Après un bon stage de
trois longs-métrages chez le Japonais Noboru Iguchi et un bon
décodeur à accent québécois, ça devrait amplement le faire.
Slaxx,
cet O.F.N.I venu d'ailleurs. Pas d'une planète d'un lointain système
solaire mais du continent nord américain. Vous savez, là où l'on
juge malsaines des bandes-dessinées venues de France ou de Belgique
et que l'on brûle avec autant de vigueur qu'il y a quatre-vingt ans,
là où les nazis brûlaient les œuvres des intellectuels allemands.
On ne leur rappellera pas que le génocide des indiens d'Amérique
fut très largement plus près de chez eux que de chez nous, les
européens, hum ? Et puis de toute manière, vue la gueule de
Slaxx,
son propos, ses interprètes et sa mise en scène, on aura un peu de
mal à imaginer que cette nouvelle forme de culture qui prône le
tout à l'égout
dans nombre de matières sera passé ailleurs que très largement au
dessus de la tête de la canadienne Elza Kephart, la réalisatrice,
ainsi que de celle de Patricia Gomez, sa co-scénariste. Tandis
qu'un ancien chien de la casse reconverti en fanatique religieux
n'ayant sans doute jamais lu une seule ligne du Coran (en dehors de
quelques versets qui l'arrangèrent bien dans son entreprise de
destruction) est en train de nous expliquer durant son procès qu'il
trouve intolérable d'être traité en prison comme le dit chien
qu'il fut, il y en a pour nous changer les idées. Lorsque l'envie de
voler les codes nucléaires jalousement conservés par le ministre de
la Défense afin de tout faire sauter nous saisi, Slaxx
semble
arriver comme une fleur sur un océan de purin. On se dit qu'à
défaut de refaire ce monde de merde aux abords duquel nous vivons,
l’œuvre de la canadienne aura au moins eu le mérite de nous faire
sinon sourire, du moins changer les idées pendant un peu plus de
soixante-quinze minutes...
On
savait les pneus capables de tuer (Rubber de
Quentin Dupieux), mais qui aurait pensé que quelques années plus
tard, l'exploitation en Inde des petites filles rêvant de jouer à
la poupée plutôt que d'être contraintes de travailler aux champs
allait réveiller la fureur de l'une d'entre elles, morte
accidentellement et réincarnée dans une paire de jeans ? Je
sais, ça a l'air con, et d'ailleurs, ça l'est. Mais le ton que
prennent les interprètes et les dialogues expliquent à eux seuls en
quoi le long-métrage d'Elza Kephart est une œuvre à prendre au
quinzième degré. Une comédie horrifique loufoque, moins débridée
que chez le japonais cité un peu plus haut (clin d’œil à
Mike, qui se reconnaîtra) mais qui fonctionne parfaitement à partir
du moment où l'on n'en attend finalement pas grand chose. Car si les
films d'horreur concentrés en un lieu dit ''entreprise'' sont moins
une denrée rare qu'on puisse l'imaginer (ruez vous sur le jouissif
The Belko Experiment du
génial réalisateur australien Greg McLean sorti il y a cinq ans ou
le très regardable mais pas indispensable Mayhem
: Légitime Vengeance
de Joe Lynch l'année suivante), Slaxx
et son jean hanté et meurtrier n'est malheureusement pas non plus le
meilleur d'entre tous. Parfois jouissivement et méchamment
caricatural (ces maudites ''influenceuses'' en prennent pour leur
grade), insérant dans son propos un message sur l’exploitation de
jeunes enfants en Inde dont l'Occident est toujours le premier
bénéficiaire, Slaxx
nous balance à la gueule des répliques beaucoup plus senties que
ses scènes gore qui d'une manière générale s'avèrent bien
timides. Quant au scénario, aïe, aïe, aïe, il ne vole pas au
dessus du slasher le plus basique. Il suffit juste d'imaginer un
instant le jean tueur être remplacé par n'importe quel boogeyman
pour se faire une idée de l'absence de profondeur de l'écriture.
Quelques répliques qui font mal aux personnages et du bien aux
spectateurs suffiront-elles donc à se sortir de ces temps troubles
qui nous enserrent ? Ouais, mais pour un temps si court que l'on
aura tôt vite fait d'oublier ce petit film tout de même réalisé
et interprété avec toute l'honnêteté de la réalisatrice et de
ses interprètes...
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