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vendredi 2 février 2018

It Comes at Night de Trey Edward Shults (2017) - ★★★★★★★☆☆☆



Outre mon amour pour les créatures rampantes et nauséabondes que représentent morts-vivants, zombies et dans une moindre mesure, infectés, c'est surtout après avoir lu un court paragraphe consacré à The Girl with all the Gifts dans le hors-série que Mad Movies a consacré aux films de genre de l'année 2017. The Girl with all the Gifts, selon l'auteur de ce court article, reprend la situation de départ du Jour des Morts-Vivants de George Romero. Soit, tout de même l'un des meilleurs représentants de sa catégorie. De quoi éveiller la curiosité des fans du regretté spécialiste du genre mort l'an passé, ainsi que d'une manière générale, tous ceux qui aiment les films d'horreur. Sauf qu'au final, cet article ne sera pas consacré à ce long-métrage au titre très étrange réalisé par Colm MCCarthy, mais It Comes at Night de Trey Edward Shults. Pourquoi ? A cause de cette « moindre mesure » citée plus haut qui m'a fait très rapidement détester The Girl with all the Gifts. Non pas pour son propos original (ni à cause de la comparaison outrancière faites avec le classique de George Romero), mais simplement parce que le genre infectés courant à toute berzingue, le rictus aux lèvres et se mouvant comme des pantins désarticulés, de mon point de vue, ça ne passe pas. Comme l'on dit, ce phénomène très à la mode depuis le début du millénaire alors qu'en dénichant bien, on peut remonter jusqu'au années soixante-dix pour en trouver un exemplaire beaucoup moins nerveux (The Crazies de George Romero, encore lui), devrait être mis à l'écart du phénomène zombies. L'amalgame voulant parfois que l'on en fasse un tout, le film d'infectés est la vérole du mythique mort-vivant du bestiaire fantastique.
Donc, table rase faite sur le sujet, c'est de It Comes at Night de Trey Edward Shults qu'il sera question. Et comme par un incroyable hasard, figurez-vous que le monde dans lequel vit la petite famille de Paul constituée de l'époux, donc, de sa femme Sarah , ainsi que de leur fils Travis, vise justement le même type de propos tout en demeurant éminemment plus modeste puisque n'offrant pratiquement rien de quoi se sustenter aux amateurs d'infectés en dehors de l'ancêtre de cette famille « interraciale » éliminé par Paul dès les premières minutes afin de préserver l'existence du chef de famille et des siens.

Dans l'obscurité d'une demeure plantée au beau milieu d'une forêt, Paul vit avec femme et enfant et tente de survivre dans un monde dans lequel, semble-t-il, un virus a infecté une partie de la population. On devine assez vite que quelque part au delà des frontières symboliques que représente la forêt, l'humanité est retournée à la sauvagerie, chacun tentant de survivre par ses propres moyens. Paul, Sarah et Travis se sont adaptés en conservant leur humanité tout en ayant choisi de s'en écarter afin de ne pas compromettre leur intégrité physique et morale. Lorsque débarquent dans leur existence une autre famille constituée elle aussi de trois membre (Will, Kim, l'épouse, et Andrew, leur enfant), un poison va doucement mais irrémédiablement s'installer... dans la tête des spectateurs plus que dans celle des personnages contraints de force puis s'accoutumant aisément par la suite de vivre ensemble sous le même toit.
Trey Edward Shults se complaît à laisser penser que les nouveaux venus, et notamment le personnage de Will (l'acteur Christopher Abbott) auraient peut-être menti sur l'existence d'un frère. Un détail ? Pour Paul et les siens, certainement. Mais pour le spectateur, ce détail, justement, fera son petit bonhomme de chemin et laissera se gangrener l'hypothèse d'un événement tragique à venir. Home Invasion ? Peut-être, ou peut-être pas. La thématique de l'infecté parcourant toute l’œuvre, et Travis faisant de récurrents cauchemars sur la question, on s'attend généralement à ce qu'arrive le moment où l'un des six personnages montrera les premiers signes de la maladie.

Contrairement à toute attente, It Comes at Night n'est pas un film d'horreur et arbore d'avantage le visage d'un thriller parfois sous haute tension, mâtiné de survival et dans un contexte dramatique fort. Ici, l'important pour le cinéaste américain est de démontrer que l'esprit de conservation n'a de valeur que lorsqu'il touche un individu et ses proches, toute personne étrangère pouvant être sacrifiée au bénéfice d'un homme, de son épouse ou de leur enfant. Parfois étouffant, le cadre choisi par le cinéaste ne parviendra cependant pas à être aussi délétère et cauchemardesque que celui du remarquable Don’t Breathe de Fede Alvarez sorti en 2016. Plongées dans une obscurité presque perpétuelle, la maison et la forêt ne sont pas les lieux anxiogènes auxquels nous aurions pu prétendre. It Comes at Night manque de subjectivité dans sa manière de filmer ses personnages. On aurait aimé une caméra signifiant le regard de ses personnages. Les scènes nocturnes signifiant la visite de la forêt torche à la main aurait dû avoir un effet angoissant sur le spectateur mais bizarrement, rien n'y fait. C'est dans l'attente que It Comes at Night déroule son intrigue. Malgré ses défauts, le film de Trey Edward Shults est quand même une jolie surprise qui nous emmène très loin des poncifs du genre. Pas gratuit pour un sou, même certains actes finaux se justifient par l'esprit de conservation. Au final, on passe un très bon moment même si dans le genre huis-clos étouffant, on a vu bien mieux auparavant...

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