Cinéaste ultra-productif
depuis la fin des années quatre-vingt, le réalisateur et scénariste
japonais Noboru Iguchi est l'auteur de presque soixante-dix courts
et longs-métrages, pour le cinéma et pour la télévision
japonaise. Parmi lesquels, Zombie Ass: The Toilet of the Dead
en 2011, Dead Sushi
en 2012 ou sa participation à l'anthologie ABC
of Death
la même année. Trois ans auparavant, il signe en 2009 le très
foutraque Robo-Geisha.
Mélange de science-fiction, d'action et de comédie se déroulant
dans un Japon actuel mais très traditionnel puisque comme l'indique
son titre, le film met en scène des geishas dont la particularité
est d'être en possession de membres et de diverses parties du corps
entièrement mécaniques. Des armes redoutables qui vont servir à
des fins de mort puisque Yoshie et sa sœur aînée Kikuyakko
intègrent tout d'abord la maison de Hiraku, le patron d'une aciérie,
puis y font leurs preuves avant d'être opérées afin d'y être
''améliorées''. Persuadées d'y avoir été enrôlées pour faire
le bien, les desseins de leur nouvel employeur est bien plus sombre
qu'il n'y paraît de prime abord. Entre les deux sœurs, le torchon
brûle plus que jamais. Depuis des années, Yoshie est rabaissée au
rang d'employée. Persuadée d'être moins jolie que sa sœur, elle
n'a jusque là servie que de bonne à tout faire. Mais les choses
vont bientôt changer. Surtout lorsque la jeune femme aura la
difficile mission de s'en prendre à de pauvres villageois qui
menacent de révéler aux autorités les intentions réelles du chef
Hikaru...
Robo-Geisha,
c'est tout d'abord la guerre permanente qui oppose les sœurs Kasuga
qu'interprètent les actrices Aya Kiguchi et Hitomi Hasebe. Un
amour/haine visible dès les premiers instants. Du moins, dès lors
que l'étonnante séquence d'introduction laisse la place à un long,
très long flash-back remontant aux origines de la collaboration
entre les deux sœurs et leur employeur Hiraku. Le film de Noboru
Iguchi mélange tradition japonaises et technologies futures dans un
melting-pot qui semble inapproprié mais qui demeure finalement
cohérent, surtout si l'on connaît bien l'univers du cinéaste. Tout
comme pour Zombie Ass: The Toilet of the Dead
et Dead Sushi,
Noboru Iguchi fait appel à des effets-spéciaux pratiquement tous
conçus en images de synthèse. Des CGI qui ne rivalisent bien
entendu jamais avec ce qu'est capable de produire le cinéma
américain, faute sans doute au manque de talent de ses artisans mais
sans doute plus encore en raison d'un budget serré. Outrancier
autant que jubilatoire, Robo-Geisha
fait montre d'une inventivité permanente que désacralisent
malheureusement des passages à vide très bavards jouant sur la
corde sensible de l'émotion entre ces deux sœurs qui s'aiment et se
détestent tour à tour. Quelques séquences de combats plutôt bien
chorégraphiées viennent s'immiscer au beau milieu d'affrontement
particulièrement généreux en matière d'hémoglobine. Un sang qui
là encore en très grande majorité fait appel aux images de
synthèse.
Les
actrices sont jolies et leurs homologues masculins, jouissivement
caricaturaux. Tout ou presque est invraisemblable, comme ces milliers
de balles qui n'atteignent jamais leur cible, ces victimes qui
mettent un temps fou pour mourir ou ces Geishas transformées en
machines de guerre dont la vision la plus absurde demeure sans doute
lorsque Yoshie voit ses jambes se transformer en... tank !!!
Noboru Iguchi mélange les genres sans complexes et
nous rappelle que le cinéma japonais, ça n'est pas que traditions
ancestrales et arts martiaux. Car c'est aussi le mythe des Kaijû
eiga,
ces longs-métrages et séries télévisées qui dès le milieu des
années cinquante mirent en scène des créatures monstrueuses et
gigantesques. Mais ici, pas de Godzilla, de King Kong, de Mothra ou
de Gamera, non. Juste un Château-monstre du plus vilain effet
détruisant une ville en causant à chaque impact contre un immeuble,
des geysers de sang (!?!). Robo-Geisha,
c'est également la rencontre avec les légendaires Tengu,
ces créatures issues de la religion populaire japonaise et qui
furent notamment au centre de l'un des ouvrages de l'écrivain
écossais Graham Masterton, Tengu.
On l'aura compris, Robo-Geisha
est un improbable fourre-tout, parfois mou, mais dégageant aussi
beaucoup d'énergie à certaines occasions. La promesse d'une soirée
entre potes riche en rires. Bref, du Noboru Iguchi pur jus... !
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