Avant d'aborder la seconde trilogie de George Romero consacrée aux Morts-vivants, petit retour sur Document Of The Dead, excellent documentaire retraçant le parcours du tournage de Dawn Of The Dead avec images et témoignages à l'appui. Aujourd'hui, première partie consacrée à la Pré-production ainsi qu'à la production.
Document Of The Dead
s'ouvre sur une scène dans laquelle Groucho Marx déclare :
"C'est comme la vie à Pittsburgh, si on peut appeler ça une
vie". C'est ainsi donc que démarre ce très instructif
documentaire essentiellement porté sur les deux premiers volets de
la première trilogie des morts-vivants de George Romero. Le cinéaste
nous explique que tourner dans la petite ville de Pittsburgh est
différent que partout ailleurs. C'est peut-être ainsi pour la
liberté qu'elle lui offre que George s'y sent si bien. Elle lui
permet de faire ce qu'il veut sans être influencé par tout ce qui
touche à la mode. Un esprit d'indépendance qu'il s'efforcera
d'ailleurs de conserver tout au long de sa carrière.
A l'origine de ce
Document Of The Dead, des
étudiants de la School Of Visual Arts. Réalisé par Roy Frumkes, ce
documentaire aborde les étapes essentielles qui vont de la
pré-production à la distribution en passant par la post-production.
On y fait la connaissance des plus importants élément humains du
projet. A commencer par George Romero lui-même. Puis le producteur
Richard Rubinstein. Le chef-opérateur Michael Gornick, Carl
Augenstein, le chef-électro, Tom Savini, le célèbre spécialiste
des effets-spéciaux (qui dans Zombie
porte également les costumes d'acteur et de cascadeur). Et enfin les
principaux interprètes de Dawn Of The Dead,
Ken Foree, Scott Reiniger et David Emge.
Pré-production:
La
pré-production concerne avant tout l'écriture, le financement ainsi
que l'organisation du tournage. C'est ainsi l'occasion pour nous de
découvrir le style de Romero, et ce, à travers les premières plans
de Martin, l’œuvre
qu'il a mise en scène juste avant Zombie.
Une approche qui privilégie l'image à la parole. Ce sont les
détails et l'action qui définissent le rôle des personnages et
notamment celui de Martin. C'est durant la phase d'écriture que naît
le montage. Il y apparaît dans ses grandes largeurs. On notera
d'ailleurs que pendant le tournage, le cinéaste ne change rien au
script. Le plus flagrant étant le portrait du héros de La
Nuit Des Morts-Vivants dont le
script ne donne aucun renseignement sur la couleur ou les origines.
Ce qui remet en cause certaines idées qui peuvent naître de
certaines actions durant le film. Quand à l'ironique conclusion,
elle arbore un visage bien différent lorsque l'on apprend que
l'acteur principal du film a été choisi non pour sa couleur mais
pour son talent. Dès les débuts de Martin, Romero joue avec le
temps, définissant ainsi une dimension supplémentaire très facile
à déchiffrer (l'image passe de la couleur au noir et blanc) et
qu'il ne fera qu'accentuer durant l'intrigue. Le premier montage de
Martin durait presque 2h45. Celui de Dawn Of The Dead original fut
lui aussi très long, ce qui explique sans doute les différentes
versions disponibles selon les régions. Mais ce qui apparaît si
long n'est en fait que l'accumulation de descriptions concernant les
nombreuses scènes d'action du film et dans lesquelles Romero s'est
perdu.
Romero
serait-il influencé par Hitchcock ? Le cinéaste se revendique
avant tout de Welles et Hawks. Il reconnaît avant tout que le propre
du cinéaste est de s'inspirer de ce qu'il a vu, de ce qu'il aimé.
Afin d'appuyer ses propos, quelques images de La Nuit Des
Morts-Vivants montrent une
technique qu'employait déjà le célèbre cinéaste anglais. La
Nuit... fut même comparée au
cinéma muet. On découvre la source d'inspiration de Romero. En tout
cas, le film qui lui a fait aimer ce cinéma d'épouvante auquel il
donne vie : La Chose D'Un Autre Monde.
On peut d'ailleurs noter des similitudes entre ce dernier et le
Zombie de Romero. Le
confinement des personnages qui pourtant, sont loin d'être en
sécurité. Le danger est partout et même, à une échelle plus ou
moins importante, il ne permet jamais aux héros de souffler ne
serait-ce qu'un instant.
Si
Richard Rubinstein finance le projet, George Romero conserve
cependant un contrôle total en ce qui concerne la créativité. Il a
écrit le scénario, réalisé le film, puis l'a monté. Mais
Rbinstein n'a pas seul financé le projet. Il a fallut également
compter sur le soutien du groupe Dario Argento en Italie. Un
financement important qui, de l'aveu de George Romero est un avantage
et non une contrainte.
Production :
L'équipe
tourne maintenant depuis huit semaines dans un immense centre
commercial. Si le résultat à l'écran est trompeur, Romero a le
droit de n'utiliser les vastes locaux que de 23h à 7h du matin.
Aujourd'hui, l'équipe tourne la fameuse scène des tartes à la
crème. Une scène totalement improvisée et tournée dans le calme
et la bonne humeur. Deux traits de caractère qui définissent assez
bien le personnage de George Romero qui préfère tourner dans des
conditions idéales plutôt que d'imposer des pressions à ses
acteurs ainsi qu'à son équipe de tournage. Le cinéaste aime
également se sentir en confiance, ce qui est le cas sur le tournage
de Dawn Of The Dead. Plutôt que d'agir comme un véritable
dictateur, il préfère écouter les suggestions de ses
collaborateurs, quitte à effectuer quelques modifications.
Les
fêtes de fin d'année arrivent. Ce qui pose un problème car bien
sûr, le magasin va bientôt connaître des changements au niveau de
la décoration. C'est ainsi que le tournage est interrompu afin
d'éviter de perdre du temps. George Romero en profite pour monter ce
qui a pour l'instant été tourné.
Comparativement,
Dawn Of The Dead. Possède beaucoup plus d'effets-spéciaux
que tous les autres films de Romero. Une charge de travail que l'on
doit au grand spécialiste qu'est Tom Savini qui selon les besoins
pouvait avoir de cinq à deux-cent maquillages à réaliser. Le
maquilleur explique la technique employée pour créer un zombie. On
en apprend également davantage sur la technique employée pour les
impacts de balles et les explosions. Tom Savini interprète dans le
film le rôle d'un biker. Cette nuit, c'est sa disparition qui est
filmée. Une scène durant laquelle il doit effectuer une cascade
l'obligeant à sauter par dessus une rambarde située au premier
étage du centre commercial. La scène nous est montrée alors sous
deux angles différents : Le tournage ainsi que la scène telle
qu'elle est visible le film une fois terminé.
Malgré
l'impression de désordre qui transpire parfois de certains plans, on
constate que Romero connaît par cœur le story-board. Les plans,
lorsqu'ils ne sont pas purement improvisés ne sont pas le fruit du
hasard mais les conséquences d'une véritable réflexion de la part
du cinéaste. La meilleure preuve est d'ailleurs visible dans le
court extrait de Martin qui démontre le fruit d'un travail
sur le story-board et le montage tout à fait stupéfiant.
Malgré
le script du départ, il a fallut se rendre à l'évidence. Tourner
dans un aussi vaste décor oblige à faire quelques concessions. Il a
fallut intégrer l''équipe à la vie du centre commercial. Les
propriétaires des lieux étant sensibles au cinéma, ils ont accepté
de le prêter généreusement. Payer pour pouvoir y tourner son film
aurait été impossible pour George Romero. L'éclairage lui-même
pose un problème. L'immensité des locaux oblige le chef-électro à
revoir sa copie. Il doit en effet être capable de répondre à
chaque impératif comme celui de couvrir cent mètres à l'aide d'un
projecteur. Le résultat sur l'écran est pourtant bluffant.
Lors
de la fameuse scène des camions de Dawn Of The Dead. Romero
isole les trois acteurs y intervenant afin de manipuler les images.
Mêlant différentes techniques, il y accentue le suspens, le rythme
et la tension. Retour sur La Nuit Des Morts-Vivants et l'un
des plus extraordinaire plan de l’œuvre. Un zombie y est filmé en
gros plan avant de reculer et de reveler la présence d'une armée de
congénères. Le danger qui n'était jusque là qu’imminent est
désormais bien présent. En se servant de l'espace, Romero accentue
le danger. Maîtrisant un sujet qu'il n'a jamais vraiment étudié,
le cinéaste fait preuve d'un instinct remarquable.
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