Derrière le titre
espagnol Mil Gritos Tiene la Noche se
cache un long-métrage que tous les amateurs de bisseries se doivent
de connaître, au moins à travers sa réputation de nanar. Réalisé
par le cinéaste espagnol Juan Piquer Simon, et plus connu dans nos
contrées sous les divers titres Pieces
et Le Sadique à la Tronçonneuse,
la promesse faite par ces deux derniers respecte assez bien le
contenu d'une œuvre qu'il sera bien difficile de considérer comme
un classique honorable du genre « slasher »
puisqu'il accumule bien trop de défauts pour que l'on ose le
gratifier d'un tel louange. Par contre, culte, il le demeure dans le
cœur et l'esprit d'une certaine catégorie de spectateurs capables
de passer outre une mise en scène radicalement opposée aux vrais
classiques du genre (Halloween
de John Carpenter pour ne citer que le plus évident), une
interprétation souvent calamiteuse, et un nombre invraisemblable
d'incohérences qui donne le vertige. S'il fallait comparer
Mil Gritos Tiene la Noche
à un seul et unique long-métrage, ce serait sans aucun doute au
Cauchemars à Daytona Beah
du (parait-il) narcissique Romano Scavolini. En effet, il demeure
dans le portrait de ce tueur dont nous ne connaîtrons l'identité
qu'à la toute fin du film, ce même traumatisme qui a façonné
l'esprit dérangé d'un gamin qui attendra quarante ans avant de
littéralement péter un câble et de s'en prendre aux jolies
minettes d'un campus. Autant d'années durant lesquelles, d'ailleurs,
on ne saura rien de la vie qu'aura pu mener l'enfant devenu
adolescent, puis adulte, et enfin, l'un des pires tueurs
schizophrènes du septième art. Du moins, dans le fond, car dans la
forme, Mil Gritos Tiene la Noche
est relativement décevant. Les non habitués qui ne seraient pas
coutumiers du cinéma de Juan Piquer Simon, surtout. Parce que pour
les autres, ceux qui l'ont accompagné à travers son œuvre (et
notamment Supersonic Man ou
Slugs, Muerte Viscosa),
il est de coutume d’appréhender avec une étonnante facilité les
long-métrages d'un auteur capable de signer de bonnes petites daubes
sans sourciller.
Et
ce Mil Gritos Tiene la Noche
ne fait pas exception à la règle. Pourtant, dès le générique,
l'espagnol tente de nous rassurer à travers un casting étonnant. De
Christopher George, connu chez nous grâce à la série L'Immortel
ou le morbide Paura nella Città dei Morti Viventi
de Lucio Fulci (et là je m'adresse aux fans du cinéaste italien),
en passant par Lynda Day George (Casey dans la série Mission
Impossible)
et Frank Brana (qui jouera notamment pour Sergio Leone, Amando de
Ossorio, et même pour Gérard Oury), et jusqu'à Paul L. Smith qui
fut un gardien de prison violent dans Midnight
Express
d'Alan Parker ou un dératiseur dans le délirant Crimewave
de Sam Raimi. D'ailleurs, à propos de ce dernier, Juan Piquer Simon
se croit sans doute très malin en insistant sur le caractère plus
qu'ambigu du personnage de Willard qu'incarne l'acteur, le rendant
auprès des autorités (et donc du public), le plus amène à être
le tueur du campus dont l'arme de prédilection (et ce ne sera pas la
seule) est comme le titre français le précise, une tronçonneuse.
Un outil de jardinage qui dans le cas présent fait des ravages
puisque l'auteur des meurtres décapite et démembre chacune de ses
victimes avant d'emporter divers trophées.
Si
la mise en scène est vraiment navrante, et que l'interprétation est
tout juste acceptable, le scénario est lui, en dessous de tout et
fait de Mil Gritos Tiene la Noche
un slasher tout à fait dispensable aux côtés d'un The
Prowler
autrement plus réjouissant. Mais il serait mentir que d'affirmer que
le film de l'espagnol n'est qu'une accumulation de fautes de gouts.
Car si les meurtres ne sont que très rarement commis devant
l'objectif, la conséquence de l'utilisation d'un tel outil de mort
réjouira tout de même les amateurs de gore pas trop regardant.
Mil Gritos Tiene la Noche est
en effet très sanglant et Juan Piquer Simon expose des scènes de
crimes parfois vraiment dégueulasses (le cadavre démembré sur le
bord de la piscine, ou celui découvert dans les toilettes des vestiaires).
Concernant le tueur à proprement parler, le scénario est tellement
affligeant que l'on finit par se foutre de son identité même si dans
un premier temps, le spectateur désire découvrir son visage parmi
les quelques personnages dans la cinquantaine qui rodent autour du
campus. Un nanar dont le seul intérêt se situe donc dans les scènes
gore...
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