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lundi 14 octobre 2024

Vincent doit mourir de Stéphan Castang (2023) - ★★★★★★★☆☆☆




Vincent doit mourir, c'est d'abord un curieux phénomène qui touche le héros du récit. Qu'arrive-t-il aux gens qui entourent Vincent ? Un simple regard, droit dans les yeux et notre protagoniste se fait agresser. Le premier long-métrage de Stéphan Castang est une vue d'esprit sur la violence qui nous entoure. Un monde qui se délite et où tout est prétexte à la confrontation. Auréolé d'une bonne petite réputation, Vincent doit mourir intrigue, tout d'abord, jusqu'à ce que l'on comprenne que le réalisateur et son scénariste Mathieu Naert ne nous donneront aucune explication quant aux raisons qui poussent ses semblables à vouloir tuer Vincent. À travers son étonnant concept, le film se traverse de bout en bout en implémentant autant d'humour que de séquences chocs. Film moins radical que ne le laissait présager sa très efficace bande-annonce, Vincent doit mourir joue aux montagnes russes, au yoyo, avec les sentiments du spectateur qui passe alors de l'angoisse au rire. Et qui mieux que l'acteur Karim Leklou dont les très brillants débuts de carrière lui ont fait croiser la route de Jacques Audiard en 2009 avec Un prophète pour donner vie à ce personnage relativement énigmatique dont il est tout d'abord peu évident de cerner les ambitions professionnelles ? Employé d'une entreprise dirigée par le directeur des ressources humaines Alex (Jean-Rémi Chaize), il est un jour agressé dans son bureau par un stagiaire après qu'il lui ait fait une remarque, il est vrai, pas très intelligente. On appréhende la séquence comme les représailles d'un homme humilié devant le reste du personnel. Mais lorsque Vincent est de nouveau attaqué par un second collègue avec lequel il n'était jamais entré en conflit, il est clair que le problème est ailleurs. Dans ce scénario totalement fou, voire ubuesque, en forme de ''film d'infectés'' où les raison premières n'ont rien à voir avec un quelconque virus que se serait échappé d'un laboratoire tenu par l'armée, on se laisse guider, tout d'abord sans réfléchir. L'une des références de Stéphan Castang semble être l'hallucinant After Hours de l'américain Martin Scorsese et ce cauchemar éveillé que connaîtra son héros durant une folle nuit new-yorkaise...


Et il est vrai que son film entretient un rapport, si ténu, si lointain soit-il avec ce classique quasi surréaliste. Cette propension à plonger son protagoniste dans un univers qui lui est inconnu et qu'il ne contrôle pas. Mais d'une certaine manière, le film évoque les phénomènes ayant d'un côté conduit les héros de Sans un bruit de John Krasinski à éviter de produire le moindre son et d'un autre poussé ceux de Bird Box de Susanne Bier à se bander les yeux. Comme évoqué plus haut, Vincent doit mourir finira même à défaut de nous donner une explication nette et franche par évoquer cette immense vague de films d'infectés qui depuis une vingtaine d'années a envahi les salles obscures. C'est avec un avis quelque peu mitigé que je suis sorti de la projection. Car si Vincent doit mourir s'avère être une production révélant d'indéniables qualités, il en ressort un concept fort mais finalement exploité de manière résiduelle. Le film peut fort heureusement compter sur le regard tantôt triste, tantôt halluciné de Karim Leklou, rejoint plus tard par la superbe Vimala Pons dont la qualité des choix artistiques, décidément, ne varie pas d'un iota. D'un côté l'on nous offre une vision pessimiste à la puissance mille d'une société qui au quotidien compose avec la violence des rues et de l'autre, le film de Stéphan Castang intègre un humour qui désamorce la quasi totalité des phénomènes qui touchent le héros. Créant une certaine distanciation entre le côté anxiogène du récit qui renvoie inexorablement ses personnages au monde tel qu'il est et cet étrange rapport à la violence qui par extension peut faire régulièrement sourire. Beaucoup de matière alignée sur presque cent-vingt minutes de projection mais avec le sentiment que rien n'est jamais tout à fait abouti. Demeure forcément quelques interrogations (pourquoi un tel phénomène?) mais aussi une jolie romance, marginale et maladroitement touchante entre Vincent et Margaux. On notera parmi les seconds rôles celui du père du héros, Jean-Pierre, incarné par l'acteur François Chattot. Au final, le long-métrage de Stéphan Castang s'avère plutôt convainquant, développant en outre un aspect paranoïaque parfois relativement glaçant. Presque un Objet Filmique Non Identifié...

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