Au départ, une
excellente idée. A l'arrivée, un résultat plus que mitigé. Voilà
pour la rime. Concernant le contenu de La Machine,
film de science-fiction à
la française,
ou comment partir d'un bon sentiment et échouer sur la ligne
d'arrivée, va pas falloir s'emballer même si on louera l'honorable
tentative de son auteur d'affranchir son pays d'un genre trop peu
représenté au moment de sa sortie. Parce que dans le genre qui
intéresse ici le cinéaste français François Dupeyron, notre belle
nation avait déjà bien du mal à l'époque à rivaliser avec la
plus grande puissance mondiale. On se souvient encore du navrant,
mais cultissime, Terminus de
Pierre-William Glenn avec Johnny Hallyday. Le post-apo
involontairement rigolo sorti sept ans plus tôt. Un sous Mad
Max,
mais au moins égal à toute la vague de nanars post-apocalyptiques
qui virent le jours chez nos amis transalpins dans les années
quatre-vingt. A l'époque, en France, on avait soit le choix entre
passer du bon temps devant Terminus,
donc, soit s'enfermer durant quatre vingt-dix minutes dans l'univers
sinistre et froid du tout aussi culte mais rigoriste Bunker
Palace Hôtel
d'Enki Bilal. D'un côté, de l'anticipation crétinisante et
jubilatoire, de l'autre, de la hard science-fiction immobile et
pseudo-intellectuelle. Et puis voilà que débarque beaucoup plus
tard François Dupeyron et son tout petit cortège de stars
françaises. Un triangle improbable (ou presque) formé de Gérard
Depardieu, que les américains nous piquèrent suffisamment longtemps
pour qu'il perde peu à peu de cet immense charisme qui était le
sien (l'interprète d'Uranus
et de Danton ira
notamment se fourvoyer chez ces voleurs d'idées et de talents en
jouant le bouffon dans l'infecte 102 Dalmatiens
de Kevin Lima), de la superbe Nathalie Baye de La
Balance
de Bob Swaim, de Rive Droite, Rive Gauche
de Philippe Labro ou du très perturbant Préjudice
d'Antoine
Cuypers, et de Didier Bourdon, un Inconnu fort célèbre, ancien
humoriste auprès de Pascal Légitimus et Bernard Campan avec
lesquels il signa d'excellentes comédies
(Les Trois Frères,
Les Rois Mages),
et acteur solo avec, entre autres, Bouquet Final
de Michel Delgado.
Pas
franchement reluisant, La Machine
se découvre et se regarde comme une curiosité dans le paysage
français. Un psychiatre (Depardieu), face à un psychopathe
particulièrement dangereux (Bourdon). Fasciné par l'esprit humain,
Marc Lacroix invente une machine devant lui permettre à l'origine de
scruter le cerveau humain. Le psy ne trouve rien de mieux que
d'expérimenter son invention en utilisant le dit psychopathe.
Connectés ensemble à la machine, Marc va obtenir des résultats
dépassant largement ses espérances. En effet, son esprit et celui
de Michel Zyto, le psychopathe en question vont changer de corps.
L'esprit de Marc ayant été transféré dans le corps de Zyto, et
vice versa. D'où des conséquences que l'on devine assez rapidement
puisque le psychiatre, coincé dans le corps de Zyto, va se retrouver
à la place de son patient, enfermé à l’hôpital psychiatrique
tandis que son patient, lui, va pouvoir jouir de sa femme, de leur
fils et de sa maîtresse...
Enfin,
d'une certaine manière puisque le psychopathe de François Dupeyron
manquera l'occasion de se refaire une santé, agissant tel qu'il a
toujours été mais dans la peau d'un honorable médecin. Les
interprètes ont beau avoir du talent, Depardieu et Bourdon sont tout
sauf crédibles. Surtout notre Gérard national, très peu habitué à
incarner la psychopathie sur grand écran. Résultat : on passe
davantage de temps à pouffer de rire alors que le cinéaste cherche
visiblement à susciter la peur, ou du moins l'angoisse chez le
spectateur. La seule des trois qui parvient encore à demeurer
crédible, c'est Nathalie Baye. Pourtant, La
Machine
n'est pas totalement dénué d'intérêt. On appréciera la
photographie de Dietrich Lohmann et la tentative du cinéaste qui
adapte là le roman éponyme de l'écrivain français René Belletto.
Pour le reste, La Machine
est vraiment très moyen...
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