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jeudi 21 avril 2016

Opera de Dario Argento (1987)



Alors que la cantatrice qui devait interpréter Lady McBeth dans l'adaptation de l'opéra de Verdi s'est faite renverser après avoir refusé le rôle, C'est la jeune Betty qui la remplace lors de la représentation. Son interprétation est un triomphe. Le public est conquis. Malheureusement, pour elle, parmi ses fans s'en trouve un totalement dérangé qui va semer la mort autour de la jeune cantatrice. Pourtant au contact avec cet homme qui va se révéler être un assassin, la jeune femme est mise à contribution d'une manière fort étrange puisque à chaque fois qu'une personne est tuée, Betty est présente, attachée, les yeux forcés à rester ouverts afin de ne rien manquer du spectacle.
La police enquête sans parvenir à mettre la main sur le tueur, d'autant plus qu'il porte une cagoule empêchant le seul témoin, Betty, de l'identifier.

Après le Nabucco de Verdi qui servait de toile sonore à Inferno, le cinéaste italien Dario Argento emploie cette fois-ci Mcbeth, du même compositeur, pour Opera. La pièce étant auréolée d'une réputation qui lui colle à la peau puisque depuis le dix-septième siècle plusieurs malheurs eurent lieu durant diverses représentations, Dario Argento n'a pas mis longtemps avant de faire le lien entre ceux-ci et ceux qui intervinrent durant le tournage en cette année 1987. Cinq ans plus tôt, le cinéaste tourne Ténèbres qui figure parmi ses œuvres les plus sombres et sanguinolentes, puis en 1985 Phenomena dans lequel il faisait déjà intervenir des animaux. L'actrice britannique Vanessa Redgrave qui devait à l'origine interpréter le rôle de la cantatrice se désiste. Daria Nocolodi qui fut longtemps la compagne et l'égérie de Dario Argento filme avec lui son dernier long-métrage et interprète un rôle qu'elle finit par dénigrer. Un rôle qui apparemment ne la satisfait pas. Le film comptera même un mort parmi les acteurs.

La particularité de Opera, c'est le jeu permanent que semble partager le tueur et sa victime qui ici, lui sert de témoin lors de rituels sanglants. D'un point de vue esthétique, et même si le film n'est pas aussi atrocement laid que les œuvres d'un autre italien, un certain Lamberto Bava (fils du grand Mario), Opera n'a pas le visuel de ses prédécesseurs. Et même si le cinéaste a un coup de génie lorsqu'il décide de tourner l'un des meurtres au ralenti (sans doute l'un des deux ou trois plus fous de toute sa carrière), l'ensemble se révèle décevant. A propos de meurtres d'ailleurs, quelle idée d'avoir imposé cette musique rock insupportable lorsqu'ils interviennent dans le script, rompant ainsi totalement avec la poésie du McBeth de Verdi. Avec Opera, Dario Argento glisse lentement mais inéluctablement vers la pente descendante. Il ne retrouvera jamais plus son éclat de génie, cette esthétique et cette manière si particulière de diriger ses interprètes qui partagèrent le public entre pros et anti Argento.

Si Opera n'a sans doute à aucun moment été victime d'une quelconque malédiction liée à l'emploi de la pièce maudite de Verdi, Dario Argento a quant à lui été victime de celle qui touche une grande majorité des quelques grands cinéastes italiens ayant oeuvré dans le fantastique et l'horreur. Prenons exemple sur Lucio Fulci, maître es gore qui produisit de pures séries Z à la fin de sa carrière. Opera est donc à ranger au rayon des films transitoires. Entre le meilleur déjà accompli, et le pire à venir...



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