Il y a dans le
merveilleux monde des nanars, des longs-métrages dont la légende
repose davantage sur quelques répliques que pour leurs récits dans
leur ensemble. Si Hitman, the Cobra
est si populaire auprès des amateurs du genre, c'est sans doute pour
les quelques phrases prononcées vers la toute fin de ce récit se
déroulant aux Philippines, dans un petit village de paysans
subissant l'oppression de la part de l'envahisseur japonais.
D'origine hongkongaise, le réalisateur Godfrey Ho (Men Behind the Sun 2 : Laboratory of the Devil) signait l'un de
ses cent-cinquante sept longs-métrages tournés en vingt-sept ans de
carrière ! Autant dire qu'avec un tel rythme, pas étonnant de
trouver parmi une telle filmographie, de quoi passer une soirée au
chaud, bien tranquillement calé dans son fauteuil ou son canapé,
seul ou accompagné de quelques potes avinés ! Hitman,
the Cobra
fait partie de ces incunable du cinéma Z dont la propension à faire
rire et proportionnelle au sérieux affiché par son auteur. Film de
guerre bourré de gunfights, Godfrey Ho semble vouloir indiquer sa
volonté d'égaler le Rambo
de Ted Kotcheff et consorts mais avec des attributs de nanar qui
laissent franchement parfois pantois d'admiration. Dès le départ
l'on sait que l'on franchit les portes d'un authentique spécimen du
genre. Le réalisateur philippin filme une course-poursuite dont les
plans sont remontés à trois reprises, donnant ainsi à cette
ridicule séquence une bien curieuse allure. Ensuite, le récit est
un condensé de maladresses au niveau du montage. C'est à croire que
Homer Kwong, l'artiste chargé de monter les différentes scènes de
combats était à proprement parler en train d'étudier l'art du
montage au moment même de joindre les bouts de séquences les uns
après les autres. Résultat final, Hitman, the
Cobra n'est
qu'une succession de plans sans queue ni tête qui donnent mal au
crâne à trop vouloir comprendre le déroulé du récit. Si l'on a
bien compris le concept consistant à vouloir délivrer tout un
village de paysans philippins de l'oppresseur nippon, le film est un
tel bordel que l'on assiste impuissant à son déroulement sans
finalement plus trop chercher à rien y comprendre. On baisse donc
les bras en résistant péniblement à l'envie de mettre un terme à
cette aventure bricolée avec trois fois rien.
''Philip, je sais où tu te caches... Viens ici que j'te bute enculé...''
Car
oui, les décors sont atrocement vides. On s'étonne même
d'apprendre que la photographie fut dirigée par un être fait de
chair et de sang nommé Raymond Chang tant le visuel est une torture
pour le fragile regard du téléspectateur. C'est laid, mais laid...
Le casting de Robin Poon réunit des figurants qui font là où leur
demande de faire, point barre. Au milieu de cette tribu de paysans
vêtus comme des partisans français de la seconde guerre mondiale
exploités par des individus peu scrupuleux, quelques figures
s'imposent évidemment. Comme l'acteur Richard Harrison qui après
avoir fait une carrière en Italie s'installa aux Philippines dans le
milieu des années soixante-dix. Il incarne le fameux Philip (ça
c'est du prénom ultra-charismatique pour un film de guerre), objet
d'un culte prenant des proportions inimaginables grâce à
quelques-une des répliques les plus mythiques du genre Nanar. Il est
d'ailleurs nécessaire d'indiquer l'importance du doublage français
qui une fois de plus dans le genre, fait des merveilles. Des
''connards'' par
dizaines, des voix viriles qui sentent bon le quotient intellectuel
ne dépassant par les 30 ou 40, Hitman, the Cobra
est fait pour ceux qui en ont plus dans le pantalon que dans la
caboche. Maintenant, évoquons la bande-son du long-métrage. Entre
les nombreuses fusillades qui constituent environ quatre-vingt dix
pourcents du récit, le producteur Stephen Tsang introduit des
passages musicaux qui allient des airs constitués de deux ou trois
notes seulement à des compositions pillées chez d'illustres
artistes. C'est ainsi que l'on reconnaîtra notamment le Mama
de Genesis ou le Phaedra
de Tangerine Dream. La plus grande difficulté pour une œuvre de ce
genre arrive lorsqu'il s'agit de la noter. Faut-il la doter d'un bon
gros zéro, note que l'on accorde généralement aux plus gros ratés
du septième art ou au contraire lui offrir un 10/10 pour les
immenses qualités de production nanardesque dont il dispose ?
Si l'on veut être tout à fait objectif, et ce, que l'on soit fan ou
pas de ce genre de productions, en dehors de ses quelques fameuses
répliques finales et quelques autres passages bien croustillants,
Hitman, the Cobra s'avère
tout de même très ennuyeux. Les combats sont confus et beaucoup
trop nombreux. Reste le ''subtil'' doublage en français, un détail
qui fait toute la différence...
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