1993 est l'année des
clones. Des suites souvent sans intérêt (Amityville-Darkness)
mais heureusement, parfois de bonne qualité (Evil Dead III :
L'armée Des Ténèbres). 1993 sonne aussi l'arrivée sur le
marché de la VHS d'un nouvel éditeur : HAXAN FILMS. La
première fournée est plutôt convaincante même si elle sort très
nettement des sentiers battus. Pas de morts-vivants, de vampires ou
d'extraterrestres mais plutôt des hommes et des femmes comme nous,
victimes de déviances particulièrement marquées.
C'est notamment le cas
du héros de Nekromantik, Robert, récupérateur de cadavres
qui en compagnie de sa petite amie va pratiquer d'étranges jeux sur
un cadavre qu'il a ramené chez eux. Pas de poésie (quoique),
beaucoup de détails sordides et une ambiance malsaine couplée à
une réalisation amateur et essoufflée donnent à ce curieux objet
une atmosphère putride évidente. Ca y est ; les édition HAXAN
FILMS sont lancées sur les rails. Et pour ne pas laisser
l'impression que Nekromantik n'a été qu'un heureux accident,
les deux œuvres qui vont suivre sa sortie vont prouver que l'éditeur
a les reins solides et un courage à toutes épreuves. Combat
Shock et Incredible Torture Show (deux productions Troma)
sont des bandes underground déjà cultes à l'époque, et HAXAN
permet aux français de les découvrir enfin en version originale
sous-titrée dans la langue de Molière. Le premier est une version
gore et beaucoup plus pessimiste
du chef-d’œuvre de Martin Scorsese, Taxi Driver.
Ici l'on assiste à la longue agonie d'un ancien soldat du Vietnam.
Au chômage, marié à une femme laide et père d'un bébé difforme
victime de l'agent Orange, Franky et également harcelé par une
bande de voyous auxquels il doit de l'argent. Combat Shock
est une vision cauchemardesque de l'après-Vietnam et des difficultés
de réinsertion dont on été victimes beaucoup de soldats. Drogue,
chômage et folie sont le quotidien d'un homme qui peu à peu perd le
fil de la réalité et plonge dans un bain de sang. Le film est
particulièrement morbide est pessimiste et la fin, à la hauteur de
celle du classique de Scorsese. Un monument.
Incredible Torture
Show est une farce totalement
absurde. Du grand-Guignol saupoudré d'un humour pas toujours très
malin. C'est mal interprété, mal réalisé et les décors sont
pauvres mais pourtant, ça marche. On a parfois l'impression
d'assister aux dérives d'une secte. Du Z pur jus qui permet de
passer un agréable moment en compagnie de Sardu, le maître de
cérémonie...
1993
se termine, et l'on se demande ce que va bien pouvoir nous servir
l'année suivante l'éditeur. Surtout, on espère que le rythme va
s’accélérer car avec trois films seulement, la première année à
créé une attente interminable. 1994 sera l'occasion pour l'éditeur
de proposer cette fois-ci non pas trois films, mais cinq. Sur une
année c'est peu, mais la sélection sera de choix avec, pour
commencer, deux cassettes consacrées aux courts-métrages
sado-masochistes de Richard Kern, réunis sous les titres Hardcore
1 & 2. De petites bandes
assez violentes dont l'une restera sans doute comme le sommet dans la
carrière du cinéaste : Fingered.
Ensuite, place à l'immense Alessandro Jodorowski et son
extraordinaire Santa Sangre.
Exit l'amateurisme des premières sorties. HAXAN propose une œuvre
riche et tentaculaire au cœur de la psyché d'un homme dont
l'enfance à été marquée par un drame horrible. Le film est une
merveille de construction, colorée, festive et dramatiquement belle.
Un sommet dans la collection et un bon moyen de découvrir un
cinéaste vraiment à part. Nekromantik 2 vient ensuite contenter les
fans du premier d'autant plus que le cinéaste Jörg Buttgereit
semble avoir possédé un budget en conséquence. Le film est bien
meilleur que le précédent et quelques scènes marquent
véritablement les esprits (l'accouplement qui se termine par la
décapitation de l'amant et l'étouffante scène durant laquelle la
jeune femme découpe le cadavre dans la baignoire). HAXAN soigne ses
admirateurs.
Pas de compromis et que du juteux pour cette seconde
année qui se termine par une cassette plutôt inattendu puisqu'il
s'agit d'un documentaire consacré à GG Allin, artiste musical aux
propos et agissements extrêmes. Les images qui nous sont ici
proposées n'ont rien de fictives. Rock 'N' Roll Overdose et un
témoignage posthume assez bluffant. On ne reviendra pas ici sur les
fantasmes scatologiques du bonhommes ni sur les images qui viennent
les appuyer, mais sur le contenu qui permet de se faire une idée
très précise d'un homme qui fit plusieurs séjours en HP avant de
mourir d'une overdose. On retiendra également cette citation,
représentative de cet artiste unique en son genre : "Mon
esprit est une mitrailleuse, mon corps les
balles et le public, la cible"...
En
1995, la première œuvre à voir le jour sous la houlette d'HAXAN
FILMS est l'épouvantable Camp 731.
Avec ce film, on atteint le degré ultime dans une collection qui
jusqu'à maintenant n'a pas cessé de vouloir choquer. Le film, basé
sur des événements réels, est une collection de scènes de
tortures absolument gerbantes. Paradoxalement, le film est loin de
faire partie des plus sanglants. Pourtant, les horreurs qui y sont
étalées sont d'un goût plutôt douteux (la scène du chat jeté en
pâture à une armée de rats affamés ou encore l'autopsie pratiquée
sur l'enfant). Le Roi Des Morts quand
à lui est une sorte de best-of sur le suicide. Heureusement, le film
est d'un ennui mortel et les situations peu convaincantes, ce qui
amoindri l'effet d'un tel sujet sur les téléspectateurs.
Suivront
deux œuvres qui marqueront un léger essoufflement de la collection.
La
Plante qui aimait les Femmes et
La
Vie sexuelle de Roméo et Juliette. Deux
comédies érotiques qui viennent cependant souffler un air frais sur
une série d’œuvres particulièrement nauséeuses. Génération
Z
vient clore cette nouvelle année avec une série de courts-métrage
qui rappelleront le binôme Hardcore 1 & 2 (le réalisateur Nick
Zedd étant un proche ami de Richard Kern). Une très belle
anthologie underground...
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