Les petits hommes verts
sont de coquins personnages. A moins qu'il ne s'agisse de Dieux qui,
assoupis au dessus de la voûte céleste, ne savent pas comment tuer
le temps. Pierre Jolivet est habituellement le genre de cinéaste
dont j'apprécie le travail. Très critique envers notre société
(les comédies Ma Petite Entreprise et
La très très grande Entreprise),
ou plus simplement envers l'homme (Force
Majeure),
et parfois même capable de conquérir des terres inédites (Le
Frère du Guerrier),
le frère de Marc, l'humoriste, oublie en cette année 1991 de
fournir au spectateur un fond aussi profond que la forme. Rare
exemple de science-fiction à la française à l'époque, Pierre
Jolivet opte pour un minimalisme qu'on ne lui reprochera pas (Enki
Bilal ne s'était pas gêné pour nous offrir un Bunker
Palace Hôtel génial,
mais en suspension, deux ans auparavant). Son héros est un homme
ordinaire qui va vivre une histoire extraordinaire. Mais alors que
sur le papier le synopsis attise la curiosité des spectateurs en mal
de science-fiction intelligente, le résultat à l'écran m'a laissé
perplexe. C'est à me demander si le film que j'ai eu entre les mains
et bien celui qu'encensent certains...
Déjà,
le cinéaste offre le rôle principal à un interprète que l'on n'a
pas l'habitude de voir couramment. Ce qui, à ce sujet, peut tout aussi
bien déranger que renforcer le réalisme du récit, le spectateur
étant alors davantage contraint de s'identifier au personnage plutôt qu'à
l'acteur qui l'incarne. Philippe Volter, pardon, Stéphane Marais
reçoit de curieux messages en ancien gaélique à travers des
appareils de radiodiffusion lui enjoignant d'accomplir des missions
mais sans en révéler la moindre source à quiconque sous peine de
voir son entourage mis en danger. Sous forme d'énigmes, le héros
est confronté à des situations de plus en plus dangereuses, allant
jusqu'à la survie de la planète toute entière.
Avec
un tel synopsis, Pierre Jolivet détenait un sujet en or. Pourtant,
malgré des premiers instants intriguant et laissant rêveur, le film
finit peu à peu par s’essouffler. Non pas que la forme exempt
d'effets-spéciaux nuise au récit, mais le problème de Simple
Mortel est
d'avoir oublié d'apporter au spectateur une conclusion crédible. Et
même sans être crédible, une conclusion tout court. Pierre Jolivet
conte avant tout le désarroi d'un individu qui, quoi qu'il fasse, ne
peut empêcher les drames qui s'accumulent autour de lui. Certaines
situations frisent le ridicule, comme la réaction de son meilleur
ami Fabien (Christophe Bourseiller), qui pour justifier son sort,
réagit de manière peu crédible. Sans être perfectionniste, un
détail assez décourageant m'a empêché d'être totalement plongé
dans le récit : la post-synchronisation. Assez mal fichue, elle
n'a cessé de me rappeler que j'étais devant une œuvre de fiction.
Par conséquent, il me fut impossible d'être totalement happé par
un long-métrage qui de toute manière, me semble-t-il, se fiche un
peu de son auditoire dès lors qu'il se conclue sans que Pierre
Jolivet ne nous apporte la moindre explication sur l'origine des voix
et le sens profond de leur intervention. Une oeuvre de science-fiction bâclée. Une déception...
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