner un second souffre à sa
carrière d'actrice en apparaissant moins régulièrement dans le
genre qui l'a rendue populaires auprès des amateurs d'érotisme le
plus débridé. C''est ainsi qu'on la retrouve dans plusieurs
longs-métrages signés du réalisateur Jean Rollin dès 1978. Un
auteur fasciné (voire obsédé) par le thème des vampires dont il
arrosera nombre de ses films. Rarement Brigitte Lahaie aura-t-elle eu
l'occasion de briller dans une œuvre dite classique si ce n'est que
beaucoup plus tard dans le génial Calvaire
du belge Fabrice Du Welz dans lequel, malheureusement, elle
n'apparaîtra que très peu. Mais déjà nettement plus que dans
Brigade des mœurs
dans lequel elle traîne sa silhouette le temps de deux ou trois
scènes ne dépassant pas un total de deux ou trois minutes. Sous le
pseudonyme de Brigitte Simonin, l'ancienne star du X interprète le
rôle malheureux de la policière Letellier qui très rapidement,
connaîtra un funeste sort. Il faut dire qu'aussi perclus de défauts
qu'il puisse être, Brigade des mœurs
marque un point sur le terrain des homicides. Bien qu'il s'agisse
d'un long-métrage policier, le film de Max Pécas n'est en effet pas
avare en matière de morts et le compteur monte assez rapidement pour
ne plus s'arrêter jusqu'au final grand-guignolesque !
Battant
ainsi nombre de films d'horreur dont le propre du langage est de
faire parler les armes blanches plus souvent qu'à leur tour. Ici, le
spectateur en aura pour son argent. Dans un univers crapoteux
décrivant des règlements de comptes entre proxénètes et
trafiquants de drogue, où la prostitution va bon train et où l'on
organise des soirées partouzes pour couples et célibataires
libidineux, la police a fort à faire. Mais dans son malheur, elle va
bientôt pouvoir compter sur l'un de ses membres érigé en
justicier. C'est d'ailleurs ainsi que sera surnommé par le
commissaire Robert Capes (l'acteur Christian Barbier) l'un des
membres de la brigade des mœurs qui pour venger la mort de sa sœur
se résoudra à éliminer ses assassins. Sans une once de finesse,
mis en scène et interprété sans réel talent, Brigade
des mœurs est
d'une crudité parfois ahurissante. Entre des scènes érotiques
renvoyant au passé de Max Pécas et des meurtres à la pelle dont
certains sont mémorables (une femme tombe d'un échafaudage pour
s'écraser quelques mètres plus bas. Un homme meurt un couteau
planté dans l'un de ses orbites. Un autre se retrouve le bras
tranché), Max Pécas fait preuve d'un sadisme totalement décomplexé.
Sûr que de nos jours, un tel film ferait la une des médias et
soulèverait l'indignation des ligues féministes style Chiennes
de garde
et consorts ! Dans sa grande majorité, le long-métrage est
assez pénible au vu du jeu à peine acceptable de la quasi-totalité
des interprètes. On s'amusera cependant d'y découvrir l'acteur
Ticky Holgado dans un court rôle de flic des mœurs et une Brigitte
Lahaie qui cette fois-ci n'ôte ni le haut, ni le bas. Aucune
déception à avoir de ce côté là puisque d'autres interprètes
féminines s'en chargent à sa place. Des scènes dénudées en
veux-tu, en voilà. Du sexe glauque, des meurtres violents, du
sadisme, une touche de saphisme et l'évocation de la
pédo-pornographie chez un photographe de nus en top rose !!!
Bref, on n'est pas là pour rire. Mauvais mais jouissivement
régressif, Brigade des mœurs demeure
pourtant sans doute parmi ce qu'à réalisé de mieux Max Pécas
durant sa longue carrière de cinéaste... transgenres...
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