Roman Polanski, à
travers sa trilogie de l'appartement, avait compris bien avant
d'autres que l'horreur, la vraie ne s'inscrivait pas dans un
quelconque imaginaire mais bien dans un contexte social réaliste.
C'est ainsi que par trois fois, en 1965 avec Répulsion,
en 1968 avec Rosemary's baby puis en 1976 avec Le
Locataire, il s'appliqua à mettre en place ce principe et
réalisa pas moins de trois des plus terrifiants longs-métrages de
l'histoire du cinéma. Quarante ans après que le polonais ait clôt
sa terrifiante trilogie, voilà que débarque sans prévenir The
Ones Below (ou, London House) qui sur un
principe presque semblable à celui de Rosemary's baby risque
de marquer durablement les esprits. Le contexte social décrit par le
cinéaste britannique David Farr est pourtant aussi désuet et naïf
que les mélodrames familiaux diffusés le week-end à heure de
grande écoute. Un sentiment que renforce le cadre presque idyllique
d'un minuscule immeuble planté au beau milieu d'un quartier
tranquille de Londres.
C'est
là que vivent Kate et Justin. Un jeune couple qui attend un heureux
événement : la naissance de leur premier enfant. Peu de temps
après, un second couple vient s'installer dans l'immeuble au rez de
chaussée, juste en dessous de l'appartement de kate et Justin.
Theresa et Jon attendent eux aussi un heureux événement puisque la
jeune épouse attend-elle même un bébé. Invités par Kate à dîner
contre l'avis de Justin, la fin du repas se termine par un accident.
Une chute dans les escaliers qui cause la perte du bébé de Theresa.
Après avoir tenu des propos malheureux envers Kate et Justin qu'ils
accusent d'être responsables de la mort du bébé, Jon et Theresa
quittent un temps le pays pour se ressourcer en Allemagne.
Lorsqu'ils
reviennent plusieurs mois après, Kate a donné naissance à un petit
Billy. Renouant avec leurs voisins, ils acceptent de confier de
temps en temps leur enfant à Jon et Theresa. Mais alors que cette
dernière semble avoir bien récupérer de la perte de son bébé,
Kate dépérit. Elle semble avoir l'esprit ailleurs et oublie un jour
d'éteindre le gaz. Une autre fois, elle oublie d'arrêter l'eau de
la baignoire. Pire : Billy semble allergique au lait maternel.
Peu à peu la jeune femme commence à douter de la sincérité des
voisins et commence à épier Theresa. C'est là qu'elle découvre
qu'en cachette, la jeune femme prend des photos d'elle et du bébé
et va même jusqu'à lui donner le sein...
La
bande musicale composée par Aderm Llhan, le cadre immaculé, et le
rythme lent et cotonneux de la mise en scène procurent le sentiment
que l'on est face à un drame exclusivement centré sur la perte d'un
enfant et ses conséquences psychologiques sur son entourage. Et
d'une certaine manière, c'est en partie le sujet de The
Ones Below.
Mais en se référant au film de Roman Polanski cité plus haut,
allant même jusqu'à en reprendre certain éléments en les
transformant (le spectateur finira invariablement par penser que le
soda préparé avec « amour »
par Theresa à l'attention de Kate est responsable des allergies de
Billy), le britannique effectue un virage à trois-cent soixante
degrés plongeant ainsi ses protagonistes au cœur d'un thriller
émotionnellement très efficace.
Un
peu toujours à la manière de Roman Polanski, David Farr développe
différentes grilles de lecture allant du complot organisé par le
couple formé par les excellents interprètes que sont Laura Birn et
David Morrissey (l'inoubliable Gouverneur de la série The
Walking Dead)
jusqu'à la crise de paranoïa qui semble se développer chez le
personnage de Kate admirablement incarné par l'actrice française
Clémence Poésy.
Dans
le genre film d'horreur psychologique, The Ones
Below
déroule une intrigue implacable, glaçant parfois les sangs devant
un époux (l'acteur Stephen Campbell Moore) pas toujours confiant
envers une épouse apparemment fort déboussolée. Visuellement, le
film de David Farr n'affiche aucune espèce d'ambition. Il réserve
cette dernière à travers une mise en scène épurée, efficace,
sublimée par des interprètes jouant très justement leur rôle sans
jamais dépasser les limites de la cohérence. Au même titre que A
l'Intérieur de Julien Maury et Alexandre Bustillo mais dans un
registre radicalement différent, on conseillera aux futures mamans
d'aller voir ailleurs...
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