Passé maître dans l'art
de la comédie trash, gore et surréaliste, le réalisateur japonais
Noburo Iguchi semble avoir atteint un point de non retour à travers
quelques-unes de ses bobines signées entre la fin des années 2000
et la décennie suivante avec Zombie Ass: Toilet of the Dead,
Dead Sushi
ou Robo-Geisha.
Mais s'il en est une qui atteint des sommets dans le genre et qui
surpasse ces quelques exemples, c'est bien Mutant
Girls Squad qu'il
signa en 2010. On y retrouve tout ce qui fait le ''charme'' de ce
cinéma totalement décomplexé, un brin vulgaire (les apparats
féminins étant exploités sous une forme disproportionnée), mais
sous une configuration plus crue et foutraque que jamais. Pour s'en
convaincre, il suffirait juste de jeter un œil à la dernière
demi-heure de cette compilation de gestes (pas tout à fait)
impromptus exploitant à leur manière le courant super-héroïque
outre-atlantique conquis avant et après Noburo Iguchi par les
américains de la maison d'édition Marvel Comics et par le versant
cinématographique de l'une de ses plus remarquables adaptations sur
grand écran, la franchise X-men.
Profitant de l'absence dans les salles obscures des héros Charles
Xavier, Wolverine, Magnéto ou Malicia et avant leur retour l'année
suivante, en 2010 Noburo Iguchi et Jun Tsugita exploitent le filon
du Super sentai,
cette collection de séries japonaises pour enfants, pour en offrir à
leurs parents, une version outrancière...
Tout
comme chez Bryan Singer, Mutant Girls Squad
met en scène des mutants rejetés par la société face auxquels son
héroïne, elle-même dotée d'attributs particuliers, est peut-être
l'unique chance pour l'humanité de survivre aux projets fous de
celui qui fut au démarrage, son mentor... L'héroïne
de ce conte visuellement transgressif, c'est Rin (l'actrice Yumi
Sugimoto), souffre-douleur de ses camarades qui le jour de ses seize
ans découvre que son père est un mutant. Les bougies de son gâteau
à peine ''soufflées'' par la tête décapitée de son géniteur par
des soldats employés afin de mettre un terme aux agissements du clan
Hiruko (les supers-héros en question), Rin découvre qu'elle est une
hybride (sa mère, elle, était humaine) et se retrouve contrainte de
faire partie du clan dirigé par le mutan-travestie Kisagari
(l'acteur Tak Sakaguchi) aux côtés de Rei (Yuko Takayama). Quitte à
tuer des innocents parmi lesquels, des enfants, Kisagari veut imposer
sa suprématie en instaurant au premier plan de l'humanité, la
présence du clan Hiruko. Si d'un autre côté Noburo Iguchi semble
fasciné par les geisha, ici, le réalisateur voue tout d'abord une
certaine attirance pour les écolières et leurs traditionnel
uniforme avant qu'elles ne troquent leur jupe, chemisier blanc et
foulard rouge pour des tenues beaucoup plus radicales.
Une certaine obsession
pour les petites culottes s'envisage également à travers certains
arrêts sur image et regards hallucinés. Certaines armes
revendiquent leur parenté avec les formes typiquement féminines,
comme ces improbables sabres-seins ou cette tronçonneuse-anale du
plus absurde mais néanmoins réjouissant effet. Noburo Iguchi
laisse s'exprimer le versant le plus délirant de son imagination
lors de séquences ultra-sanglantes où le sang pisse dans des
geysers d'hémoglobine, ce qui tente ici à prouver que le corps ne
contient non pas cinq ou six litres de sang, mais des centaines.
L'heure passée, Mutant Girls Squad mute
alors en un opéra rock où la barbaque s'en donne à cœur joie et
où les personnages subissent brûlures, décapitations,
démembrements et autres joyeusetés. Comme cela est souvent le cas
chez Noburo Iguchi, on a le droit à quelques séquences assez
molles, en rupture avec le reste du long-métrage mais l'hallucinante
séquence de fin qui avoisine la demi-heure parvient sans mal à nous
faire oublier ces dernières. Drôle, trash, gore et nanti de
quelques sympathiques séquences d'arts martiaux, Mutant
Girls Squad est
digne de la réputation de son réalisateur . Les fans vont adorer...
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