Œuvre étonnante qui ne
dénote pourtant pas tant que cela dans la filmographie du cinéaste
Français Jacques Demy, Parking eut le bon (ou le
mauvais) goût de vouloir s'inscrire dans une époque tout en n'y
parvenant que très partiellement. Le film transpire les années
quatre-vingt, avec ses néons, ses décors, et un sujet remis au goût
du jour et clairement centré sur le mythe d'Orphée et d’Eurydice.
N'imaginant pas son héros évoluer à l'identique de celui qui
servit de source d'inspiration, le Orphée de la mythologie grecque,
Jacques Demy se permet quelques incartades personnelles: Sa star
évolue donc dans le cadre original d'une salle de concert ainsi que
dans un parking dont l'un des murs semble être un passage menant
directement en Enfer. Un lieu où officie l'acteur Jean Marais dans
le rôle d'Hadès, qui dans la mythologie grecque est le frère aîné
de Zeus et de Poséidon. La présence de l'acteur n'étant pas
innocente, il est clair qu'ainsi Jacques Demy a voulu rendre hommage
à l'interprète de Orphée, l’œuvre de Jean
Cocteau, auquel le cinéaste rend hommage en précisant que l'homme
« aimait ces mots magiques : Il était une fois... ».
En
voulant transposer le mythe d'Orphée dans un monde contemporain tout
en s'inspirant d'un scénario imaginé quinze en arrière, Jacques
Demy prenait le risque de pondre une œuvre déjà dépassée au
moment de sa sortie. S'il est toujours louable de vouloir reprendre
un thème tout en y incorporant une certaine modernité, c'est
toujours aux risques et périls de celui qui en conçoit l'idée.
Bien que plus récent que certains de ses plus célèbres
longs-métrage (au hasard Les Parapluie de Cherbourg en
1964, Les demoiselles de Rochefort
en 1967 ou encore Peau D'äne
en 1970), Parking
prend déjà un sévère coup de vieux lors de sa sortie en France le
29 Mai 1985.
Et
ce, pour plusieurs raisons : tout d'abord, le budget. L'argent
investit n'étant pas suffisamment important, Jacques Demy ne pouvait
pas concrétiser totalement son projet. Là où l'on attendait une
certaine forme de décadence ne demeure qu'un petit film sans
véritable envergure et dénué des ambition de son auteur. En effet,
alors que Jacques Demy avait émit le désir d'offrir le rôle
d'Orphée au chanteur britannique David Bowie, puis à Johnny
Hallyday, c'est finalement l'acteur Francis Huster qui l'obtient.
L'acteur enchaînait l'année précédentes sur deux longs-métrages
éprouvants signés par Andrzej Żuławski (La Femme
Publique et L'Amour
Braque) lorsqu'il fut
embarqué dans cette malheureuse aventure que Jacques Demy désavoua
par la suite et retira de sa filmographie.
L'un
des aspects les plus marquant dans le fait que Parking
soit aussi mauvais fut le choix du producteur Dominique Vignet qu'il
interpréta lui-même les chansons écrites par Jacques Demy lui-même
et mises en musique par Michel Legrand. Le résultat ne se fait pas
longtemps attendre : C'est une catastrophe. Difficile alors
d'identifier Francis Huster/Orphée comme LA star pop du moment.
Celui dont toutes les femmes (et même certains hommes) sont folles
amoureuses et prêtes à n'importe quoi pour obtenir un autographe ou
un baiser de leur idole. Un chanteur affublé d'un bandana qui durant
ses concerts se met même à clignoter. Une fantaisie qui dénote
l'aspect kitschissime du film de Jacques Demy, tourné beaucoup trop
vite selon les désirs d'un Dominique Vignet qui aimerait voir les
acteurs du film monter les marches du célèbre festival de Cannes.
Quant à l'actrice Keiko Îto (japonaise?), qui apparemment tournait
ici son premier et dernier long-métrage en langue française,
l'entendre réciter son texte est parfois un supplice tant on a du
mal à comprendre ce qu'elle dit. En bref, Parking
est un mauvais film. Jacques Demy a raté son œuvre du début à la
fin. Des ambitions revues à la baisse à tous les niveaux. Un film à
voir lors de soirées consacrées aux nanars. Il y aurait sans nul
doute sa place...
quel Ovni ce film !
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