Høtten, un petit village
norvégien, sert de cadre au premier (et seul?) long-métrage de la
productrice et réalisatrice norvégienne Karin Julsrud, 1732
Høtten. Une œuvre policière, dramatique, différente de
tout ce que l'on a pu voir jusqu'à maintenant sur le sujet du
vigilantisme. Sous ses airs de petit téléfilm maladroitement
réalisé, ce long-métrage qui sera plus communément connu sous le
titre Bloody Angels aura donc été la seule expérience de
réalisatrice de son auteur. Et c'est bien dommage car si l'on dégage
les quelques défauts qui émaillent son œuvre, Karin Julsrud a
réalisé un film particulièrement efficace, glissant d'un humour
noir plutôt mal venu vu le sujet abordé, au thriller
quasi-nihiliste avec son flic torturé que l'on comparera dans une
moindre mesure au Harry Angel incarné par Mickey Rourke dans le
superbe Angel Heart d'Alan Parker.
1732 Høtten,
c'est le récit d'un flic débarquant d'Oslo afin d'enquêter sur la
mort d'un adolescent et sur la disparition de son frère survenues
six mois après le viol et le meurtre d'une jeune handicapée mentale
prénommée Katarina. La première partie se concentre sur l'accueil
plutôt froid et distant des habitants de Høtten
envers l'inspecteur Nicholas Ramm. Chambré par ses collègues et
bousculé par la quasi-totalité des habitants du bourg, Ramm ne sait
pas encore qu'il met les pieds dans une affaire qui dépassera de
loin l'enquête habituelle. Incarné par l'acteur Reidar
Sørensen, l'inspecteur Ramm n'est pas le seul personnage à en voir
de toutes les couleurs. En ce sens, 1732
Høtten est
dérangeant dans le portrait que fait la réalisatrice des habitants
du village, soudés face à la famille de deux adolescents qu'elle
soupçonne d'avoir violé et tué la jeune Katarina. Face aux rires
lors de la découverte du cadavre de l'un d'eux, c'est ce décalage
entre humour et fait divers sordide qui perturbe la perception du
spectateur qui ne sait plus s'il se trouve face à une comédie noire
au goût plutôt douteux.
D'une
logique tordue qui se révélera pourtant implacable lors de la
révélation finale, Karin Julsrud ne se gêne pas pour asséner aux
spectateurs des scènes inconfortables. Face à l'esprit de
communauté de ses habitants, c'est une guerre toute personnelle que
va mener le flic d'Oslo, mettant ainsi sa propre existence en danger.
Danger personnifié par un groupe s'autoproclamant « Anges
Bleus » et que les spectateurs identifieront comme des
individus prônant l'auto-justice.
Noir
c'est noir diront certain à la vision d'un 1732
Høtten hautement
pessimiste. Le récit d'un fait divers sordide traité à la manière
scandinave, en plein hiver rigoureux. L’œuvre de la norvégienne
semble également traiter de la transmission des gênes, des coutumes
et des habitudes de ses habitants. Les gamins, comme les adultes,
décidant par eux-mêmes de se faire justice. L'une des grandes
forces de 1732
Høtten est
d'abord de générer du dégoût de la part du spectateur pour ces
habitants dont le comportement est généralement des plus odieux
avant que le twist final n'explique (sans pour autant les excuser
totalement) celui-ci.
L'acteur
norvégien Reidar Sørensen porte presque à lui seul l’œuvre sur
ses épaules, aidé en cela par le jeune Gaute Skjegstad dans le rôle
de Niklas Hartmann, Si la mise en scène ne souffrait pas d'une
photographie parfois navrante auréolant 1732
Høtten d'un
aspect « téléfilmique »
particulièrement ingrat, le long-métrage de Karin Julsrud aurait
sans doute gagné ses gallons d’œuvre culte. A voir...
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