C'était déjà vrai pour
les numéros 18 et 19 de l'excellent fanzine Vidéotopsie
(et très certainement pour ceux qui les précédèrent mais qui depuis
sont devenus cruellement indisponibles), mais ça le demeure encore
davantage avec ce flamboyant numéro 20 qui à l'origine, et selon
les dires de son grand ordonnateur David Didelot, devait clore
l'aventure. Alors qu'en secret votre serviteur et certainement tout
un tas de retardataires espèrent voir un jour tous les anciens
numéros être réédités, David Didelot, en compagnie du fidèle
Augustin Meunier ont à eux deux réunis toutes les œuvres de la
société de production cinématographique italienne fondée en 1980
par le cinéaste bis Joe d'Amato, la Filmirage. Dès la
sublime couverture en forme de « mashup des artworks de
Démoniaque Présence, Bloody Bird
(ahhhh, le chef-d’œuvre de
Michele Soavi) et de Pomeriggio Caldo »
selon la formule consacrée du
maître de cérémonie, le ton est donné : de la fesse, en
grande majorité, saupoudrée d'une dose quand même très importante
d'horreur et d'épouvante, et d'un zeste de post-apocalyptique et de
sword & sorcery.
« Pour lecteurs
avertis » annonce
clairement la vignette apposée sous le numéro affichant l'âge de
ce numéro d'un fanzine dont l'évolution chronologique n'eut aucune
espèce de cohérence morne avec celle de tout individu fêtant à la
même date et chaque année son anniversaire puisque ne sortant
jamais à une date prédéfinie à l'avance. Vingt-cinq ans
d'existence, et un avant-dernier numéro (pourvu que l'ami David
change d'avis d'ici là !!!) prestigieux, touffu, exhaustif, et
totalement indispensable à tout fan de cinéma bis qui se respecte.
Pour ce numéro 20, l'ambition est claire : donner ses lettres
de noblesse à une société de production, et par là-même, un
artiste complet, en l’occurrence, le grand cinéaste italien Joe
d'Amato. Titanesque est le travail accompli par le binôme
Didelot/Meunier, rejoint en toute fin de parcourt (ou presque) par
Emmanuel Cavallo auquel on doit un entretien réalisé le 16 octobre
de l'année passée avec le compositeur Carlo Mario Cordo.
Outre
cette interview, le témoignage d'Enzo Sciotti, auteur d'innombrables
affiches dont celle de la Filmirage
qui nous intéresse ici mais aussi celles, au hasard, du cultissime
L'Au-Delà du
maître du gore transalpin Lucio Fulci, et de certains long-métrages
de Dario Argento et du tâcheron Lamberto Bava (oups!).
Ce
numéro 20 de Vidéotopsie,
soyons clair dès le début, ne franchira très probablement jamais
les lourdes portes des paroisses françaises, et ce, même si une
œuvre telle que Le Couvent des Pécheresses
de Dario Donati tentera de redorer le blason de nonnes généralement
engoncées dans leur uniforme de religieuses. Car de la fesse, ce
numéro spécial en contient un certain nombre. Allant de paire avec
de généreux « boobs »,
c'est David lui-même qu'il s'y colle, endossant ainsi le rôle que
des malveillant pourraient considérer injustement comme de la
perversion. Car le bonhomme s'y entend. Avec l'humour qu'on lui
connaît et ce parler naturel qui le définit même jusque dans son
écriture, d'une générosité toute désinvolte mais jamais
grossière. Pari risqué que d'asséner au lecteur des pages entières
vouant un culte à la fesse légère de certaines égéries d'un
cinéaste s'étant laissé glissé vers plus de sexe et moins
d'horreur à la fin de sa carrière, mais pari définitivement
réussi.
Le
duel opposant perpétuellement les textes de David GENERALEMENT voués
aux penchants érotiques (quand il ne s'agit pas purement de
pornographie) de Joe d'Amato à ceux d'Augustin Meunier, davantage
versé dans le cinéma bis horrifique habituellement recensé dans
les pages du fanzine, permettra aux frileux de se faire au contenu
d'un numéro hors-norme mais simplement... indispensable.
Imaginez :
cent-quatre vingt huit pages consacrées à un seul et même sujet,
cela force le respect et laisse augurer bien avant la lecture des
première pages du travail titanesque accompli par celui qu'on finira
par considérer comme un membre de sa propre famille à force de
suivre son actualité sur sa page Facebook,
ou de lire en long, en large et en travers ses écrits (Vidéotopsie,
GORE : Dissection d'une
collection, et BRUNO
MATTEI, Itinéraire Bis
pour ne citer que parmi ses plus grandes œuvres). Rien n'aurait été
pareil sans la participation tout aussi conséquente d'Augustin
Meunier dont sa part de travail d'archivage demeure tout aussi
exemplaire que celui effectué par David. Une écriture limpide et
passionnante, dont l'apport d'un certain humour ne dépareille jamais
avec les bluffantes connaissances du duo. Outre ses immenses
qualités, le principal atout de ce numéro consacré à Joe d'Amato
(entre autre) et à la Filmirage
est
d'offrir une perspective différente du cinéma bis auquel certains
(dont votre serviteur) ne s'étaient contentés que de lui coller une
étiquette réduisant le champ d'investigation à sa simple
expression : de l'horreur, de l'action, du Z, mais surtout pas
de cul !
Laissez-vous
plonger dans les affres de la sensualité made in Filmirage.
Ouvrez tous ces merveilleux présents mis à votre disposition par
les généreux donateurs que sont David Didelot et Augustin Meunier
et profitez de l'humide galerie de photos offerte en suprême délice
peu avant la fin de ce précieux ouvrage. En attendant le prochain
(et malheureusement dernier, snif!) numéro de Vidéotopsie prévu
pour cette année...
Gros merci pour ton retour Edmund, je dois dire que je suis assez ému...
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