Dernière incartade dans
l'univers débridé et excessif du réalisateur japonais Noboru
Iguchi avant de passer à autre chose. Et pas des moindres
puisqu'avec The Machine Girl il signait en 2008 l'un de
ses meilleurs films. Preuve que comme à l'instar de son homologue
Takashi Miike, Noboru Iguchi est capable de produire une œuvre
cohérente et parfaitement maîtrisée où l'aléatoire de la mise en
scène n'entre plus en jeu. La construction et la direction
n'échappent cependant pas aux habitudes du cinéaste qui comme pour
son Robo-Geisha
qui verra le jour l'année suivante démarre au temps présent avant
de revenir le temps d'un long flash-back, sur le passé de son
héroïne. Mais alors que Yoshie Kasuga (Aya Kiguchi) subissait, Ami
Hyuga (Minase Yashiro), elle, est d'un tempérament qui ne
laisse la place à aucune faiblesse. Il faut dire que la jeune femme
semble poursuivie par le malheur. Alors que ses parents se sont
suicidés après avoir été accusés à tort d'une série de
meurtres dont ils étaient innocents, c'est au tour de son frère Yu
(Ryôsuke Kawamura) de perdre la vie, assassiné par Sho Kimura
(Nobuhiro Nishihara) et sa bande. Fils du yakuza Ryûji Kimura
(Kentaro Shimazu) et de Violet (Honoka), sa mère, Sho rackette, bat
et tue en toute impunité. Il faut dire que Noboru Iguchi dresse avec
les Kimura, le portrait d'une famille de timbrés comme le septième
art aime à donner naissance. Tel père, tel fils. Mais aussi, telle
mère, tel fils. Le rejeton de deux fondus du ciboulot, une famille
aisée qui cultive l'art de torturer et de tuer.... et avec le
sourire !
Lorsque
l'on débute avec l'univers de Noboru Iguchi en commençant par
Robo-Geisha,
Mutant Girls Squad
ou Dead Sushi,
il peut s'avérer étonnant de découvrir que The
Machine Girl est
bien signé du même auteur. Car si ce dernier offre le même type de
menu, le japonais semble avoir pris un soin tout particulier pour le
scénario qu'il a lui-même rédigé et pour la mise en scène qui
cette fois-ci n'a plus l'air du brouillon ou laissé au hasard de
l'interprétation que pour les autres longs-métrages évoqués. The
Machine Girl
possède un vrai fond. Osons affirmer que les dialogues possèdent
parfois une véritable richesse. Quant à ses interprètes, et
notamment l'actrice Asami Sugiura qui joue le rôle de la garagiste
Miki, ils ne passent désormais plus simplement leur temps à
déblatérer des lignes de dialogue ''improvisées''. Ces derniers
sont mieux structurés, offrant au long-métrage l'opportunité
d'échapper un temps à l'image de manga-live qu'offrent en général
les productions Noboru Iguchi. Ici, on est tour à tour dans le
concret, puis dans l'absurde. On passe du drama un brin lénifiant,
avec son piano de Prisunic, à l’œuvre outrancière rêvée. On
l'aura compris, The Machine Girl
tourne autour de la vengeance d'une sœur et d'une mère de famille
pour la perte de leur frère et fils respectifs. Deux copains qui
eurent le malheur de croiser la route d'un Sho Kimura psychopathe.
Raffiné d'apparence mais sans une once de morale...
Que
les fans de Noboru Iguchi se rassurent. Le japonais n'a pas choisi
de stopper sa course folle vers le gore le plus outrancier. Bien au
contraire puisque The Machine Girl est
sans doute l'un de ses longs-métrages les plus sanguinolents. Plus
gore que jamais, le film est une succession de séquences d'une
brutalité inouïe qui jouissent d'un avantage conséquent par
rapport aux autres exemples cités plus hautes : en effet, à
part un ou deux exemples, la plupart des scènes de carnage ne font
plus appel aux images de synthèses mais à des maquillages en latex
ou équivalent. Il demeure donc dans ces séquences ce sentiment
d'une boucherie beaucoup plus ''réaliste'' (et je tiens aux
guillemets) que dans la plupart des œuvres de Noboru Iguchi qui
font en général appel aux CGI les plus laids qui soient. Le retour
à un type d'effets-spéciaux qui rappellent les réjouissants
moments que furent en leur temps Bad Taste ou
Braindead,
tous deux signés du néo-zélandais Peter Jackson. Si les
maquillages font appel à la ''matière'', le réalisateur japonais
conserve néanmoins ses délirantes visions du genre gore pour nous
offrir des séquences hallucinantes et hallucinées. Des milliers de
balles qui explosent les carcasses, une tronçonneuse qui découpe
les corps et j'en passe des pires et des meilleures. The
Machine Girl
est un sommet dans la carrière de Noboru Iguchi et s'il fallait
démarrer sa filmographie par un seul de ses longs-métrages,
peut-être faudrait-il au spectateur curieux, commencer par là...
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