1932 et 1943 furent deux
dates importantes dans la construction du mythe du zombie au cinéma.
D'abord Victor Halperin avec White
Zombie,
ensuite Jacques Tourneur avec Vaudou.
Mais le zombie tel que le monde occidental l'imagine exister dans la
culture haïtienne. Soit un individu lambda qui, victime d'un
sortilège issu d'une décoction dont la composition demeure un
mystère, perd tout forme de volonté et se voit donc traité en
esclave par celui qui l'a « envoûté ».
Autre date importante : 1968. C'est cette année là que sort
Night
of the Living Dead
de George Romero. Considéré à juste titre comme l'un des plus
grands films consacrant son sujet aux morts-vivants, il est surtout
celui qui en a fait des anthropophages dont l'unique but est de
dévorer ses congénères demeurés vivants. Le zombie tel que décrit
dans le film de Romero n'est plus un individu ensorcelé par tel ou
tel sortilège vaudou ou empoisonné à l'aide d'une potion concoctée
par un marabout, mais bien un mort revenu à la vie. Deux ans
auparavant, le cinéaste britannique John Gilling, grand spécialiste,
entre autre, du fantastique puisqu'en fin de carrière il tournera
plusieurs long-métrages ayant pour thème des sujets mettant en
scène femme-reptile et momie, réalisait en 1966 le film The
Plague of the Zombies
en prenant pour cadre un petit village des Cornouailles.
C'est
là-bas que viennent s'installer le professeur James Forbes et sa
fille Sylvia sur demande expresse du docteur Thompson, installé
depuis un an. Et depuis douze mois qu'il soigne les habitants du
petit village rural où il a choisit de poser ses bagages, les
victimes s’amoncellent. Autant de victimes qu'il y a de mois dans
une année. Très vite, Sylvia et son père découvrent la présence
de l'étrange Lord Clive Hamilton (inquiétant John Carson),
richissime propriétaire d'un château où vivent plusieurs de ses
amis adeptes de chasse à cours. Après avoir pris ses marques et
avoir retrouvé une ancienne amie à elle prénommée Alice, l'épouse
du docteur Thompson, c'est en battant la campagne que Sylvia tombe un
jour nez à nez avec un être étrange, blafard, et avec les yeux
révulsés : Un zombie qui s'en prend à son amie et la jette à
ses pieds. Alice est morte. En enquêtant sur le décès de la jeune
femme avec l'aide de l'époux de la victime et le soutient de deux
brigadiers, le professeur Forbes va mettre à jour les pratiques
étranges du châtelain...
En
mettant en scène The
Plague of the Zombies,
John Gilling s'appropriait le mythe du zombie tel que l'imaginait
sans doute alors n'importe quel occidental. A la seul différence de
ses célèbres prédécesseurs, il choisit de mêler les rites
vaudous à ce nouveau type de créature du bestiaire fantastique qui
consiste en un individu qui après son décès, s'extrait de sa
tombe. Sauf qu'ici, il n'est pas encore question pour le zombie de se
repaître de chair humaine mais de servir d'esclave au lord Clive
Hamilton. D'une certaine manière, The
Plague of the Zombies
sert de lien efficace entre l'ancien zombie, et celui que l'on
nommera désormais communément mort-vivant (avant que la mode change
la donne des dizaines d'années plus tard et fasse apparaître sur
grand écran une nouvelle génération de créatures nommées
infectés). The
Plague of the Zombies est
donc le témoignage d'une prise de relais entre deux visions d'un même
thème et surtout, la seule occasion pour les studios Hammer,
de se pencher sur le cas des morts-vivants. Le long-métrage de John
Gilling est également l'occasion pour le cinéaste de revenir sur
les origines profondes du zombie, à l'époque où les esclaves
d'origine africaine étaient déportés. Le cinéaste profite de
l'occasion qui lui est donné à travers le scénario de Peter Bryan
pour critiquer la bourgeoisie dont les représentants, dans le cas
présent, se conduisent de manière despotique. Un Lord Hamilton
esclavagiste, et un entourage constitué d'individus imbus de leur personne et davantage
préoccupés par le renard qu'ils ont laissé échapper que par le
cercueil contenant un homme récemment décédé qu'ils viennent de renverser.
Le
cadre est splendide, l'interprétation fort honorable et la
réalisation telle que l'on pouvait s'attendre d'une production
Hammer.
Les zombie y sont, pour l'époque, fort impressionnant, le visage
fardé et surtout, des yeux révulsés qui participent à la terreur
de ceux qui ont le malheur de croiser leur chemin. Un petit classique
de l'horreur et du fantastique et surtout, une date importante dans
l'histoire du film de zombies...
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