Alors que la cantatrice
qui devait interpréter Lady McBeth dans l'adaptation de l'opéra de
Verdi s'est faite renverser après avoir refusé le rôle, C'est la
jeune Betty qui la remplace lors de la représentation. Son
interprétation est un triomphe. Le public est conquis.
Malheureusement, pour elle, parmi ses fans s'en trouve un totalement
dérangé qui va semer la mort autour de la jeune cantatrice.
Pourtant au contact avec cet homme qui va se révéler être un
assassin, la jeune femme est mise à contribution d'une manière fort
étrange puisque à chaque fois qu'une personne est tuée, Betty est
présente, attachée, les yeux forcés à rester ouverts afin de ne
rien manquer du spectacle.
La police enquête sans
parvenir à mettre la main sur le tueur, d'autant plus qu'il porte
une cagoule empêchant le seul témoin, Betty, de l'identifier.
Après le Nabucco
de Verdi qui servait de toile sonore à Inferno, le
cinéaste italien Dario Argento emploie cette fois-ci Mcbeth,
du même compositeur, pour Opera. La pièce étant
auréolée d'une réputation qui lui colle à la peau puisque depuis
le dix-septième siècle plusieurs malheurs eurent lieu durant
diverses représentations, Dario Argento n'a pas mis longtemps avant
de faire le lien entre ceux-ci et ceux qui intervinrent durant le
tournage en cette année 1987. Cinq ans plus tôt, le cinéaste
tourne Ténèbres qui figure parmi ses œuvres les plus
sombres et sanguinolentes, puis en 1985 Phenomena dans
lequel il faisait déjà intervenir des animaux. L'actrice
britannique Vanessa Redgrave qui devait à l'origine interpréter le
rôle de la cantatrice se désiste. Daria Nocolodi qui fut longtemps
la compagne et l'égérie de Dario Argento filme avec lui son dernier
long-métrage et interprète un rôle qu'elle finit par dénigrer. Un
rôle qui apparemment ne la satisfait pas. Le film comptera même un
mort parmi les acteurs.
La particularité de
Opera, c'est le jeu permanent que semble partager le
tueur et sa victime qui ici, lui sert de témoin lors de rituels
sanglants. D'un point de vue esthétique, et même si le film n'est
pas aussi atrocement laid que les œuvres d'un autre italien, un
certain Lamberto Bava (fils du grand Mario), Opera n'a
pas le visuel de ses prédécesseurs. Et même si le cinéaste a un
coup de génie lorsqu'il décide de tourner l'un des meurtres au
ralenti (sans doute l'un des deux ou trois plus fous de toute
sa carrière), l'ensemble se révèle décevant. A propos de meurtres
d'ailleurs, quelle idée d'avoir imposé cette musique rock
insupportable lorsqu'ils interviennent dans le script, rompant ainsi
totalement avec la poésie du McBeth de Verdi. Avec Opera,
Dario Argento glisse lentement mais inéluctablement vers la pente
descendante. Il ne retrouvera jamais plus son éclat de génie, cette
esthétique et cette manière si particulière de diriger ses
interprètes qui partagèrent le public entre pros et anti Argento.
Si Opera
n'a sans doute à aucun moment été victime d'une quelconque
malédiction liée à l'emploi de la pièce maudite de Verdi, Dario
Argento a quant à lui été victime de celle qui touche une grande
majorité des quelques grands cinéastes italiens ayant oeuvré dans
le fantastique et l'horreur. Prenons exemple sur Lucio Fulci, maître
es gore qui produisit de pures séries Z à la fin de sa carrière.
Opera est donc à ranger au rayon des films
transitoires. Entre le meilleur déjà accompli, et le pire à
venir...
A lire également...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire