Paraît que Nerve
dérange. C'est vrai ! Comme un type qui déciderait à minuit
pétantes de faire quelques travaux de menuiserie dans l'appartement
d'à côté alors que l'on s'apprêterait à trouver le sommeil. Non
mais, sans blague. C'est pas un film ! Tout juste une
compilation de chansons pour adolescents décérébrés. La vache, le
coup de vieux que je me suis pris en l'espace d'une heure et trente
sept minutes seulement. Quelques rides et cheveux en rab et pour par
un sou. Bro
Safari,
Tei Shi,
Diplomats of Solid
Sound,
Sweetmates,
Basenji
et j'en passe et des pires. C'est qui ceux-là ? Et surtout :
y sont où les Radiohead,
les Bjork
ou les Pink Floyd
que je chérie ? Ici, que de l'electro bas de gamme, du R'N'B
chanté par des gamines aux timbres de petites pucelles en chaleur.
L'Amérique factice dans toute sa splendeur. À moins que je n'y
connaisse rien et que la bande originale constituée de vingt-neuf
séances de torture participe de la critique sociale ? Mon dieu
que c'est beau, toutes ces couleurs qui vous laissent l'impression
que les architectes et les décorateurs de Tokyo sont venus coloniser
les rues américaines où la jeunesse se perd non pas dans la lecture
d'un roman mais dans LA drogue à la mode. Ni de celles que l'on
fume, que l'on sniffe ou que l'on s'injecte. Non, un jeu. Nerve.
Des challenges de plus en plus ardus, de plus en plus risqués, mais
une chance pour ceux qui y participent de devenir populaires et mieux
encore : gagner beaucoup, beaucoup, beaucoup d'argent. Les
réalisateurs Ariel Schulman et Henry Joost n'ont apparemment pas
l'intention d'approfondir aucun de leur personnage et lancent
directement dans le bain la pauvre Vee qui, cinq minutes auparavant
ne concevait même pas l'existence du jeu en question. Trop pressés,
les réalisateurs en font en l'espace d'un instant l'une des icônes
de Nerve.
Des
milliers de ''Voyeurs''
qui la suivent dans des péripéties plus connes les unes que les
autres. On en viendrait presque à espérer la voir crever dans un
accident de moto au moment ou derrière un pilote aux yeux bandés,
elle doit l'aider à atteindre une certaine distance en lui donnant
des indications. Ne serait-ce que pour que s'arrête enfin cette
assourdissante musique de merde qui ne peut que plaire à une
certaine catégorie de personnes (en gros : les jeunes, rien que
les jeunes !). J'vous jure, c'est difficilement supportable.
Parfois même filmé comme si Ariel Schulman et Henry Joost étaient
en train de tourner un clip vidéo de plus de quatre-vingt dix
minutes. Avec tout ce que cela peut engendrer de délires visuels
pourtant mille fois vus ailleurs. Il y a bien un moment où les
choses sérieuses démarrent. C'est à dire après plus d'une heure
de vide absolu. Même la musique la met parfois en sourdine et les
décors se font plus sombres, l'une et l'autre permettant de
comprendre enfin où veulent en venir les deux réalisateurs. Et que
dire de cette conclusion moralisatrice à hurler de rire qui tente de
démontrer que même en tant que spectateur nous possédons tous une
part de responsabilité ? Depuis le tout début de leur
carrière, Ariel Schulman et Henry Joost marchent dans les pas l'un
de l'autre. Ensemble ils commirent les troisième et quatrième
volets de l'immonde franchise Paranormal
Activity,
ceci expliquant cela. Deux tâcherons au service d'une cause
relativement noble puisque Nerve,
en dehors du fait que les deux réalisateurs aient loupé le coche,
part d'un concept fort intéressant. Malheureusement pour eux, les
deux hommes accouchent d'une œuvre immature dont le sujet est trop
vite expédié. Sans doute Nerve a-t-il
rencontré le succès auprès de son public puisque quatre ans plus
tard en 2020, le duo semble avoir repris à peu de chose près avec
le scénario de Project Power,
la même ossature que celle de Nerve...
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