C'est sans doute
l’apanage de beaucoup d’œuvres, et Dressed to Kill (connu
chez nous sous le titre Pulsions) ne déroge pas à la
règle, mais ce long-métrage de Brian de Palma daté de 1980 a bien
faillit arborer un autre visage que ceux de Michael Cain et d'Angie
Dickinson puisqu'à leur place étaient respectivement prévus
l'américain Sean Connery dans la peau du psychiatre Robert Elliot et
la norvégienne Liv Ullmann dans celle de Kate Miller. Mais le
premier ayant d'autres engagements (au hasard Meteor de
Ronald Neame et Outland : Loin de la Terre de
Peter Hyams) et la seconde considérant le scénario de Brian de
Palma par trop violent, c'est donc Michael Cain et Angie Dickinson
qui prirent leur place. Une situation qui bénéficiera finalement
aux spectateurs car le britannique et l'américaine ont su
parfaitement intégrer leur personnage dans une œuvre qui une fois
de plus chez Brian de Palma, rend hommage à l'illustre Alfred
Hitchcock. Ici, les sources d'inspiration du cinéaste américain
dont la période la plus intéressante, selon les goûts de tel ou
tel spectateur, pourra s'échelonner de 1973 avec Sisters,
que beaucoup considèrent avoir bien mal vieilli, jusqu'à
Raising Cain
datant de 1992 (d'autres argumenteront surtout au bénéfice
de l'adaptation cinématographique de la série Mission
Impossible qu'il réalisera quatre ans plus tard) lorgne du
côté de Sueurs Froides et de Psychose,
ce dernier auquel le cinéaste rend hommage par deux fois à travers
une scène d'ouverture et une conclusion en forme d'épanadiplose. La
fameuse scène de la douche de l’œuvre d'Hitchcock prenant ici une
forme éthérée à travers des travellings toujours plus lents.
Brian de Palma, encore une fois, use de techniques dont il a très
vite appris à se servir. Le split screen étant l'un des principes
dont il s'est fait une spécialité afin de mettre en scène des
actions située dans un espace-temps concordant. C'est la seconde
fois en cette année 1980 que Brian de Palma tourne au cinéma et la
seconde fois également qu'il offre un rôle à l'actrice
new-yorkaise Nancy Allen, que l'on verra une fois encore chez Brian
de Palma dès l'année suivante dans le remake du Blow-Up
de Michelangelo Antonioni intitulé Blow Out, laquelle
interprétera le rôle de Sally aux côtés de John Travolta. Plus
tard, on retrouvera l'actrice dans deux longs-métrages qui
compteront comme parmi les plus importants de sa carrière :
Philadelphia Experiment
de Stewart Raffill en 1984 et Robocop
de Paul Verhoeven en 1987. Michael Cain sort du tournage de l'assez
navrante suite de L'Aventure du Poséidon
qu'avait
réalisé en 1972 le cinéaste Ronald Neame (Le
Dernier Secret du Poseidon d'Irwin
Allen, 1979) et de L'Île
sanglante de
Michael Ritchie, quant à l'actrice Angie Dickinson, on la vit
précédemment dans L'Homme
en Colère
de Claude Pinoteau aux côtés de Lino Ventura et Klondike
Fever
de Peter Carter.
Avec
Pulsions,
Brian de Palma prolonge son goût du suspens en offrant des scènes
dont la longueur frise l'hypnotisme, à l'image de celle durant
laquelle il explore le personnage incarné par Angie Dickinson jouant
au chat et à la souris avec un inconnu avec lequel elle aura ensuite
une relation adultère. Une étrange sensation parcourt l'échine.
Entre le jeu de séduction, l'acte assez peu avouable où l'on
découvre une Kate un brin nymphomane et cette dérangeante rupture
de ton qui fait passer ce moment d'intimité romanesque pour un acte
sale appuyé par la révélation d'un courrier adressé à l'inconnu
et lui signifiant qu'il a contracté une maladie sexuellement
transmissible. Un fait que se révélera finalement insignifiant au
regard du tragique événement qui viendra mettre un terme à la
collaboration d'Angie Dickinson au long-métrage de Brian de Palma.
Le cinéaste joue avec un malin plaisir sur le ressenti du spectateur
en battant le froid et le chaud avec une régularité bien à lui. La
bande originale composée par le fidèle Pino Donnagio a beau planer
au dessus de l'oeuvre du cinéaste, cela n'empêche pas à Pulsions
d'aborder
des sujets aussi délicats que certains troubles de l'identité
sexuelle. Transsexualité ! Le mot est lâché. Une maladie
traitée sous l'angle de la folie par un Brian de Palma qui aime ses
interprètes et se complaît parfois à les filmer durant de longues
minutes. Parmi la petite trentaine de longs-métrages du cinéaste,
Pulsions est
souvent considéré comme l'un de ses tout meilleurs. Et il est vrai
que celui-ci est excellent. De par l'interprétation (n'oublions pas
les présences de Dennis Franz dans le rôle de l'inspecteur Marino
et de Keith Gordon, qui fut le très marquant Arnie Cinningham de
Christine,
dans celui de Peter Miller, le fils de Kate) et la minutie avec
laquelle Brian de Palma a exploité sa mise en scène. A noter que
cette œuvre fut inspirée par la jeunesse du cinéaste lui-même. Un
classique...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire