Un film catastrophe scandinave, c'est suffisamment rare pour être
évoqué. D'autant plus que dès l'introduction des personnages et de
leur situation professionnelle, le cinéaste norvégien Roar
Uthaug (lequel devrait, Ô mon Dieu,
réaliser la prochaine adaptation cinématographique du jeu vidéo
Tomb Raider)
nous en met plein la vue avec les paysages de Geiranger, petite ville
touristique norvégienne encaissée entre deux flancs de montagnes
dans la région de Sunnmøre. C'est dans les hauteurs de cette
merveilleuse destination prisée des touristes du monde entier
qu'intervient le personnage incarné par l'acteur Kristoffer Joner,
grande star norvégienne que l'on a pu notamment découvrir dans
Naboer et
Babycall,
tous deux signés par le cinéaste Pål Sletaune en 2005 et 2011.
Kristian Eikjord est géologue et travaille pour la Norges
Vassdrags- og Energidirektorat qui
n'est autre que la Direction des Ressources en Eau et de l'Energie
norvégienne, une entité existant réellement depuis 1921.
D'ailleurs, si le cinéaste norvégien a choisi de prendre pour cadre
un tel décor en invoquant la NVE, c'est parce que Bølgen
s'inspire d'un événement qui eut lieu dans le fjord norvégien
Norddalsfjord dans
la nuit du 7 avril 1973: Un immense glissement de terrain emportant
deux millions de mètres cube de rocher provoqua un très important
tsunami qui tua quarante personnes.
L'intrigue est donc
sensiblement similaire et nous décrit le combat d'un homme face à
l'irrémédiable catastrophe à venir. Bølgen
est en quelque sorte l'alter ego norvégien du San
Andreas du
cinéaste canadien Brad Peyton. Mais la comparaison s'arrêtant là,
le norvégien montre avec infiniment plus de finesse la bataille
menée par un géologue contraint de sauver une population toute
entière face à une catastrophe d'une ampleur incroyable.
Contrairement au film américain cité ci-dessus, le long-métrage de
Roar
Uthaug tente avec succès de conserver dans une certaine mesure
l'aspect réaliste d'un tel événement alors que le canadien, lui,
réalisait la même année, un blockbuster enchaînant des dizaines
de scènes improbables. Le ridicule ne tuant pas encore les
spectateurs enfermés dans des salles obscures, Brad Peyton se
permettait une vision aussi impressionnante que ridicule des ravages
commis d'abord par un séisme de magnitude 9.6, suivi d'un énorme
tsunami emportant tout sur son passage. Le fils spirituel du médiocre
cinéaste allemand Roland Emmerich, en somme.
Dans
le genre catastrophe, Bølgen
est
une belle leçon de cinéma qui prouve qu'il n'est jamais nul besoin
d'en faire des caisses pour qu'un film soit réussi. En misant sur la
finesse d'un script n'en rajoutant jamais en terme d'événementiel,
Roar
Uthaug q semble-t-il réalisé l'un des meilleurs films catastrophe
de tous les temps, rien que ça. L'un des principaux atouts de
Bølgen
repose
sur une interprétation sans faille et sur le visage d'une population
décrite comme une communauté vivant dans la joie et la bonne
humeur. Ici, pas de grand méchant. Et même les tensions qui
pourraient naître d'un désaccord entre le héros et son supérieur
hiérarchique n'ont pas cours dans cette petite station balnéaire.
Si le tsunami tant désiré se fait attendre, c'est aussi parce que
le cinéaste respecte ses personnages, et donc ses interprètes, et
même les spectateurs. C'est ainsi donc qu'il prend le temps de les
caractériser. Un bon moyen de les rendre attachant auprès du
public. A la suite de cette première découverte du cadre
paradisiaque qu'offre Geiranger
et de ses habitants, on assiste avec une économie de moyens mais
lors d'une scène de tension extrême, à l'effondrement d'une partie
de la montagne générant par la suite un très impressionnant
tsunami filmé de manière si ingénieuse qu'il semble foncer tout
droit sur le spectateur. On a droit ensuite à la recherche des
survivants comme dans tout bon film catastrophe. Là encore, le
cinéaste joue à merveille avec le cadre (celui de l'hôtel où sont
réfugiés l'épouse et le fils de Kristian) et l'élément liquide
qui de manière inexorable, se faufile partout.
Bølgen est
au final un spectacle d'une grande humanité ne cherchant pas
systématiquement à nous en mettre plein la vue. L'efficacité de la
mise en scène, la bande-son du compositeur Magnus Beite, les décors
fantastiques de Geiranger
et la formidable interprétation de tous les interprètes (avec en
tête, une fois encore, le norvégien Kristoffer Joner) font du film
de Roar
Uthaug, l'un des tout meilleurs de sa catégorie, toutes origines et
toutes époques confondues. Un must !
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