De la fiction...
Alors que la France est
envahie par l'occupant allemand, le Docteur Petiot participe à
l'évasion des juifs, qui, moyennant finances sont extradés du pays
afin d'échapper aux nazis. De jour, Petiot est un excellent médecin,
très apprécié de ses patients. Il y a d'ailleurs foule dans son
cabinet. Marié à Georgette et père du petit Gérard, il n'est pas
rare qu'il aide son prochain sans rien demander en retour.
Mais sous cette innocente
apparence se cache en réalité un être monstrueux qui guette ses
proies potentielles. Car la nuit, en effet, le Docteur Petiot invite
dans un appartement qu'il possède à Paris, ses futures proies.
Celles-là même qui lui font confiance pour les aider à quitter le
pays. Dans cet appartement, Petiot, qui se fait alors appeler Eugène,
enferme hommes et femmes dans une pièce après leur avoir injecté
un poison censé être un vaccin. Une fois la victime morte, il la
descend jusqu'au sous-sol, la dépouille de tous ses biens et la
découpe en morceaux avant de la faire disparaître dans un four.
Mais alors que son
affaire est bien huilée, il rencontre Drezner, un juif qui lui aussi
a besoin des services du docteur. Mais ce que ne sait pas ce dernier,
c'est que Drezner conclu un marché avec la Gestapo. Pour pouvoir
échapper aux camps, le jeune homme a accepté de lui livrer le
Docteur Petiot...
L’œuvre de Christian
de Chalonge est d'abord une expérience visuelle et sonore. Plongeant
son « héros » au cœur de la triste histoire française
des années quarante, il nous conte le récit véridique d'un médecin
crapuleux qui n'hésita pas à faire des dizaines de victimes pour
son seul intérêt. Et dans ce rôle, qui mieux que Michel Serrault
pouvait incarner ce médecin diabolique ? Visage blafard, yeux
cernés de noir, marche rapide et voûtée, coiffure au vent,
l'acteur campe ici un monstre aux allures de vampire moderne.
Ce qui marque peut-être
le plus dans le visuel du Docteur Petiot, c'est
l'esthétique apportée à chaque plan. Le spectateur est plongée
dans une sorte de rêve sombre dont il est impossible de s'extraire.
Il n'y a en effet pas d’échappatoire, et la quasi totalité des
scènes plongent les interprètes et les spectateurs dans une torpeur
inouïe. Christian de Chalonge semble s'ériger en témoin d'une
œuvre passée flamboyante et joue avec la proximité des
envahisseurs pour faire sienne ce qui bien des années auparavant
était leur marque de fabrique : l'expressionnisme allemand.
Ce qui entache finalement
l’œuvre de de Chalonge, c'est peut-être la mollesse du récit. Il
arrive que l'on s'y ennuie ferme. Et même l'extraordinaire
performance de Serrault (au moins à la hauteur de celle dont il a
fait preuve dans le chef-d’œuvre de Claude Chabrol Les
Fantômes du chapelier), les décors hallucinants et
l'ambiance généralement sordide ne font pas oublier les faiblesses
du film. Tout comme le montage étonnant, et presque désordonné que
l'on mettra sur le compte d'un sujet bien trop touffu pour une œuvre
de seulement quatre-vingt seize minutes.
Mais ne boudons pas notre
plaisir. Le Docteur Petiot demeure dans le cinéma
français une bonne surprise en matière de biopic basé sur
l'histoire vraie d'un tueur en série ayant sévit dans notre pays.
Surtout que Michel Serrault (bravo aux maquilleurs) parvient à nous
donner quelques frissons...
… à la réalité
Originaire d'Auxerre,
Marcel
André Henri Félix Petiot est médecin français lorsqu'il se
retrouve accusé de meurtres à la libération pour avoir tué au
moins vingt-sept personnes. C'est à cause des odeurs fortes de
fumées de cheminée que ses voisins alertent la police. Celle-ci
découvre un abominable charnier, œuvre de Petiot. Des milliers
d'affaires appartenant aux victimes du docteur maléfique, une
chambre à gaz et une pièce tapissée de chaux vive dans laquelle
« baignent » des restes humains. Petiot parvient à
prendre la fuite et s'engage dans les Forces Françaises de
l'Intérieur et se fait appeler Capitine Valen. Mégalomane, Petiot
ne peut s'empêcher de répondre à l'article écrit dans le journal
de presse Résistance
et
titré « Petiot, soldat ru Reich ». Il envoie au
journaliste une lettre manuscrite qui le fera tomber. Arrêté le 31
octobre 1944, il est condamné puis guillotiné le 25 mai 1946 avec
sur les lèvres, un sourire...
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