Première question
post-projection que nous nous sommes posée, brute, courte et
concise : ''Alors ?''. Et aussi surpris que nous aurions pu
l'être si la question nous avait été posée avant même d'avoir
osé braver l'incertitude de passer un bon début de soirée, nous
avons a-do-ré ! Sans déc' et avec le plus grand sérieux, ma
compagne et moi avons objectivement pris du plaisir à faire
connaissance avec les Bodin's,
ce duo de comiques formé autour de Vincent Dubois et Jean-Christian
Fraiscinet. Deux comédiens et metteurs en scène qui fêtent cette
année les trente ans d'existence du duo. Dans l'idée, les Bodin's
sont plus proches des Vamps
(dont l'existence leur est antérieure de six années) que de
n'importe quel autre comique ou humoriste hexagonal. En une dizaine
de spectacles, le duo a su se rendre populaire au sein d'un public de
fidèles que Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet conduisirent
même jusqu'aux petit et grand écrans. Au cinéma, les deux
comparses ont jusqu'à maintenant partagé l'affiche à trois
reprises et s'apprêtent à réapparaître dans les salles obscures
l'année prochaine avec Les Bodin's partent en vrille
de Frédéric Forestier. Ce dernier n'en est ici pas à son coup
d'essai puisqu'il débuta en 1993 avant de co-réaliser Le
boulet
auprès d'Alain Berberian en 1997, Astérix aux
jeux olympiques
ainsi que Stars 80 aux
côtés de Thomas Langmann en 2008 et 2012 ou encore, tout seul,
comme un grand, Chasse gardée
l'année dernière. En 2021, Frédéric Forestier réalise Les
Bodin's en Thaïlande
dans
lequel Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet rendossent les
costumes respectifs de Maria et Christian Bodin. Une mère et son
fils issus du milieu rural qui après la tentative de suicide du
second partent pour un voyage vers la Thaïlande afin de redonner le
goût de la vie à Christian dont la compagne l'a quitté. L'un des
principaux atouts de cette comédie qui nous avait parue d'emblée
possiblement lourdingue, c'est le cadre choisi par le réalisateur et
ses deux principaux interprètes qui tous trois ont conçu le
scénario ensemble. Les amateurs de comédies conviant de grandes et
dépaysantes aventures vont être comblés. Entre les boites de
strip-tease nocturnes de Bangkok, les ruelles encombrées de vendeurs
et d'autochtones motorisés de Phuket mais aussi et surtout les
merveilleux archipels de la Thaïlade, le spectateur va voir du pays.
Comédie, aventure, action et thriller se conjuguent ici pour le
meilleur et rarement pour le pire malgré nos craintes.
Près
de cent minutes de récit pour finalement, très peu de déchets.
L'avantage de ces Bodin's en Thaïlande,
c'est son rythme et l'incessant spectacle de ces deux ''ploucs''
de la campagne françaises à peine perdus dans un pays aux charmes
divers qui va les confronter à l'histoire personnelle de la jeune et
jolie danseuse/strip-teaseuse thaïlandaise Malee qu'interprète
l'actrice française Bella Boonsang. Pour son troisième rôle au
cinéma après être notamment apparue dans le remarquable The
Medium
de Banjong Pisanthanakun la même année, l'actrice incarne une
jeune femme aux prises avec le propriétaire d'une boite de
strip-tease qui l'a engagée. Un certain Monsieur Ping (l'acteur
tahïlandais Sahajak Boonthanakit), homme excessivement violent qui
n'hésite pas à faire tuer tous ceux qui lui mettent des bâtons
dans les roues. Si le film ne montre tout d'abord pas la Thaïlande
sous ses plus beaux atours, la suite, en revanche, sera d'un tout
autre ordre. D'une beauté parfois sidérante et doté d'une superbe
photographie, Les Bodin's en Thaïlande
est une véritable invitation au voyage qui dans de larges
proportions rappelle sensiblement certaines séquences d'Un
Indien dans la ville
d'Hervé Palud ou Le jaguar
de Francis Veber. La communion entre nos deux héros et un peuple
dont la gentillesse est formidablement retranscrite à l'image font
du long-métrage de Frédéric Forestier la parfaite évocation d'un
lieu de retraite rêvé pour quiconque voudrait quitter la France ou
sa capitale une fois ses obligations arrivées à terme ! Si les
dialogues sont typiques du langage qui sort en général de la bouche
des Bodin's
et notamment de celle de la très inspirée Maria et s'ils ne sont
pas toujours très fins, on rit malgré tout assez régulièrement.
Entre la séquence lors de laquelle Christian s'échine à éteindre
les lumière de la chambre d'hôtel qu'il partage avec sa mère, la
course-poursuite à pied puis en Tuk-Tuk
avant le très long passage situé dans le village d'enfance de
Malee, le combat dans la cage et tous ces petits moments de
complicité que partagent Christian et sa mère, pas le temps de
s'ennuyer un seul instant. Bref, Les Bodin's en
Thaïlande tient
presque du miracle. De la comédie grotesque et peu fine dont nous
nous attendions à découvrir le même état d'indigence que Les
Municipaux, trop c'est trop !,
Les Bodin's en Thaïlande
est tout le contraire. Inspiré, drôle, divertissant et dépaysant...
Ah ça non, les mecs grimés en vieilles comme eux ou les Vamps, j'ai jamais pu supporter... MDR
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