Il y a deux ans, je
découvrais l'univers totalement délirant du réalisateur et
scénariste japonais Noboru Igushi à travers son improbable autant
que jouissif Zombie Ass: Toilet of the Dead réalisé
en 2011. Aujourd'hui, c'est encore avec l'un de ses anciens
longs-métrages que je replonge avec bonheur dans un monde rempli
d'incohérences où l'humour s'en donne à cœur joie autant que
l'action et l'horreur. Réalisé un an après avoir mis en scène sa
légion de zombies pétomanes, l'intrigue de Dead
Sushi
tient en ces deux seuls mots. Dans un hôtel restaurant où a réservé
le patron d'une grande entreprise en pharmacologie ainsi que
plusieurs de ses cadres, la jeune Keiko, spécialiste en arts
martiaux et en fabrication de sushis, doit encore faire ses preuves
si elle veut définitivement intégrer l'équipe formée autour des
propriétaires, les Hanamaki (les acteurs Yakashi Nishina et Asami).
Aux abords de l'établissement vit des déchets du restaurant, le
clochard Yamada (Kentaro Shimazu), ancien membre de l'entreprise
présidée par Komatsu (Téru Tezuka) et autrefois piégé puis
démissionné par pure ambition par son bras droit Tsuchida (Kanji
Tsuda). Ceux-là mêmes qui sont justement venus goûter les délices
de l'établissement des Hanamaki. Une session où les mets les plus
raffinés conçus à base de riz et de poisson sont présentés aux
membres de l'entreprise tandis que dans son coin, Yamada prépare sa
vengeance. En effet, cet ancien scientifique qui avait réussi à
concevoir un élixir permettant aux créatures décédées de revenir
à la vie est désormais bien décidé à utiliser son invention afin
de se venger de l'outrage qui lui fut fait des années en arrière...
Noboru
Igushi ne change pas le principe qui l'a vu accoucher l'année
précédente en 2011 du délirant Zombie Ass:
Toilet of the Dead
et conçoit avec Dead Sushi une
œuvre totalement folle. Entre comédie, action et séquences gore
tournées majoritairement à l'aide d'effets-spéciaux numériques,
le réalisateur laisse son prolifique imaginaire aller loin, très
loin, peut-être même... trop loin penseront certains. L'amateur
d'incongruités se laissera, lui, guider dans cette aventure jamais
vraiment sérieuse dans laquelle un ancien scientifique devenu
complètement fou choisi d'injecter un sérum de son invention à
l'intérieur d'un calamar qui va alors reprendre vie et contaminer
des dizaines, voire des centaines de... sushis ! Si le concept
est évidemment invraisemblable, cela n'empêche nullement le
réalisateur de mettre en pratique ce que son cerveau à pu
concevoir. Des batailles rangées entre des convives incrédules et
des sushis volants. Tranches de thons ou de saumons et omelettes
reviennent à la vie et s'en prennent à toutes celles et ceux qu'ils
croisent sur leur chemin. Pour donner vie à son bestiaire
fantastique d'un nouveau genre, Noboru Igushi fait appel à toute une
batterie de concepteurs en effets-spéciaux parmi lesquels Taiga
Ishino, responsable des maquillages et d'une équipe chargée des
nombreux effets numériques dont la plupart, faut-il le reconnaître,
sont totalement ratés. Des images de synthèse d'un autre temps, des
sushi mus par une force invisible (sans doute des ficelles effacées
lors du montage) et des gerbes de sang souvent calculées par
ordinateurs...
Si
les effets-spéciaux sont d'une manière générale relativement
laids à quelques exceptions prêt, la bonne humeur qui règne à
l'image et l'énergie déployée par le réalisateur et son équipe
d'interprètes suffisent à faire oublier les défauts du
long-métrage. Le sang pisse généreusement, les geishas sont
jolies, serviables, mais pas très malines. L'héroïne incarnée par
Rina Takeda fait preuve de prouesses physiques étonnantes lors de
combats, qui sans être tout à fait dignes des meilleurs films
d'action ont le mérite d'être parfaitement clairs à l'image. Après
une succession de ventres mous en première partie, Dead
Sushi
fini par remplir son contrat en terme de délire visuel et au
programme nous est proposée toute une vague de séquences aussi
dingues que réjouissantes : au programme, des dizaines
d'attaques de sushis carnivores et volants, la transformation d'un
clochard en calamar géant, et même oui, le retour à la vie des
victimes des sushis sous forme de morts-vivants. Un mélange qui
lorsque l'on est habitué à l'univers du réalisateur japonais
s'avère plus digeste qu'il n'y paraît. Une œuvre barrée,
jubilatoire, bourrée d'humour, de séquences gore et d'un peu de
nudité. De quoi accompagner une soirée arrosée de saké et d'un
plat constitué de... sushis, bien entendu ! Bon appétit !
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