Délire de persécution ?
Complotisme ? Qui n'a pas vu dans ce court-métrage de
trente-deux minutes signé de Travon Free et Martin Desmond Roe
l'éternel message du flic américain, blanc et raciste commettant
l'irréparable sur un homme de couleur a de la merde dans les yeux !
Tout ou presque ici transpire de cette morale nauséeuse qui pollue
tout ce que l'on touche, entend ou regarde. Et vu le contexte
forcément illusoire de la boucle temporelle, pourquoi n'avoir pas
mis en scène un flic noir et un jeune blanc ? Parce que la
thématique ne sert ici que de prétexte à nous faire entendre et
voire que tout homme de couleur noire risque la mort chaque fois
qu'il croisera la route d'un flic blanc. Two Distant Strangers
a beau être orné d'une esthétique léchée et d'une incarnation
convaincante de la part de Joey Bada$$ et Andrew Howard, on ne
pourra que s'agacer de la répétitivité du message, entre la
première forme que prend la mort du jeune héros Carter James qui
comme George Perry Floyd Jr. meurt étouffé, ici sous la pression
d'un flic, l'intervention du ''coup d'un soir'' en la personne de
Perri (l'actrice Zaria Simone) qui justifie posséder une arme à feu
ainsi : ''Je
suis une femme noire en Amérique. J'ai une arme.''
Ou lorsqu'au travers d'un travelling plongeant filmé au dessus des
rues de New York, un énorme graffiti tagué sur le toit d'un
immeuble fait à nouveau référence à George Perry Floyd Jr.
Avouons que la première version de la mort de Carter s'avère
relativement pénible et nous renvoie à ces injustices dont les
individus de couleurs ne sont pas systématiquement les seuls à être
les victimes. Un acte douloureux et terrifiant qui perd très
rapidement de son intensité lorsque intervient le phénomène de
boucles temporelles puisque la mort ne devient plus que la phase
terminale d'un événement qui mène à un retour en arrière ainsi
qu'à des paradoxes temporels somme toute peu développés...
Deux
ou trois détails qui permettent de révéler au personnage de Carter
James dès son second réveil que quelque chose cloche. Comme un
sentiment de déjà-vu
qui va très rapidement progresser vers le concept de boucle
temporelle. D'où l'idée : Comment échapper à un flic qui
tous les matins vous étrangle ou vous tire dessus ? À ce
propos, les réalisateurs ont très bien choisi leur second
interprète Andrew Howard qui incarne ce salaud de flic blanc et
raciste, Merk. Une pourriture identifiable dès les premières
secondes. Une gueule incroyable qui nous fera penser et peut-être
même oser exprimer que demander de l'aide à un policier américain
revient à tendre le bâton pour se faire battre. Avec son message de
propagande anti-flics (ils sont trois et tous blancs), Two
Distant Strangers
n'aurait pu être qu'un indigeste court-métrage ravissant l'esprit
démagogique d'une certaine partie de son public. Mais
involontairement ou non, une pichenette apporte de la valeur ajoutée
à ce qui n'est au fond qu'un énième ersatz du cultissime Un
jour sans fin
de Harold Ramis. En effet, vers la fin de ce court-métrage d'une
trentaine de minutes, on envisage l'idée selon laquelle [ATTENTION
SPOILER!!!] Merk était conscient depuis le départ qu'il s'agissait
d'une boucle temporelle, induisant ainsi le fait que celle-ci
n'appartient pas seulement à Carter mais au policier également. Un
concept fort séduisant intégré dans un message d'espoir que les
deux réalisateurs, malheureusement, choisissent de saborder lors
d'un final douteux ! Débarrassé de son martellement pro-Black
Live Matter,
Two Distant Strangers
aurait sans doute gagné en intérêt. Dans l'air du temps, on voit
pourtant très clairement où veulent en venir les deux réalisateurs
et c'est bien dommage...
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