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mardi 6 novembre 2018

The Plague of the Zombies de John Gilling (1966) - ★★★★★★★☆☆☆



1932 et 1943 furent deux dates importantes dans la construction du mythe du zombie au cinéma. D'abord Victor Halperin avec White Zombie, ensuite Jacques Tourneur avec Vaudou. Mais le zombie tel que le monde occidental l'imagine exister dans la culture haïtienne. Soit un individu lambda qui, victime d'un sortilège issu d'une décoction dont la composition demeure un mystère, perd tout forme de volonté et se voit donc traité en esclave par celui qui l'a « envoûté ». Autre date importante : 1968. C'est cette année là que sort Night of the Living Dead de George Romero. Considéré à juste titre comme l'un des plus grands films consacrant son sujet aux morts-vivants, il est surtout celui qui en a fait des anthropophages dont l'unique but est de dévorer ses congénères demeurés vivants. Le zombie tel que décrit dans le film de Romero n'est plus un individu ensorcelé par tel ou tel sortilège vaudou ou empoisonné à l'aide d'une potion concoctée par un marabout, mais bien un mort revenu à la vie. Deux ans auparavant, le cinéaste britannique John Gilling, grand spécialiste, entre autre, du fantastique puisqu'en fin de carrière il tournera plusieurs long-métrages ayant pour thème des sujets mettant en scène femme-reptile et momie, réalisait en 1966 le film The Plague of the Zombies en prenant pour cadre un petit village des Cornouailles.

C'est là-bas que viennent s'installer le professeur James Forbes et sa fille Sylvia sur demande expresse du docteur Thompson, installé depuis un an. Et depuis douze mois qu'il soigne les habitants du petit village rural où il a choisit de poser ses bagages, les victimes s’amoncellent. Autant de victimes qu'il y a de mois dans une année. Très vite, Sylvia et son père découvrent la présence de l'étrange Lord Clive Hamilton (inquiétant John Carson), richissime propriétaire d'un château où vivent plusieurs de ses amis adeptes de chasse à cours. Après avoir pris ses marques et avoir retrouvé une ancienne amie à elle prénommée Alice, l'épouse du docteur Thompson, c'est en battant la campagne que Sylvia tombe un jour nez à nez avec un être étrange, blafard, et avec les yeux révulsés : Un zombie qui s'en prend à son amie et la jette à ses pieds. Alice est morte. En enquêtant sur le décès de la jeune femme avec l'aide de l'époux de la victime et le soutient de deux brigadiers, le professeur Forbes va mettre à jour les pratiques étranges du châtelain...

En mettant en scène The Plague of the Zombies, John Gilling s'appropriait le mythe du zombie tel que l'imaginait sans doute alors n'importe quel occidental. A la seul différence de ses célèbres prédécesseurs, il choisit de mêler les rites vaudous à ce nouveau type de créature du bestiaire fantastique qui consiste en un individu qui après son décès, s'extrait de sa tombe. Sauf qu'ici, il n'est pas encore question pour le zombie de se repaître de chair humaine mais de servir d'esclave au lord Clive Hamilton. D'une certaine manière, The Plague of the Zombies sert de lien efficace entre l'ancien zombie, et celui que l'on nommera désormais communément mort-vivant (avant que la mode change la donne des dizaines d'années plus tard et fasse apparaître sur grand écran une nouvelle génération de créatures nommées infectés). The Plague of the Zombies est donc le témoignage d'une prise de relais entre deux visions d'un même thème et surtout, la seule occasion pour les studios Hammer, de se pencher sur le cas des morts-vivants. Le long-métrage de John Gilling est également l'occasion pour le cinéaste de revenir sur les origines profondes du zombie, à l'époque où les esclaves d'origine africaine étaient déportés. Le cinéaste profite de l'occasion qui lui est donné à travers le scénario de Peter Bryan pour critiquer la bourgeoisie dont les représentants, dans le cas présent, se conduisent de manière despotique. Un Lord Hamilton esclavagiste, et un entourage constitué d'individus imbus de leur personne et davantage préoccupés par le renard qu'ils ont laissé échapper que par le cercueil contenant un homme récemment décédé qu'ils viennent de renverser.

Le cadre est splendide, l'interprétation fort honorable et la réalisation telle que l'on pouvait s'attendre d'une production Hammer. Les zombie y sont, pour l'époque, fort impressionnant, le visage fardé et surtout, des yeux révulsés qui participent à la terreur de ceux qui ont le malheur de croiser leur chemin. Un petit classique de l'horreur et du fantastique et surtout, une date importante dans l'histoire du film de zombies...

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