Outre mon amour pour les
créatures rampantes et nauséabondes que représentent
morts-vivants, zombies et dans une moindre mesure, infectés, c'est
surtout après avoir lu un court paragraphe consacré à The
Girl with all the Gifts dans le hors-série que Mad Movies a
consacré aux films de genre de l'année 2017. The Girl with
all the Gifts,
selon l'auteur de ce court article, reprend la
situation de départ du Jour des Morts-Vivants de
George Romero. Soit, tout de même l'un des meilleurs représentants
de sa catégorie. De quoi éveiller la curiosité des fans du
regretté spécialiste du genre mort l'an passé, ainsi que d'une
manière générale, tous ceux qui aiment les films d'horreur. Sauf
qu'au final, cet article ne sera pas consacré à ce long-métrage au
titre très étrange réalisé par Colm MCCarthy, mais It Comes
at Night de Trey Edward Shults. Pourquoi ? A cause de
cette « moindre mesure » citée
plus haut qui m'a fait très rapidement détester The
Girl with all the Gifts.
Non pas pour son propos original (ni à cause de la comparaison
outrancière faites avec le classique de George Romero), mais
simplement parce que le genre infectés courant à toute berzingue,
le rictus aux lèvres et se mouvant comme des pantins désarticulés,
de mon point de vue, ça ne passe pas. Comme l'on dit, ce phénomène
très à la mode depuis le début du millénaire alors qu'en
dénichant bien, on peut remonter jusqu'au années soixante-dix pour
en trouver un exemplaire beaucoup moins nerveux (The
Crazies
de George Romero, encore lui), devrait être mis à l'écart du
phénomène zombies. L'amalgame voulant parfois que l'on en fasse un
tout, le film d'infectés est la vérole du mythique mort-vivant du
bestiaire fantastique.
Donc,
table rase faite sur le sujet, c'est de It Comes
at Night
de Trey Edward Shults qu'il sera question. Et comme par un incroyable
hasard, figurez-vous que le monde dans lequel vit la petite famille
de Paul constituée de l'époux, donc, de sa femme Sarah , ainsi que
de leur fils Travis, vise justement le même type de propos tout en
demeurant éminemment plus modeste puisque n'offrant pratiquement
rien de quoi se sustenter aux amateurs d'infectés en dehors de
l'ancêtre de cette famille « interraciale »
éliminé par Paul dès les premières minutes afin de préserver
l'existence du chef de famille et des siens.
Dans
l'obscurité d'une demeure plantée au beau milieu d'une forêt, Paul
vit avec femme et enfant et tente de survivre dans un monde dans
lequel, semble-t-il, un virus a infecté une partie de la population.
On devine assez vite que quelque part au delà des frontières
symboliques que représente la forêt, l'humanité est retournée à
la sauvagerie, chacun tentant de survivre par ses propres moyens.
Paul, Sarah et Travis se sont adaptés en conservant leur humanité
tout en ayant choisi de s'en écarter afin de ne pas compromettre
leur intégrité physique et morale. Lorsque débarquent dans leur
existence une autre famille constituée elle aussi de trois membre
(Will, Kim, l'épouse, et Andrew, leur enfant), un poison va
doucement mais irrémédiablement s'installer... dans la tête des
spectateurs plus que dans celle des personnages contraints de force
puis s'accoutumant aisément par la suite de vivre ensemble sous le
même toit.
Trey
Edward Shults se complaît à laisser penser que les nouveaux venus,
et notamment le personnage de Will (l'acteur Christopher Abbott)
auraient peut-être menti sur l'existence d'un frère. Un détail ?
Pour Paul et les siens, certainement. Mais pour le spectateur, ce
détail, justement, fera son petit bonhomme de chemin et laissera se
gangrener l'hypothèse d'un événement tragique à venir. Home
Invasion ? Peut-être, ou peut-être pas. La thématique de
l'infecté parcourant toute l’œuvre, et Travis faisant de
récurrents cauchemars sur la question, on s'attend généralement à
ce qu'arrive le moment où l'un des six personnages montrera les
premiers signes de la maladie.
Contrairement
à toute attente, It Comes at Night
n'est pas un film d'horreur et arbore d'avantage le visage d'un
thriller parfois sous haute tension, mâtiné de survival et dans un
contexte dramatique fort. Ici, l'important pour le cinéaste
américain est de démontrer que l'esprit de conservation n'a de
valeur que lorsqu'il touche un individu et ses proches, toute
personne étrangère pouvant être sacrifiée au bénéfice d'un
homme, de son épouse ou de leur enfant. Parfois étouffant, le cadre
choisi par le cinéaste ne parviendra cependant pas à être aussi
délétère et cauchemardesque que celui du remarquable Don’t
Breathe
de Fede Alvarez sorti en 2016. Plongées dans une obscurité presque
perpétuelle, la maison et la forêt ne sont pas les lieux anxiogènes
auxquels nous aurions pu prétendre. It
Comes at Night manque
de subjectivité dans sa manière de filmer ses personnages. On
aurait aimé une caméra signifiant le regard de ses personnages. Les
scènes nocturnes signifiant la visite de la forêt torche à la main
aurait dû avoir un effet angoissant sur le spectateur mais
bizarrement, rien n'y fait. C'est dans l'attente que It
Comes at Night déroule
son intrigue. Malgré ses défauts, le film de Trey Edward Shults est
quand même une jolie surprise qui nous emmène très loin des
poncifs du genre. Pas gratuit pour un sou, même certains actes
finaux se justifient par l'esprit de conservation. Au final, on passe
un très bon moment même si dans le genre huis-clos étouffant, on a
vu bien mieux auparavant...
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