Les
temps sont durs pour Jay et son épouse Shel. En effet, cet ancien
militaire devenu depuis tueurs à gages n'a honoré aucun contrat
depuis huit mois et des quarante mille dollars qu'il a récolté
grâce à une mission qui a tourné au carnage à Kiev, il ne reste
presque plus rien. Shel lui reproche de rester sans rien faire. Jay
dépense le peu d'argent qu'il leur reste à des choses secondaires
et sans importance.
Les
scènes de ménage sont quotidiennes et les rapports entre le couple
sont tendus. Shel demande à Jay de reprendre du service. C'est alors
qu'ils invitent à dîner Gal, le meilleur ami de Jay, que ce dernier
accepte de le suivre quelques jours plus tard dans un hôtel où les
attend un curieux personnage. Celui-ci leur confie un contrat qu'il
scelle avec son propre sang et celui de Jay.
L'objectif
des deux amis est d'éliminer trois hommes. C'est lorsqu'ils se
rendent dans une petite chapelle où ils vont tuer leur première
cible, un prêtre, que Jay et Gal vont tomber sur une vidéo dans
laquelle des pédophiles participent à une orgie mettant en scène
des enfants. A cette vision insupportable, Jay ne résiste pas à
l'envie d'aller rendre visite à l'un des acteurs,
un libraire. Lors de cette visite, Jay interroge l'homme,
attaché à l'une des chaises de la cuisine, sur l'identité de ceux
qui ont participé au film. Mais alors que Gal vide le coffre-fort
situé à l'étage de la demeure, en bas, l'interrogatoire vire au
carnage...
Le
second film de Ben Wheatley (dont la comédie Touristes
est
sortie l'année passée) fait partie de ces films coup de poing qui
ne peuvent laisser indifférent. Mélangeant avec brio thriller,
horreur et mysticisme, Kill
List
est une œuvre éprouvante, étouffante et parfois même choquante.
Débutant dans les tous premiers instants comme un drame social, le
film prend ensuite un chemin balisé de scènes proprement
hallucinantes sublimées par une ambiance sonore cauchemardesque.
Deux œuvres semblent avoir principalement inspiré le cinéaste. On
ne peut évidemment pas rejeter l'idée que le Wicker
Man de
Robin Hardy réalisé en 1973 ne puisse faire partie de ses films de
chevet tant l'esprit de certaines scènes (la cérémonie tribale
ainsi que le sort du héros interprété par Neil Maskell) rappelle
le chef-d’œuvre du cinéaste britannique. La fin elle-même
rappellera sans doute à certains l'horrible conclusion de A
Serbian Film de
Srdjan Spasojevic, œuvre vénéneuse qui a fait couler beaucoup
d'encre deux ans en arrière.
Le
personnage de Jay, accompagné de son ami de toujours Gal
(l'excellent Michael Smiley), tombe dans un piège qui inexorablement
va se refermer sur lui. Dès lors que le duo accepte de signer le
contrat avec le vieil homme, on assiste à un enchaînement
d'événements qui ne peuvent que mener à la fin tragique des deux
hommes. Même si cela n'est pas clairement démontré dans le film,
certains propos aident à comprendre le choix de faire appel à ces
deux hommes, qui par leur passé (le carnage de Kiev survenu huit
mois auparavant) amène à accepter l'issue fatale qu'ils vont
connaître. Un jeu infernal orchestré par une bande d'allumés qui
auront sans doute tout prévu à l'avance, jusqu'à même jeter dans
les bras de Gal, la jeune Fiona, disciple de ces gourous mal famés.
Kill
List
est donc une œuvre marquante, remarquablement interprétée (Myanna
Buring), et qui refroidit autant que les bûchers que vont allumer
nos deux héros afin de disparaître les corps de leurs victimes
réchauffent.
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