Qui est la proie, et qui
est le bourreau ? Cette question est au centre de Pet,
le dernier long-métrage du cinéaste, scénariste, éditeur et
producteur espagnol Carles Torrens. Contrairement à ce que pourrait
éventuellement évoquer le titre, le film n'est pas une étude
approfondie des gaz intestinaux s'échappant des organismes par les
voies naturelles mais désigne en réalité les animaux de compagnie.
Ceux que le héros est chargé d'entretenir dans le refuge où il est
employé aux côtés de Nate, l'agent de surveillance. Si le titre
fait logiquement référence au lieu de séquestration du personnage
incarné par l'actrice Ksenia Solo, on peut y percevoir également un
message beaucoup plus douloureux. Celui du traitement infligé à
cette même personne qui en l'état, subit un sort similaire à celui
des animaux enfermés un étage plus haut. L'originalité de Pet
ne
demeure évidemment pas dans le huis-clos consécutif à l'enlèvement
d'une jolie jeune femme par un cinglé puisque le sujet a déjà été
abordé d'innombrables fois. Non, le seul véritable intérêt
qu'offre l’œuvre de Carles Torrens se situe surtout au niveau des
rapports que la proie et sa victime entretiennent. Face à Ksenia
Solo/Holly, l'acteur Dominic Monaghan que l'on connaît surtout pour
avoir participé à la trilogie du Seigneur des
Anneaux
ainsi qu'à la série télévisée Lost, les
Disparus
incarne quant à lui Seth, un jeune homme mal dans sa peau. Un
solitaire dont le regard et les pensées vont être littéralement
absorbés par la belle Holly. Une jolie blonde que l'on peut aisément
imaginer tirer profit de son apparence tout en ayant peu de
considération pour son prochain.
Deux
impressions s'opposent alors. Soit l'on est du côté de Seth et l'on
estime que le dédain dont il est victime de la part de Holly mérite
un châtiment. Soit l'on suppose que celle-ci n'a pas d'obligation
envers ce garçon qu'elle ne connaît même pas, et très vite, le
comportement excessif agace le spectateur.
Que
l'on soit d'un bord ou de l'autre, le résultat de cette inefficace
et maladroite approche de Seth vers Holly débouchera vers
l'enfermement de celle-ci dans une cage ne lui permettant même pas
de rester debout. A ce moment très exact du récit, on peut penser à
raison que Pet
fait preuve de très peu d'originalité. Ce thème, le septième art
l'a déjà côtoyé des dizaines de fois auparavant. Non, en réalité,
le film tire sa force (si tant est qu'il en soit pourvu) du caractère
inattendu de ses deux principaux protagonistes. Car d'une certaine
manière, du bourreau et de sa victime pointent un changement
d'humeur renversant totalement la vapeur. Nous constatons ainsi les
faiblesses de Seth tandis qu'il découvre à la lecture du journal
intime de Holly, puis des aveux de celle-ci, le côté sombre d'une
victime finalement pas si blanche que ça.
Des
deux, je repose la question, qui est la proie, et qui est la victime.
Le jeu malsain qu'entretiennent ces deux personnages débouchera sur
un final que je vous laisse explorer par vous-même. Mais derrière
un synopsis ouvrant l'appétit, Pet n'en demeure pas moins un
long-métrage assez décevant. Basé sur un scénario écrit par
Jeremy Slater, le film de Carles Torrens finit par se mordre la queue
à force de tourner en rond et de ne plus rien proposer de nouveau
après une heure de métrage. Nous ne reviendrons pas sur
l'incohérence d'une telle situation puisque l'on est face à un
petit film d'horreur auquel on pardonnera l'excentricité de son
scénario. Toujours est-il qu'après s'être... entiché de ces deux
personnages dans la fleur de l'âge, on en finirait presque par
attendre avec impatience le générique de fin. A voir si jamais vous
n'avez rien d'autre à vous mettre sous la dent...
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