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lundi 6 septembre 2021

Robo-Geisha (ロボゲイシャ) de Noboru Iguchi (2009) - ★★★★★★★☆☆☆




Cinéaste ultra-productif depuis la fin des années quatre-vingt, le réalisateur et scénariste japonais Noboru Iguchi est l'auteur de presque soixante-dix courts et longs-métrages, pour le cinéma et pour la télévision japonaise. Parmi lesquels, Zombie Ass: The Toilet of the Dead en 2011, Dead Sushi en 2012 ou sa participation à l'anthologie ABC of Death la même année. Trois ans auparavant, il signe en 2009 le très foutraque Robo-Geisha. Mélange de science-fiction, d'action et de comédie se déroulant dans un Japon actuel mais très traditionnel puisque comme l'indique son titre, le film met en scène des geishas dont la particularité est d'être en possession de membres et de diverses parties du corps entièrement mécaniques. Des armes redoutables qui vont servir à des fins de mort puisque Yoshie et sa sœur aînée Kikuyakko intègrent tout d'abord la maison de Hiraku, le patron d'une aciérie, puis y font leurs preuves avant d'être opérées afin d'y être ''améliorées''. Persuadées d'y avoir été enrôlées pour faire le bien, les desseins de leur nouvel employeur est bien plus sombre qu'il n'y paraît de prime abord. Entre les deux sœurs, le torchon brûle plus que jamais. Depuis des années, Yoshie est rabaissée au rang d'employée. Persuadée d'être moins jolie que sa sœur, elle n'a jusque là servie que de bonne à tout faire. Mais les choses vont bientôt changer. Surtout lorsque la jeune femme aura la difficile mission de s'en prendre à de pauvres villageois qui menacent de révéler aux autorités les intentions réelles du chef Hikaru...


Robo-Geisha, c'est tout d'abord la guerre permanente qui oppose les sœurs Kasuga qu'interprètent les actrices Aya Kiguchi et Hitomi Hasebe.  Un amour/haine visible dès les premiers instants. Du moins, dès lors que l'étonnante séquence d'introduction laisse la place à un long, très long flash-back remontant aux origines de la collaboration entre les deux sœurs et leur employeur Hiraku. Le film de Noboru Iguchi mélange tradition japonaises et technologies futures dans un melting-pot qui semble inapproprié mais qui demeure finalement cohérent, surtout si l'on connaît bien l'univers du cinéaste. Tout comme pour Zombie Ass: The Toilet of the Dead et Dead Sushi, Noboru Iguchi fait appel à des effets-spéciaux pratiquement tous conçus en images de synthèse. Des CGI qui ne rivalisent bien entendu jamais avec ce qu'est capable de produire le cinéma américain, faute sans doute au manque de talent de ses artisans mais sans doute plus encore en raison d'un budget serré. Outrancier autant que jubilatoire, Robo-Geisha fait montre d'une inventivité permanente que désacralisent malheureusement des passages à vide très bavards jouant sur la corde sensible de l'émotion entre ces deux sœurs qui s'aiment et se détestent tour à tour. Quelques séquences de combats plutôt bien chorégraphiées viennent s'immiscer au beau milieu d'affrontement particulièrement généreux en matière d'hémoglobine. Un sang qui là encore en très grande majorité fait appel aux images de synthèse.


Les actrices sont jolies et leurs homologues masculins, jouissivement caricaturaux. Tout ou presque est invraisemblable, comme ces milliers de balles qui n'atteignent jamais leur cible, ces victimes qui mettent un temps fou pour mourir ou ces Geishas transformées en machines de guerre dont la vision la plus absurde demeure sans doute lorsque Yoshie voit ses jambes se transformer en... tank !!! Noboru Iguchi mélange les genres sans complexes et nous rappelle que le cinéma japonais, ça n'est pas que traditions ancestrales et arts martiaux. Car c'est aussi le mythe des Kaijû eiga, ces longs-métrages et séries télévisées qui dès le milieu des années cinquante mirent en scène des créatures monstrueuses et gigantesques. Mais ici, pas de Godzilla, de King Kong, de Mothra ou de Gamera, non. Juste un Château-monstre du plus vilain effet détruisant une ville en causant à chaque impact contre un immeuble, des geysers de sang (!?!). Robo-Geisha, c'est également la rencontre avec les légendaires Tengu, ces créatures issues de la religion populaire japonaise et qui furent notamment au centre de l'un des ouvrages de l'écrivain écossais Graham Masterton, Tengu. On l'aura compris, Robo-Geisha est un improbable fourre-tout, parfois mou, mais dégageant aussi beaucoup d'énergie à certaines occasions. La promesse d'une soirée entre potes riche en rires. Bref, du Noboru Iguchi pur jus... !

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