D'une part, je m'étais promis de ne pas le voir : promesse non tenue...
D'autre part, j'aurais mieux fait de le regarder en VO vu qu'en la personne de la doubleuse Françoise Pavy, le personnage de Minnie Castevet (ici incarnée par Dianne Wiest) a l'air d'avoir été doublée par un vieux travesti du Bois de Boulogne...
Remontons un peu dans le
temps, jusqu'aux origines du premier long-métrage réalisé par
Roman Polanski en 1968. Adaptation du roman éponyme d'Ira Levin
écrit quant à lui un an auparavant et dans lequel une jeune femme
du nom de Rosemary Woodhouse incarnée à l'écran par Mia Farrow et
son époux Guy (John Cassavetes) s'installaient dans un luxueux
appartement d'un immeuble new-yorkais pour y faire notamment la
connaissance de Minnie et Roman Castevet (Ruth Gordon et Sidney
Blackmer). Un charmant couple de personnes âgées qui va très vite
prendre soin de la jeune femme jusqu'à l'arrivée de son premier
enfant. Dans ce classique du cinéma d'épouvante s'inscrivant en
seconde place derrière Répulsion
en 1965 et Le locataire
en 1976 au sein de la trilogie des ''Appartements'',
Roman Polanski abordait des thématiques aussi puissantes que le
désir d'être mère, l'enfermement, les pathologies liées à la
grossesse, le viol ou l'asservissement. Œuvre remarquable mêlant
drame et fantastique, Mia Farrow y incarnait une Rosemary seule face
à ses doutes et à des voisins sans doute trop persistants à
vouloir lui apporter leur soutien pour être tout à fait honnêtes...
Cultivant le soupçon jusqu'au dernier instant, laissant planer un
doute dans un climat de tension et de paranoïa permanentes jusqu'à
rendre l'expérience terriblement étouffante, l'année où sortira
le troisième volet de la trilogie, l'américain Stan O'Steene se
risquera à une suite en tournant un téléfilm intitulé Look
What's Happened to Rosemary's Baby
qui contrairement à ce que l'on aurait pu supposer alors, n'est pas
l'adaptation de la suite du roman intitulé Son
of Rosemary
mais reposait sur un scénario écrit par le romancier lui-même
ainsi que par Anthony Wilson. Sortant ''étrangement''
la même année qu'un autre classique (La
malédiction
de Richard Donner), ce qui peut expliquer la production de ce
téléfilm, Look What's Happened to Rosemary's
Baby
aborde l'existence d'Adrian, le fils de Rosemay alors qu'il a huit
ans... Cinquante-quatre ans après le long-métrage de Roman
Polanski débarquait le 27 septembre dernier sur la plate-forme
Paramount+
une nouvelle itération du mythe avec ce que l'on a coutume d'appeler
une préquelle. Second long-métrage de la réalisatrice Natalie
Erika James quatre ans après Relic
en 2020 et dont on sent parfois le message Post-#MeToo
ravager quelques passages de son nouveau film, on se demande d'emblée
à qui peut bien s'adresser Apartment 7A.
On
recommence ici tout depuis le début en invoquant ce qui semble-t-il
se serait produit avant que Rosemary et son époux ne viennent
s'installer dans leur luxueux appartement du Bradford, à New-York.
Qui donc est visé ? La vieille garde qui découvrit le
chef-d’œuvre de Roman Polanski à l'époque de sa sortie ou bien
ce tout nouveau public sevré aux productions Blumhouse
et consorts ? La réponse est presque évidente puisque les plus
anciens d'entre nous, sans nier que le film de la réalisatrice soit
doté de quelques qualités, n'y verront qu'une resucée parfois bien
maladroite et beaucoup trop démonstrative. Sans l'élégance de
style du réalisateur franco-polonais mais avec la lourdeur toute
américaine qui préfère prendre son public par la main, la
conclusion est si évidente dans son immédiateté que seuls les plus
jeunes qui ne connaissent pas encore Rosemary's
Baby
pourront éventuellement se poser des questions quant à la réalité
ou non de ce qui se produit autour de la nouvelle héroïne, une
danseuse promise à une grande carrière du nom de Terry Gionoffrio
qu'interprète l'actrice Julia Garner. Indépendamment du fait qu'il
s'agisse ici d'une préquelle (pour ne pas dire d'une œuvre
profitant de la prestigieuse image de son modèle pour s'attirer les
faveurs du public), Apartment 7A
est une proposition qui n'est peut-être que très rarement
séduisante mais qui a au moins l'avantage de divertir. Ce qui en
revanche est clair ici, c'est qu'il ne faudra surtout pas compter sur
le climat d'oppression que vécurent les soixante-huitards à
l'époque de Rosemary's Baby.
Ici, l'effroi tente de s'installer à travers des séquences
répétitives et grossières ponctuées par d'habituels Jumpscares
sans que cela ne fonctionne pour autant. Julia Garner a beau avoir du
talent, le récit rame et tourne en boucle, furetant même parfois
vaguement avec le remake du classique de Dario Argento, Suspiria,
signé de Luca Guadagnino en 2018 ou vers la comédies musicale !!!
Pour autant, si le long-métrage de Natalie Erika James semble
vouloir attirer les nouvelles générations, les plus anciens ne
pourront certainement demeurés indifférents devant ce final
évoquant l’œuvre originale. L'apport de la superbe et obsédante
berceuse composée à l'époque par le pianiste polonais Krzysztof
Komeda ne fait que davantage regretter l'existence de cette nouvelle
mouture tout en donnant une furieuse envie de se replonger dans celle
de Roman Polanski...
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