Pierre Tardivet,
professeur de mathématiques, est à la recherche d'une femme à
épouser. C'est en déposant une annonce dans un journal qu'il fait
la connaissance de Georges Vauzange et de son épouse. Parents de
Marie-José, une jeune femme au visage disgracieux, ils espèrent
pouvoir enfin la marier. Alors que sa sœur Véronique est belle,
extravertie, très bien entourée et va bientôt se marier avec
Gérard Durieu dont Marie-José est secrètement amoureuse, cette
dernière accepte de se laisser courtiser par Pierre. De jour en
jour, ils s'apprivoisent. Tout commence par un concert, puis les
soirées s'enchaînent. Un jour, Marie-José accepte d'épouser
Pierre. Ils partent en lune de miel à Venise.
Les années passent. Dix
ans après, Pierre et Marie-José ont deux enfants. Un garçon et une
fille. Ils vivent tous ensemble dans une petite maison de banlieue.
Mais ce que ne savait pas au Marie-José au moment d'épouser Pierre,
c'était qu'il était si prêt de ses sous et encore qu'elle allait
devoir accepter de faire ménage à trois en compagnie de son
acariâtre de belle-mère.
Un jour, Pierre s'offre
l'automobile de ses rêves. Mais alors qu'il n'a pas fait cent
mètres, c'est l'accident de voiture. Son véhicule en percute un
autre et l'oblige à passer quelques temps à l'hopital. Par chance,
l'homme qui l'a percuté est chirurgien plasticien. Tous les frais
étant à sa charge, le pingre Pierre n'a donc aucun soucis à se
faire... ou presque puisqu'après avoir croisé dans la chambre de ce
dernier, son épouse Marie-José, le docteur Bosc propose à cette
dernière de lui refaire le visage. Ce qui n'est pas du goût de
Pierre...
Après avoir débuté sa
carrière de cinéaste en 1942 avec le film La Fausse
Maîtresse, le cinéaste français André Cayatte a réalisé
une quinzaine de longs-métrages avant d'en arriver en cette année
1958 où il réalisa ce Miroir à Deux Faces principalement
interprété par les deux géants du cinéma que furent Michèle
Morgan et André Bourvil. Alors que l'on se souvient surtout de ce
dernier comme d'un acteur ayant interprété des gentilshommes, des
personnages un peu naïfs, voire même beaucoup, Bourvil personnifie
cette fois-ci un homme grave, mesquin, totalement sous l'emprise
d'une mère dont il a repris tous les défauts. Face à lui, une
Michèle Morgan qui durant une bonne moitié du film s'est laissée
enlaidir pour les besoins du tournage. A ce propos, on peut féliciter
le maquilleur Charles E. Parker qui s'est occupé des effets-spéciaux
de maquillage. En effet, et même si le noir et blanc aide forcément
un peu, rien ne laisse paraître que l'actrice porte sur elle des
postiches.
Plus que la simple
histoire d'une déchirure dans un couple provoquée par la
transformation physique de l'épouse contre l'avis de son mari, Le
Miroir à Deux Faces explore le mal-être de ses deux
personnages. Si celui de Marie-José est de prime abord évident,
celui de Pierre est sous-jacent avant d'être pleinement exprimé
lors de son refus de voir son épouse se faire opérer afin qu'elle
puisse enfin être heureuse. Le couple formé par Michèle Morgan et
Bourvil a ceci de touchant qu'il n'est jamais véritablement basé
sur l'amour. La première accepte d'épouser le second par défaut,
l'homme qu'elle aime lui échappant et son physique ingrat
l’empêchant d'avoir d'autres prétentions que d'épouser un homme
qui lui aussi, n'a aucun charme particulier à vanter. C'est
d'ailleurs pour quoi il refuse de voir sa femme s'embellir, de peur
qu'elle ne lui échappe. Pierre n'est pas spécialement beau et
s'estime donc chanceux d'avoir trouvé en la personne de Marie-José,
son âme-soeur. Chantage, menace, prise d'otages affective, mensonge,
avarice, les
dés sont forcément pipés et Michèle Mercier et André Bourvil
donnent ici la pleine mesure de leur immense talent. Autour d'eux,
des acteurs qui n'en demeurent pas moins exemplaires : Ivan
Desny, Gérard Oury (oui, oui, le cinéaste qui tourna aux côtés de
Bourvil deux de ses plus grands succès, Le
Corniaud
et La Grande Vadrouille),
ou encore Elisabeth Manet dans le rôle de Véronique. Le
Miroir à Deux Faces
est un petit bijou...
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