Considérer les thérapies
de conversion comme un phénomène inédit revient à dire que l'on
vient de passer les dix ou vingts dernières années enfermé dans
une vieille cabane en bois tout au fond d'une forêt sombre et sans
le moindre contact avec un quelconque média ou un quelconque membre
de son espèce. Si
They/Them
n'est pas le premier long-métrage à traiter du sujet, il l'est du
moins par l'angle que son réalisateur et scénariste a choisi. Le
pic du genre intervient en l'espace d'une très courte période
puisque entre 2018 et 2021 ont éclot pas moins de trois œuvres
consacrées à ce phénomène visant à changer l'orientation
sexuelle d'hommes et de femmes dits ''homosexuels'' et ''bisexuels''
ou ayant des difficultés à reconnaître leur véritable identité
de genre. Come as you are de
Desiree Akahvan, Boy Erased de
Joel Edgerton et Pray Away : désirs martyrisés
de Kristine Stolakis. Deux fictions dramatiques et un documentaire
pour en savoir davantage sur cet épiphénomène qui a pourtant
tendance à prendre de plus en plus d'ampleur à mesure que les
médias s'en emparent... Pour son premier long-métrage en tant que
réalisateur, le scénariste et producteur américain originaire de
l’Illinois, John Logan prend le taureau par les cornes et fusionne
le sujet à un type de film qui de base semble n'avoir aucune raison
de s'y accoupler. Et pourtant, à travers sa première séquence
parfaitement inutile suivie d'une seconde rassurant par contre quant
à la suite des événements, They/Them
paraît tout d'abord s'inscrire dans un genre que les amateurs de
cinéma d'horreur et d'épouvante chérissent dans leur cœur :
le Slasher.
Ouch ! Encore un de plus. Un de trop, peut-être et même sans
doute. Et pourtant, la seule présence de l'acteur Kevin Bacon a de
quoi éveiller la curiosité et les souvenirs des plus anciens
puisque sous forme d'hommage, John Logan convie en tant que vedette
de son tout premier film pas moins que l'un des adolescents trucidés
plus de quarante ans en arrière dans l'une des œuvres séminales du
genre Slasher
réalisée à l'époque par Sean S. Cunningham, Vendredi
13 !
Désormais à la tête d'un petit comité menant des thérapies de
conversion, c'est sous le nom d'Owen Whistler que l'acteur accueille
une dizaine d'adolescents, homosexuels, lesbiens, trans ou
non-genrés.
Des
personnages (tous?) incarnés par des représentants de la communauté
LGBT (et
plus si affinités) parmi lesquels les acteurs américains
non-binaires Theo Germaine et Darwin del Fabro. Production BlumHouse
oblige, le film ne pouvant se contenter d'aborder le sujet de la
thérapie de conversion que sous l'angle psychologico-sociologique,
John Logan fait très clairement référence au Slasher
en incluant quelques gimmicks propres au genre, tel cet employé
apparemment pas très sain d'esprit qui d'évidence sert de leurre
mais qui s'avérera évidemment innocent des quelques meurtres qui
seront commis tardivement durant le récit. Là où They/Them
s'impose
véritablement comme une œuvre qui dans le genre sort quelque peu du
lot est justement cette galerie de portraits pas inintéressants et
traités autrement que s'il s'agissait simplement de ''Freaks''.
Aussi surprenant que cela pourrait paraître aux yeux de celles et
ceux qui ne supportent plus que certains médias s’appesantissent
sur un sujet qui ne touche finalement qu'une minorité d'entre nous,
le long-métrage de John Logan parvient à les rendre immédiatement
attachants. Contrairement à beaucoup de Slashers
dont le script est généralement la principale faiblesse, ici, le
réalisateur et scénariste s'est donné les moyens de proposer des
dialogues plutôt fins ne définissant pas de manière immuable les
orientations sexuelles de ses jeunes personnages. D'ailleurs, et ce
de façon ouvertement ironique, quelques plans convoquant
l'inefficacité du traitement viennent démontrer ici l'inutilité
d'un tel stage qui, en outre, est censé régler le ''problème'' en
l'espace d'une semaine seulement ! Bien loin d'atteindre le
niveau d'intensité du Traitement
Ludovico
d'Orange Mécanique
de Stanley Kubrick, le principal soucis de They/Them
et de ne réserver aucun éclat en matière de Slasher.
Des meurtres très peu sanglants exécutés hors champ et un film
d'horreur qui retombe finalement dans ce qui constitue généralement
les principaux défauts du genre à travers cette déconcertante
facilité qu'ont les personnages à se foutre à poil pour baiser
dans tous les coins ! Rarement jusqu’au-boutiste (on se
souviendra malgré tout du triste sort accordé au vieux chien
d'Owen), le film de John Logan offre surtout le plaisir de
redécouvrir un Kevin Bacon très à l'aise dans le rôle du
vrai/faux gentil pédagogue. Pour le reste, They/Them
finira
par oublier les fondements de son sujet pour se laisser aller à
certaines facilités propres au Slasher.
Comme ce twist parfaitement improbable intervenant après
quatre-vingt dix minutes de projection mais dont je vous laisse le
plaisir de le découvrir par vous-même...
Pu...., "non binaire", "non genré" ("pansexuel", etc...), faut que je me mette à la page, moi... :-)
RépondreSupprimerEvidemment, tout ceci était de la pure science-fiction dans les 70's, 80's voire 90's...