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mercredi 7 juin 2017

La saga Alien, première partie: (1979-1986) Alien, le huitième passager de Ridley Scott - Aliens, le retour de James Cameron



Premiers symptômes…


Saviez-vous que sans le toujours très inspiré Alejandro Jodorowsky qui réunit en 1975 l’auteur de bandes dessinées Moebius, le plasticien, graphiste et illustrateur Hans Ruedi Giger et le scénariste et réalisateur Dan O‘Bannon, Alien, le Huitième Passager n’aurait peut-être jamais vu le jour ? Saviez-vous que le scénario qui dans un premier temps s’apparentait beaucoup au film d’Edward L. Cahn "It ! The Terror from Beyond Space" datant de 1958 s’inspira également d’un détail beaucoup plus incommodant qui toucha Dan O’Bannon lui-même et qui l’emporta dans la tombe en 2009 ? Et saviez-vous enfin que Tristan et Yseult que le cinéaste Kevin Reynolds réalisa en 2006 devait être à l’origine mis en scène bien des années auparavant par Ridley Scott lui-même en lieu et place de ce que allait devenir (et demeurer aujourd’hui encore) comme l’une des œuvres de science-fiction les plus marquantes de l’histoire du cinéma ? Et ce parce que l’auteur de "Blade Runner" fut totalement subjugué par le premier volet de la saga "Star Wars", "La Guerre des Étoiles" ?
 

Toute ces petites choses qui en réalité en sont des grandes, mises bout à bout, et dieu sait s’il en demeure beaucoup à ajouter à la liste des événements qui ont forgé la légende Alien, ont participé à la mise en boite d’un monument de science-fiction et d’épouvante qui continue de faire son petit effet même après quarante ans. La marque des plus grands. De ces œuvres qui ne se comptent certainement pas sur les quelques cheveux résiduels d’un homme atteint par la calvitie mais qui continuent à faire fantasmer scénaristes, réalisateur, interprètes et spectateurs du monde entier. Le genre de long-métrage qui ferait passer n’importe quel aficionado pour un individu proprement dérangeant ? Dérangé, même dans sa conceptualisation d’un fanatisme le poussant, tel le croyant respectant ses prières quotidiennes, à visionner une fois par semaine ce grand classique spatial et horrifique. A sa manière, ou à LEUR manière, le ou les auteurs du films, qu’ils aient directement participé à la mise en scène ou à l’écriture du scénario ont accouché d’un film à l’érotisme si bien étudié qu’il semble au premier abord invisible si ce n’était à travers le regard perçant de certains spécialistes qui virent à travers certains agissements de personnages ou éléments de décors, des connotations sexuelles qui une fois révélées au grand jour deviennent d’une perturbante évidence. Une fois mis devant le fait accompli, il ne peut demeurer le moindre doute devant cette cavité organique dessinée par un Giger au sommet de son art et figurant un vagin immense pénétré par trois des sept passagers du Nostromo lors de la visite du vaisseau extraterrestre. Si l’on décide de poursuivre de son propre chef la même voie que celle évoquée par celui qui se référa à l’appareil génital féminin pour décrire l’entrée en la matière des trois cosmonautes lors de l’écriture d’un article consacré à "Alien, le Huitième Passager", il devient alors difficile de concevoir la chambre d’incubation où attendent des milliers d’œufs comme autre chose qu’autant d’ovules attentifs à l’apparition du spermatozoïde qui les libérera de la gangue de forme ovoïde qui les retenait jusque-là en un état végétatif. Plus tard d’ailleurs, n’assistons-nous pas à la naissance d’un individu et donc d’une forme nouvelle, à la manière, avouons-le plutôt crade, d’un bébé qu’aura porté en lui l’un des passagers du Nostromo ? 
 

L’adolescence de l’alien arrivant particulièrement vite, la créature a pour habitude de laisser derrière elle ce que l’on a coutume d'appeler « un joyeux bordel ». Incapable de ranger derrière elle, elle laisse traîner après son passage les traces de ses exactions envers l'espèce humaine. De là à juger de son appartenance à une population xénomorphe nationale-socialiste, il n'y a qu'un petit pas à franchir pour se convaincre que l'homme ne s'en fera jamais un ami. D'où l'idée saugrenue que j'ai pu lire je ne sais plus où (et qui proposait à la suite du premier long-métrage une alternative assez curieuse à ce premier effort de Ridley Scott) et qui voyait notre civilisation, ou du moins, quelques-uns de ses représentants côtoyer une population xénomorphe apparemment assagie. 
 

En y regardant d'encore plus près, Alien, le Huitième Passager peut être considéré comme une œuvre visionnaire à l'attention des futures mamans se voyant déjà dorloter leur progénitures avant de subir les assauts immatures de la délicate période de l'adolescence. Déjà très virulent dans sa forme initiale (que l'on ne découvrira que longtemps après avec la dernière livraison de Sieur Scott, "Alien : Covenant") mixant apparemment le végétal et l'animal, le Facehugger, ou Etreigneur de visage prend le relais lors d'une étreinte nourricière pour la futur progéniture de son hôte, puis mortelle pour ce dernier. Donnant ainsi la vie à un Chesturbster, ou Exploseur de poitrine (tout un programme) naissant forcément de façon peu commune, son hôte n'étant de toute manière pas pourvu des orifices d'expulsion naturels. Arrive ensuite la créature sous sa forme la plus séduisante et sans doute la plus mature en dehors de la reine imaginée et designée par James Cameron pour Aliens sept ans plus tard. Une créature phallique, luisante, expectorant une bave épaisse et opaque de sa gueule pourvue d'une double mâchoire dont l'utilité nous est révélée lors du décès de l'un des membres du Nostromo parti à la recherche du chat Jones. L'alien de Ridley Scott est un sale gamin et le Nostromo un bac à sable aux stupéfiantes dimensions.



Injection de testostérones…


Une aire de jeu que James « King of the World » Cameron reprendra à son compte pour Aliens, la suite plutôt couillue d’Alien, l’homologue sans S, et lui aussi interprété par la superbe mais néanmoins androgyne Sigourney Weaver. Une séquelle invoquant d’abord Ridley Scott à la mise en scène et sur une base scénaristique bien différente de celle que Cameron envisagea. Un scénario qui ne ressortira du placard que bien longtemps après (il servira en effet de base à Prometheus), Cameron choisissant d’appliquer la recette de son illustre prédécesseur à la sauce warrior. Car comme pour Terminator peu auparavant et Abyss ou Avatar plus tard, James Cameron aime quelques spécimens gratinés de cette belle armée américaine qui se mit en scène bien des années après dans la guerre du Golfe. De braves soldats rompus à l’art de la guerre offerts en pâture à une horde de créatures belliqueuses. Parmi eux, un nouvel androïde, qui, on le jure à Ripley, n’a pas les défauts du modèle qui le précéda cinquante-sept ans plus tôt et participa à l’élimination systématique des membres du Nostromo.

Tout bon fan de vraie science-fiction s’est forcément demandé un jour pourquoi les équipages sont parfois constitués d’individus bas du front dont la présence à bord d’un vaisseau, d’une navette ou de tout autre véhicule spatial ne serait même pas envisageable dans la vie réelle. Si l’équipage du vaisseau-cargo minier le Nostromo est formé d’individus capables de négocier des virages sécuritaires devant leur permettre de survivre aux assauts répétés du xénomorphe (malgré l’issue que l’on connait et malgré les attributs professionnels de chacun), dans le second volet de la saga Alien on s’étonne de découvrir des soldats immatures, jaugeant les attributs (cette fois-ci, physiques) de leurs camarades et se révélant d’une totale incompétence lors de l’attaque de la base des colons. Le désordre règne non seulement à travers les décors semi-organiques imposés par la présence menaçante des xénomorphes mais également par la seule présence de soldats qui n’étaient pas préparés à un tel déchaînement de violence.

La logique voulant que l’on éprouve une certaine hostilité envers l’androïde Bishop dont la présence ravive de douloureux souvenirs chez Ripley et chez le spectateur, ce dernier ne tardant pas à éprouver une certaine antipathie envers Carter Burke, l'avocat de la compagnie Weyland-Yutani qui employait déjà Ripley à l’époque du Nostromo, et véritable méchant de cet épisode. 

Alors que Ridley Scott avait en un seul film parcouru la presque totalité des évolutions physiques de sa créature (avant d’en imaginer de nouvelles pour Alien :Covenant) James Cameron ose imaginer une reine unique (par colonie), gigantesque (plus de quatre mètres d’envergure), et plus redoutable encore que l’alien qu’imaginait Ridley Scott dans sa forme ultime en 1979.
James Cameron prolonge en 1986 sa vision d’un futur apocalyptique en jetant ses interprètes dans un environnement similaire à celui découvert dans les flash-back futuristes de son excellent Terminator (1984). Lorsque la navette appartenant au vaisseau Sulaco s’écrase sur la planète LV-4-26, les images semblent provenir de rushs appartenant au second long-métrage de James Cameron. La présence de l’acteur Michael Biehn renforçant encore l’impression que cette scène n’est qu’une extension de son œuvre de science-fiction séminale. Toujours aussi emblématique, le personnage incarné par Sigourney Weaver gagne en valeurs ajoutées. Alors qu’elle n’était jusqu’à maintenant perçue que comme un commandant de substitution (à la mort de dallas, dans le premier Alien) menant un double combat (face au xénomorphe et contre la Compagnie Weylad-Yutani incarnée par l'androïde Ash), elle est désormais confrontée au machisme des militaires dont le principal élément féminin de la section (le 1ère classe Jenette Vasquez, incarné par l'actrice Jenette Goldstein) a évacué l'inconvénient d'être une femme parmi des hommes en adoptant le même comportement qu'eux. Contrairement à une Ripley refusant de se soumettre aux railleries de ses nouveaux camarades en tentant (vainement) d'imposer sa vision des implications liées à la mission à venir. 
 
James Cameron intègre la notion d'instinct maternel avec la présence de Newt, une gamine orpheline déjà découverte au début du film dans la version longue, et que Ripley prendra d'office sous son aile. Loin d'imaginer encore le traitement que subira la survivante des expéditions du Nostromo et du Sulaco une fois lâchée par Cameron et reprise en main par David Fincher (Seven, Fight Club, Zodiac) puis plus tard par le français Jean-Pierre Jeunet (Delicatessen, Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain), l'héroïne n'aura jamais autant semblé humaine que dans ce second volet de la saga. Alien³ rompra violemment avec l'image touchante de ce personnage qui après avoir dérivé durant cinquante-sept ans dans l'espace aura retrouvé le statut de mère après avoir appris la mort de sa fille au début du long-métrage. Mais ceci est une autre histoire...

 

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