Il est très intéressant de voir comment la presse et une partie du
public sont prêts à réduire certaines œuvres au simple titre de
films d'horreur. Ce principe pouvant avoir de lourdes conséquences,
on ne s'étonnera donc pas de tomber sur des critiques acerbes
relevant de l'ignorance. Comme en fut la victime ce Naboer
du
cinéaste, scénariste et producteur norvégien Pål
Sletaune qui signait là, son troisième et avant-dernier long-métrage à ce
jour. Car non, ce long-métrage scandinave (la
Norvège, la Suède et le Danemark y ayant contribué) datant de 2005
n'est pas simplement qu'un film d'horreur s'inscrivant dans le
quotidien somme toute banal d'un individu abandonné par sa petite
amie mais bien un thriller psychologique plutôt effrayant incarnant
une vision moderne du Locataire
de Roman Polanski sans pour autant en atteindre les mêmes qualités.
Car quoi que l'on
en dise, quoi qu'on en pense, il demeure dans Naboer,
des similitudes avec l’œuvre du polonais. Comme il en demeure dans
bien d'autres par ailleurs (pour exemple, le Musarañas
de des espagnols Juanfer Andrés et Esteban Roel), son héros incarné
par l'acteur norvégien Kristoffer Joner vit seul dans son
appartement depuis que sa compagne Ingrid (l'actrice Anna Bache-Wiig)
est partie filer le grand amour auprès de Ake (l'acteur suédois
Michael Nyqvist que l'on a pu notamment voir dans la trilogie
Millenium).
Pål
Sletaune développe donc son intrigue autour du mal-être de son
personnage principal tout en lui opposant deux voisines
particulièrement collantes et dont le comportement ne laisse rien
présager de bon. L'un des défauts majeurs de Naboer
demeure
dans la caractérisation outrancière des personnages interprétés
par les actrices Cecilie A. Mosli et Julia Schacht. Les traits forcés
de ces deux spécimens de la gente féminine particulièrement
barrées avaient-il besoin d'être si caricaturaux pour que les
spectateurs puissent les identifier comme nocives pour le personnage
de John? Non, certainement pas. Leur attitude exagérée aura
tendance à énerver le spectateur à force de le prendre par la main,
et ainsi donc, pour un idiot. Fort heureusement, de Naboer,
il reste encore de sympathiques choses à retenir. Comme le
personnage incarné par Kristoffer Joner tout d'abord. Plutôt
convaincant dans le rôle d'un John fragilisé par sa rupture d'avec
Ingrid. Là encore, le trait est forcé. Non pas celui de John,
plutôt finement interprété, mais plutôt celui d'une Ingrid au
comportement irritant. Au point que l'on n'ait aucune forme
d'attachement pour ce personnage qui semble parfois tendre la main
pour se faire battre.
Le
climat de Naboer
est
parfois pesant. Peut-être pas aussi lourd que dans Répulsion
ou dans Rosemary's
Baby (tous
deux de Roman Polanski) qui convoquent à leur façon une même
prison dorée, mais accentué par une géométrie des lieux assez
curieuse et parfois étouffante. Un cadre se modifiant au gré de l'intrigue, certains passages disparaissant purement et simplement
jusqu'à un climax final qui se révèle finalement moins surprenant
que ce à quoi le spectateur aurait pu ou dû prétendre ( Musarañas
oblige).
Les
effusions de sang sont rares et n'interviennent que lors des quelques
moment de tension opposant John aux femmes qui constituent presque
exclusivement son entourage. Le soucis avec Naboer,
c'est que son auteur manque véritablement de culot pour se distinguer de la majorité des films proposant ce genre d'intrigue.
Pål Sletaune ne fait qu'empiéter sur des plate-bandes déjà
foulées bien avant lui. On retiendra tout de même la scène
opposant Kristoffer Joner et Julia Schacht durant laquelle l'érotisme
un peu morbide aura pour effet d'agir sur les hormones de ces
messieurs. Une scène relativement excitante réchauffant à sa
manière pourtant peu engageante, une atmosphère toute scandinave.
Naboer
est au final un long-métrage qui se regarder avec un certain plaisir
mais si on aura tôt fait de l'oublier...
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