Pour saisir toutes les
subtilités de Gabal, il va falloir s'armer de
patience. Car si le synopsis et les différentes affiches du films
donnent immédiatement à penser que l'on est devant l'un de ces
sempiternels films de fantômes asiatiques mettant en scène des
esprits à la chevelure brune et luxuriante, Gabal va nous prouver
que dans le genre, certains ont suffisamment d'imagination pour en
proposer une relecture du mythe tout à fait inédite. On est moins
là devant un pur produit horrifique que devant un drame
sentimentalo-fantastique laissant une large place à l'émotion. Des
cascades de violons pour une histoire qui devrait toucher le cœur de
bon nombre de spectateurs tout en laissant sur le bord de la route
celles et ceux qui n'en attendaient pas davantage qu'une succession
de séquences purement horrifiques. il faudra d'emblée abandonner
toute idée d'avoir le trouillomètre à zéro, le but n'étant ici
visiblement pas d'accélérer notre rythme cardiaque mais plutôt de
nous faire d'abord réfléchir sur la perte d'identification d'une
jeune femme atteinte d'un cancer en phase terminale dont la perruque
qui vient de lui être offerte agit de manière fort peu
conventionnelle sur son comportement. On en vient alors à se
demander où se termine le fantastique et où commence la
schizophrénie. C'est en cela que Gabal tient toutes
ses promesses. Sans doute plus que dans l'attente de visions
fantasmagoriques dont ont pourtant le secret bon nombre de
réalisateurs japonais ou sud-coréens ou d'éventuelle saillies gore
dont est de toute manière pratiquement dénué le long-métrage du
réalisateur Won Shin-yeon...
Au cœur de ce récit
étrange et quelque peu brouillon pour les occidentaux parfois
profanes que nous sommes (il faudra un temps d'adaptation pour que
l'on cesse de confondre telle ou telle actrice et par conséquent,
tel ou tel personnage), deux sœurs, un homme et... une perruque,
donc ! Celle-là même qui redonnera le goût de vivre à
Su-hyun (l'actrice Chae Min-seo), pourtant condamnée à mourir sous
peu. Sa sœur Ji-hyun (Sa Hyon-Jin) le sait. Tout comme son époux
(interprété par l'acteur Kyeong-bin Rah). Mais pas Su-hyun qui en
étant en outre sous l'emprise de sa perruque semble également
reprendre des forces au point que sa maladie ne progresse plus. Un
miracle qui malheureusement a des inconvénients. La jeune femme
change de comportement. Devient odieuse et cherche à s'accaparer les
faveurs du mari de sa sœur, lequel a de toute manière décidé de
divorcer. En dehors d'une séquence gore relativement inconfortable
qui survient vers la fin du récit, les quelques passages
fantastiques s'avèrent anecdotiques et ne participent pas, d'une
manière générale, à la progression et l'intérêt du film.
Finalement plus proche du Locataire de Roman Polanski
que de ses homologues japonais The Ring
et Dark Water de
Hideo
nakata) et The Grudge
de Takashi Shimizu, Gabal
est une expérience unique, parfois touchée par la grâce mais qui
souffre d'une lenteur somme toute rédhibitoire. Difficile alors de
savoir s'il faut considérer l’œuvre de Won Shin-yeon comme un
authentique classique du genre ou comme une alternative certes
originale mais dans la forme, plutôt marquée par de trop gros
ventres mous...
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