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lundi 6 avril 2020

The Ballad of Genesis and Lady Jaye de Marie Losier (2011) - ★★★★★★★★★☆



Le fondateur du groupe de musique industrielle Genesis P. Orridge est de ces individus qui ont choisi de vivre au delà des frontières du bon goût imposées par la ''norme'' et la bien-pensance. Affranchi du regard des autres et des contraintes comme purent l'être Divine, Lydia Lunch (au cœur, cette année de The War is Never Over, un documentaire qui lui est entièrement consacré) ou GG Allin... Et pourtant, ces trois exemples semblent n'être rien en comparaison du traitement corporel que s'est ''infligé'' celui qui tout jeune s'appelait encore Neil Andrew Megson. Putain de leucémie. Putain de crabe qui a emporté l'un de ces extraterrestres qu'a enfanté le quatrième art. Tout l'esprit rock réunit en un seul personnage qui en se choisissant le légendaire pseudonyme de Genesis P-Orridge à l'âge de quinze ans, débute une carrière hors-norme. Entre performances avec la troupe transgressive COUM Transmissions dans les années soixante et une décennie plus tard, avec le groupe culte de musique industrielle Throbbing Gristle, suivi dans les années quatre-vingt par la formation Psychic TV.

Si The Ballad of Genesis and Lady Jaye repose en fait assez peu sur le passé du leader de Throbbing Gristle et de Psychic Tv pour se concentrer sur les dernières années, la réalisatrice française Marie Losier a quand même bénéficié de l'utilisation d'images d'archives absolument édifiantes et de témoignages stupéfiants permettant de cerner la personnalité de Genesis P. Orridge. De ses difficiles années d'étude où il fut le souffre-douleur de ses camarades, en passant par sa rencontre avec l'écrivain William Burroughs et surtout celui qui deviendra son mentor sept ans plus tard, l'écrivain, poète, peintre et performeur canado-britannique Brion Gysin. Deux rencontres qui feront du ''Cut-Up'' (technique consistant, dans le cas de Genesis P. Orridge, à découper la musique pour ensuite la réarranger et en produire ainsi une nouvelle), la base même de la musique de Throbbing Gristle et des autres formations dont il sera le leader.

Mais surtout, The Ballad of Genesis and Lady Jaye témoigne de l'amour et de la passion que ce dernier partage avec sa seconde épouse Lady Jaye... Genesis évoque son désir de la dévorer pour ne faire plus qu'un avec elle. Une métaphore qui prendra la forme d'une multitude d'interventions chirurgicale pour Genesis et Lady Jaye dont le but final est pour ces deux là, de devenir physiquement indissociables et se transformer en un être unique. Un projet qui peut paraître absolument insensé et irréfléchi mais qui résulte d'une succession de concepts philosophiques qui à travers les paroles éminemment censées de Genesis n'en devient que plus logique. Mais l'amour fou que se partage ces deux là est peut-être encore plus formidablement émouvant lorsque l'on sait combien Genesis a cherché toute son existence à ne surtout ressembler à personne comme l'évoque notamment cette petite représentation théâtrale de rue où grimé en ersatz d'Adolf Hitler, il revendique avec force conviction, son droit à la différence et son rejet de l'uniformisation.

Aborder le documentaire de Marie Losier peut s'avérer au départ une initiative difficile à appréhender. Surtout si l'on n'est pas coutumier de ce genre de personnalité incontournable de l'univers underground. De fait, il est à craindre de ressentir une certaine gêne, voir d'éprouver un rejet total. Et pourtant, face à ce monument que fut à (elle) seul(e) Genesis P. Orridge, il n'est rien de plus enrichissant que de découvrir quelle existence fut la sienne. Riche de mille chroniques. Libre dans sa tête et dans son corps. Amoureux fou comme il le dit lui-même de celle qui n'aura malheureusement pas eu le temps de devenir son double parfait, constituant le point final du concept de ''pandrogynie'' dont Genesis et Lady Jaye seraient logiquement devenus les portes-paroles. The Ballad of Genesis and Lady Jaye est drôle et bouleversant à la fois. Et surtout pas le cirque des monstruosités voyeuriste qu'il pourrait paraître. À voir, absolument...

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