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vendredi 9 novembre 2018

Mil Gritos Tiene la Noche de Juan Piquer Simon (1982) - ★★★★☆☆☆☆☆☆



Derrière le titre espagnol Mil Gritos Tiene la Noche se cache un long-métrage que tous les amateurs de bisseries se doivent de connaître, au moins à travers sa réputation de nanar. Réalisé par le cinéaste espagnol Juan Piquer Simon, et plus connu dans nos contrées sous les divers titres Pieces et Le Sadique à la Tronçonneuse, la promesse faite par ces deux derniers respecte assez bien le contenu d'une œuvre qu'il sera bien difficile de considérer comme un classique honorable du genre « slasher » puisqu'il accumule bien trop de défauts pour que l'on ose le gratifier d'un tel louange. Par contre, culte, il le demeure dans le cœur et l'esprit d'une certaine catégorie de spectateurs capables de passer outre une mise en scène radicalement opposée aux vrais classiques du genre (Halloween de John Carpenter pour ne citer que le plus évident), une interprétation souvent calamiteuse, et un nombre invraisemblable d'incohérences qui donne le vertige. S'il fallait comparer Mil Gritos Tiene la Noche à un seul et unique long-métrage, ce serait sans aucun doute au Cauchemars à Daytona Beah du (parait-il) narcissique Romano Scavolini. En effet, il demeure dans le portrait de ce tueur dont nous ne connaîtrons l'identité qu'à la toute fin du film, ce même traumatisme qui a façonné l'esprit dérangé d'un gamin qui attendra quarante ans avant de littéralement péter un câble et de s'en prendre aux jolies minettes d'un campus. Autant d'années durant lesquelles, d'ailleurs, on ne saura rien de la vie qu'aura pu mener l'enfant devenu adolescent, puis adulte, et enfin, l'un des pires tueurs schizophrènes du septième art. Du moins, dans le fond, car dans la forme, Mil Gritos Tiene la Noche est relativement décevant. Les non habitués qui ne seraient pas coutumiers du cinéma de Juan Piquer Simon, surtout. Parce que pour les autres, ceux qui l'ont accompagné à travers son œuvre (et notamment Supersonic Man ou Slugs, Muerte Viscosa), il est de coutume d’appréhender avec une étonnante facilité les long-métrages d'un auteur capable de signer de bonnes petites daubes sans sourciller.

Et ce Mil Gritos Tiene la Noche ne fait pas exception à la règle. Pourtant, dès le générique, l'espagnol tente de nous rassurer à travers un casting étonnant. De Christopher George, connu chez nous grâce à la série L'Immortel ou le morbide Paura nella Città dei Morti Viventi de Lucio Fulci (et là je m'adresse aux fans du cinéaste italien), en passant par Lynda Day George (Casey dans la série Mission Impossible) et Frank Brana (qui jouera notamment pour Sergio Leone, Amando de Ossorio, et même pour Gérard Oury), et jusqu'à Paul L. Smith qui fut un gardien de prison violent dans Midnight Express d'Alan Parker ou un dératiseur dans le délirant Crimewave de Sam Raimi. D'ailleurs, à propos de ce dernier, Juan Piquer Simon se croit sans doute très malin en insistant sur le caractère plus qu'ambigu du personnage de Willard qu'incarne l'acteur, le rendant auprès des autorités (et donc du public), le plus amène à être le tueur du campus dont l'arme de prédilection (et ce ne sera pas la seule) est comme le titre français le précise, une tronçonneuse. Un outil de jardinage qui dans le cas présent fait des ravages puisque l'auteur des meurtres décapite et démembre chacune de ses victimes avant d'emporter divers trophées.

Si la mise en scène est vraiment navrante, et que l'interprétation est tout juste acceptable, le scénario est lui, en dessous de tout et fait de Mil Gritos Tiene la Noche un slasher tout à fait dispensable aux côtés d'un The Prowler autrement plus réjouissant. Mais il serait mentir que d'affirmer que le film de l'espagnol n'est qu'une accumulation de fautes de gouts. Car si les meurtres ne sont que très rarement commis devant l'objectif, la conséquence de l'utilisation d'un tel outil de mort réjouira tout de même les amateurs de gore pas trop regardant. Mil Gritos Tiene la Noche est en effet très sanglant et Juan Piquer Simon expose des scènes de crimes parfois vraiment dégueulasses (le cadavre démembré sur le bord de la piscine, ou celui découvert dans les toilettes des vestiaires). Concernant le tueur à proprement parler, le scénario est tellement affligeant que l'on finit par se foutre de son identité même si dans un premier temps, le spectateur désire découvrir son visage parmi les quelques personnages dans la cinquantaine qui rodent autour du campus. Un nanar dont le seul intérêt se situe donc dans les scènes gore...

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