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dimanche 28 juillet 2013

L'apocalypse selon St George (2.1): Document Of The Dead: première partie: Pré-Production & Production (1985)




Avant d'aborder la seconde trilogie de George Romero consacrée aux Morts-vivants, petit retour sur Document Of The Dead, excellent documentaire retraçant le parcours du tournage de Dawn Of The Dead avec images et témoignages à l'appui. Aujourd'hui, première partie consacrée à la Pré-production ainsi qu'à la production.

Document Of The Dead s'ouvre sur une scène dans laquelle Groucho Marx déclare : "C'est comme la vie à Pittsburgh, si on peut appeler ça une vie". C'est ainsi donc que démarre ce très instructif documentaire essentiellement porté sur les deux premiers volets de la première trilogie des morts-vivants de George Romero. Le cinéaste nous explique que tourner dans la petite ville de Pittsburgh est différent que partout ailleurs. C'est peut-être ainsi pour la liberté qu'elle lui offre que George s'y sent si bien. Elle lui permet de faire ce qu'il veut sans être influencé par tout ce qui touche à la mode. Un esprit d'indépendance qu'il s'efforcera d'ailleurs de conserver tout au long de sa carrière. 

A l'origine de ce Document Of The Dead, des étudiants de la School Of Visual Arts. Réalisé par Roy Frumkes, ce documentaire aborde les étapes essentielles qui vont de la pré-production à la distribution en passant par la post-production. On y fait la connaissance des plus importants élément humains du projet. A commencer par George Romero lui-même. Puis le producteur Richard Rubinstein. Le chef-opérateur Michael Gornick, Carl Augenstein, le chef-électro, Tom Savini, le célèbre spécialiste des effets-spéciaux (qui dans Zombie porte également les costumes d'acteur et de cascadeur). Et enfin les principaux interprètes de Dawn Of The Dead, Ken Foree, Scott Reiniger et David Emge.

Pré-production:

La pré-production concerne avant tout l'écriture, le financement ainsi que l'organisation du tournage. C'est ainsi l'occasion pour nous de découvrir le style de Romero, et ce, à travers les premières plans de Martin, l’œuvre qu'il a mise en scène juste avant Zombie. Une approche qui privilégie l'image à la parole. Ce sont les détails et l'action qui définissent le rôle des personnages et notamment celui de Martin. C'est durant la phase d'écriture que naît le montage. Il y apparaît dans ses grandes largeurs. On notera d'ailleurs que pendant le tournage, le cinéaste ne change rien au script. Le plus flagrant étant le portrait du héros de La Nuit Des Morts-Vivants dont le script ne donne aucun renseignement sur la couleur ou les origines. Ce qui remet en cause certaines idées qui peuvent naître de certaines actions durant le film. Quand à l'ironique conclusion, elle arbore un visage bien différent lorsque l'on apprend que l'acteur principal du film a été choisi non pour sa couleur mais pour son talent. Dès les débuts de Martin, Romero joue avec le temps, définissant ainsi une dimension supplémentaire très facile à déchiffrer (l'image passe de la couleur au noir et blanc) et qu'il ne fera qu'accentuer durant l'intrigue. Le premier montage de Martin durait presque 2h45. Celui de Dawn Of The Dead original fut lui aussi très long, ce qui explique sans doute les différentes versions disponibles selon les régions. Mais ce qui apparaît si long n'est en fait que l'accumulation de descriptions concernant les nombreuses scènes d'action du film et dans lesquelles Romero s'est perdu.

Romero serait-il influencé par Hitchcock ? Le cinéaste se revendique avant tout de Welles et Hawks. Il reconnaît avant tout que le propre du cinéaste est de s'inspirer de ce qu'il a vu, de ce qu'il aimé. Afin d'appuyer ses propos, quelques images de La Nuit Des Morts-Vivants montrent une technique qu'employait déjà le célèbre cinéaste anglais. La Nuit... fut même comparée au cinéma muet. On découvre la source d'inspiration de Romero. En tout cas, le film qui lui a fait aimer ce cinéma d'épouvante auquel il donne vie : La Chose D'Un Autre Monde. On peut d'ailleurs noter des similitudes entre ce dernier et le Zombie de Romero. Le confinement des personnages qui pourtant, sont loin d'être en sécurité. Le danger est partout et même, à une échelle plus ou moins importante, il ne permet jamais aux héros de souffler ne serait-ce qu'un instant.

Si Richard Rubinstein finance le projet, George Romero conserve cependant un contrôle total en ce qui concerne la créativité. Il a écrit le scénario, réalisé le film, puis l'a monté. Mais Rbinstein n'a pas seul financé le projet. Il a fallut également compter sur le soutien du groupe Dario Argento en Italie. Un financement important qui, de l'aveu de George Romero est un avantage et non une contrainte. 

  
Production :

L'équipe tourne maintenant depuis huit semaines dans un immense centre commercial. Si le résultat à l'écran est trompeur, Romero a le droit de n'utiliser les vastes locaux que de 23h à 7h du matin. Aujourd'hui, l'équipe tourne la fameuse scène des tartes à la crème. Une scène totalement improvisée et tournée dans le calme et la bonne humeur. Deux traits de caractère qui définissent assez bien le personnage de George Romero qui préfère tourner dans des conditions idéales plutôt que d'imposer des pressions à ses acteurs ainsi qu'à son équipe de tournage. Le cinéaste aime également se sentir en confiance, ce qui est le cas sur le tournage de Dawn Of The Dead. Plutôt que d'agir comme un véritable dictateur, il préfère écouter les suggestions de ses collaborateurs, quitte à effectuer quelques modifications.

Les fêtes de fin d'année arrivent. Ce qui pose un problème car bien sûr, le magasin va bientôt connaître des changements au niveau de la décoration. C'est ainsi que le tournage est interrompu afin d'éviter de perdre du temps. George Romero en profite pour monter ce qui a pour l'instant été tourné.

Comparativement, Dawn Of The Dead. Possède beaucoup plus d'effets-spéciaux que tous les autres films de Romero. Une charge de travail que l'on doit au grand spécialiste qu'est Tom Savini qui selon les besoins pouvait avoir de cinq à deux-cent maquillages à réaliser. Le maquilleur explique la technique employée pour créer un zombie. On en apprend également davantage sur la technique employée pour les impacts de balles et les explosions. Tom Savini interprète dans le film le rôle d'un biker. Cette nuit, c'est sa disparition qui est filmée. Une scène durant laquelle il doit effectuer une cascade l'obligeant à sauter par dessus une rambarde située au premier étage du centre commercial. La scène nous est montrée alors sous deux angles différents : Le tournage ainsi que la scène telle qu'elle est visible le film une fois terminé.

Malgré l'impression de désordre qui transpire parfois de certains plans, on constate que Romero connaît par cœur le story-board. Les plans, lorsqu'ils ne sont pas purement improvisés ne sont pas le fruit du hasard mais les conséquences d'une véritable réflexion de la part du cinéaste. La meilleure preuve est d'ailleurs visible dans le court extrait de Martin qui démontre le fruit d'un travail sur le story-board et le montage tout à fait stupéfiant.

Malgré le script du départ, il a fallut se rendre à l'évidence. Tourner dans un aussi vaste décor oblige à faire quelques concessions. Il a fallut intégrer l''équipe à la vie du centre commercial. Les propriétaires des lieux étant sensibles au cinéma, ils ont accepté de le prêter généreusement. Payer pour pouvoir y tourner son film aurait été impossible pour George Romero. L'éclairage lui-même pose un problème. L'immensité des locaux oblige le chef-électro à revoir sa copie. Il doit en effet être capable de répondre à chaque impératif comme celui de couvrir cent mètres à l'aide d'un projecteur. Le résultat sur l'écran est pourtant bluffant.

Lors de la fameuse scène des camions de Dawn Of The Dead. Romero isole les trois acteurs y intervenant afin de manipuler les images. Mêlant différentes techniques, il y accentue le suspens, le rythme et la tension. Retour sur La Nuit Des Morts-Vivants et l'un des plus extraordinaire plan de l’œuvre. Un zombie y est filmé en gros plan avant de reculer et de reveler la présence d'une armée de congénères. Le danger qui n'était jusque là qu’imminent est désormais bien présent. En se servant de l'espace, Romero accentue le danger. Maîtrisant un sujet qu'il n'a jamais vraiment étudié, le cinéaste fait preuve d'un instinct remarquable.

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