Ouh là ! Ça pique
les yeux et fragilise les tympans. C'est quoi cet immonde générique
ponctué par une soupe musicale signée de Keith Emerson (oui, oui,
du groupe Emerson, Lake & Palmer) à laquelle le réalisateur
italien Lucio Fulci a eu la très mauvaise idée d'adjoindre des
images de danseurs de breakdance ? Ça commence carrément mal
pour un film qui, si je me réfère à tout ce que j'ai pu entendre
ou lire jusque là sur le sujet, ne fait de toute manière pas partie
de la période la plus glorieuse du maître es gore transalpin,
auteur entre autre de L'enfer des Zombies,
de L'au-delà
ou de Frayeurs...
Murder Rock,
titre insipide et réducteur qui signifie à peu de chose près
''rock meurtrier''
(dites-le moi si je fais erreur) et n'a en tout cas rien à voir avec
l'original Uccide a passo di danza,
plus poétique ou du moins chantant qui lui veut dire ''Il
tue au rythme de la danse''...
Vu l'entrée en matière, je ne suis pas loin de penser que la chose
risque d'être aussi marquante que le Dancing
Machine
de Gilles Béhat dans lequel notre Alain Delon national incarnait une
ancienne gloire de la danse devenue handicapée à la suite d'un
grave accident de moto. Devenu prof dans une école de danse,
certaines de ses élèves s'y mettaient à mourir. Connaissant Lucio
Fulci, il y a de fortes chances pour que ses personnages ne soient
pas là pour nous conter fleurette mais plutôt venus pour mourir les
uns après les autres. Trois ans avant l'excellent Bloody
Bird
de son compatriote Michelle Soavi et ses comédiens de théâtre qui
tombaient sous les coups d'un tueur en série, Lucio Fulci nous
proposait ce giallo
du pauvre...
Un
calvaire. Voici ce qu'est Murder Rock.
Qui n'a même pas le mérite d'être son dernier film puisqu'il
continuera dans une même veine désastreuse tout en signant quelques
films très légèrement moins pénibles à regarder. Keith Emerson
signe une bande originale à gerber. De la pop-disco-variété
qu'aucun responsable de supermarché n'aurait même osé mettre en
fond sonore dans son magasin. Lucio Fulci dans toute sa décrépitude.
Mais finis les décors humides, dégoulinants, les cadavres
putréfiés. Car si l'on parle ici de décrépitude, c'est celle dont
le réalisateur n'a conservé que cette inaptitude à proposer quoi
que ce soit de concrètement appréciable. Tout, absolument tout est
bon à jeter aux ordures. C'est à se demander comment le film a pu
connaître une sortie en salle dans son propre pays. Murder
Rock n'est
même pas un bon ou un mauvais nanar. Juste un navet, sans intérêt.
Une enquête policière comme il en existe des milliers mais traitée
ici de manière tout à fait déplorable. On se fiche du sort des
danseuses qui meurent les unes après les autres. Comme se fiche le
réalisateur de ses personnages puisqu'en matière de
caractérisation, c'est le vide sidéral. Les acteurs et actrices
jouent mal, forcent le trait (Ray Lovelock est bien trop démonstratif
dans le rôle de George Webb pour que l'on croit un seul instant à
sa culpabilité). Cosimo Cinieri qui interprète le lieutenant Borges
passe son temps à bouffer des cacahuètes (le doubleur en rajoutant
dans les bruits écœurants de mastication!). La main gantée du
tueur pompe joyeusement le concept que l'on retrouve en général
dans ce type de production.
Si seulement Lucio Fulci et ses trois scénariste (oui, TROIS !!!)
Gianfranco Clerici, Vincenzo Mannino et Roberto Gianviti avaient été
en mesure de disséminer ça et là quelques répliques ou situations
amusantes, même involontaires, Murder Rock aurait
peut-être gagné en intérêt. En rire aurait eu un avantage certain
sur l'ennui qu'il produit. Non seulement les meurtres manquent de
cette puissance horrifique que l'on pouvait reconnaître au
réalisateur italien par le passé, mais l'intrigue est molle et sans
grand intérêt. Et puis, faut-il le préciser, le film nous assène
des chansons qu'il nous contraint d'écouter jusqu'au bout. À
quelques exceptions près Lucio Fulci tente de styliser ses meurtres
(on pense notamment au second) mais là encore, la mollesse avec
laquelle son tueur agit termine de ruiner un potentiel qui de toute
manière s'était déjà fait la malle depuis les toutes premières
minutes. Inutile de préciser au néophyte que s'il veut découvrir
l'univers de l'un des plus grands spécialistes du cinéma gore
toutes origines et tous temps confondus, il n'a surtout pas intérêt
à commencer par celui-ci. A défaut de quoi, il ne poursuivra sans
doute pas au delà de ce seul étron, la carrière du Maître
Fulci...
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