
Si
The Ballad of Genesis and Lady Jaye
repose en fait assez peu sur le passé du leader de Throbbing
Gristle et
de Psychic Tv pour
se concentrer sur les dernières années, la réalisatrice française
Marie Losier a quand même bénéficié de l'utilisation d'images
d'archives absolument édifiantes et de témoignages stupéfiants
permettant de cerner la personnalité de Genesis P. Orridge. De ses
difficiles années d'étude où il fut le souffre-douleur de ses
camarades, en passant par sa rencontre avec l'écrivain William
Burroughs et surtout celui qui deviendra son mentor sept ans plus
tard, l'écrivain, poète, peintre et performeur canado-britannique
Brion Gysin. Deux rencontres qui feront du ''Cut-Up''
(technique consistant, dans le cas de Genesis P. Orridge, à découper
la musique pour ensuite la réarranger et en produire ainsi une
nouvelle), la base même de la musique de Throbbing Gristle et des
autres formations dont il sera le leader.
Mais
surtout, The Ballad of Genesis and
Lady Jaye témoigne
de l'amour et de la passion que ce dernier partage avec sa seconde
épouse Lady Jaye... Genesis évoque son désir de la dévorer pour
ne faire plus qu'un avec elle. Une métaphore qui prendra la forme
d'une multitude d'interventions chirurgicale pour Genesis et Lady
Jaye dont le but final est pour ces deux là, de devenir physiquement
indissociables et se transformer en un être unique. Un projet qui
peut paraître absolument insensé et irréfléchi mais qui résulte
d'une succession de concepts philosophiques qui à travers les
paroles éminemment censées de Genesis n'en devient que plus
logique. Mais l'amour fou que se partage ces deux là est peut-être
encore plus formidablement émouvant lorsque l'on sait combien
Genesis a cherché toute son existence à ne surtout ressembler à
personne comme l'évoque notamment cette petite représentation
théâtrale de rue où grimé en ersatz d'Adolf Hitler, il revendique
avec force conviction, son droit à la différence et son rejet de
l'uniformisation.
Aborder
le documentaire de Marie
Losier peut s'avérer au départ une initiative difficile à
appréhender. Surtout si l'on n'est pas coutumier de ce genre de
personnalité incontournable de l'univers underground. De fait, il
est à craindre de ressentir une certaine gêne, voir d'éprouver un
rejet total. Et pourtant, face à ce monument que fut à (elle)
seul(e) Genesis P. Orridge, il n'est rien de plus enrichissant que de
découvrir quelle existence fut la sienne. Riche de mille chroniques.
Libre dans sa tête et dans son corps. Amoureux fou comme il le dit
lui-même de celle qui n'aura malheureusement pas eu le temps de
devenir son double parfait, constituant le point final du concept de
''pandrogynie''
dont Genesis et Lady Jaye seraient logiquement devenus les
portes-paroles. The Ballad of Genesis and Lady Jaye est
drôle et bouleversant à la fois. Et surtout pas le cirque des
monstruosités voyeuriste qu'il pourrait paraître. À voir,
absolument...
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