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samedi 23 septembre 2023

Nanny de Nikyatu Jusu (2023) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

N'en déplaise à celles et ceux qui ont apprécié Nanny de la réalisatrice afro-américaine (d'origine sierra-léonaise) Nikyatu Jusu, il lui manque malgré tout un élément essentiel à son premier long-métrage pour être totalement convainquant. À savoir son incapacité à préserver le secret qui entoure l'héroïne interprétée par l'actrice américaine d'origine sénégalaise Anna Diop (Us de Jordan Peele) et son fils pour lequel elle a accepté de quitter sa terre natale afin de gagner sa vie à New York et ainsi subvenir à ses besoins en lui envoyant le fruit de son labeur. Le cruel dilemme de cette œuvre pourtant très réussie est justement de demeurer incapable de maintenir ce mystère que la mise en scène de Nikyatu Jusu met maladroitement en scène et dont on devine après seulement quelques minutes les contours. Maintenant, que dire au sujet des nombreux avis plus que mitigés qui enrobent cet étonnant premier long-métrage ? La déception semble tout d'abord provenir de l'absence réelle de sensations fortes. Voire, horrifiques Car c'est bien ainsi que nous était vendu Nanny. Un film d'horreur. N'en déplaise cette fois-ci à ses détracteurs, Nikyatu Jusu réussit pourtant à livrer une œuvre anxiogène, qui, certes, ne nous fait pas sursauter jusqu'au plafond d'effroi mais qui propose du contenu fort intéressant. L'horreur, la vraie, s'inscrit davantage dans le contexte que dans la forme. L'on rapprochera sensiblement Nanny de l'excellent His House de Remi Weekes qui en 2020 conviait déjà un couple d'immigrés d'origine africaine à vivre une histoire des plus ''sensationnelle''. Dans le cas qui nous intéresse ici, et même si certains éléments semblent être le fruit d'événements fantastiques, la jeune Aisha est l'héroïne d'un naufrage psychologique qui se fond lentement au cœur d'un récit ultra-balisé. Encore un récit autour d'une nounou, de l'enfant qu'elle a la charge de surveiller et de ses deux employeurs. Mais dans le cas présent, pas de manifestation démoniaque ou de troubles d'ordre psychiatrique prompts à faire de l'héroïne une créature mettant en danger son entourage.


Moyennant quelques subterfuges de mauvais goût mais bien dans l'air du temps (le père de la jeune Rose revient après avoir été manifester à Lilles contre les violences policières tandis que la caractéristique principale des hommes ici représentés semble être l'infidélité), Nanny traite du déracinement et de mythologie. Concernant cette dernière, le film évoque une légende provenant d'Afrique de l'ouest et centrale connue sous le nom de Mami Wata. Selon les régions, elle prend différents noms. Le long-métrage la reprend telle qu'elle est souvent décrite sous la forme d'une sirène tentatrice et corruptrice. C'est ainsi que la réalisatrice qui en outre est responsable du script décrit les éléments fantasmagoriques qui ponctuent un récit languissant. Un autre reproche que lui feront d'ailleurs ses détracteurs en soulignant cette vérité incontestable : que le film est parfois trop lent. D'une durée avoisinant les cent minutes, Nanny aurait sans doute mérité d'être expurgé d'un certains nombre de plans fort inutiles. Comme ces repas répétés entre l'héroïne et la gamine (Rose Decker). D'une autre manière, Nikyatu Jusu met de côté certains personnages qui deviennent ainsi secondaires. À l'image du père adultérin interprété par Morgan Spector (le trait est très largement souligné pour n'en point douter) mais aussi et surtout de la mère Amy qu'interprète la superbe Michelle Monaghan. Une femme dont les névroses s'expriment elles aussi inutilement puisque la réalisatrice et scénariste ne va pas au bout du concept. Si ce n'était la présence d'Anna Diop dans le rôle principal, le film manquerait singulièrement d'exotisme. En effet, le long-métrage de Nikyatu Jusu aurait sans doute gagné en intérêt s'il avait conjugué l'angoisse d'une vie loin, très loin de chez soit à une iconographie de tradition africaine largement plus engagée. Il n'empêche que le film remporta l'année dernière Le Grand prix du Jury dans la catégorie compétition dramatique du Festival de Sundance. Preuve que ceux qui l'ont élu ont su relever ses indéniables qualités. Pour ma part, ce seront son ambiance, sa photographie, l'angoissante partition composée par Bartek Gliniak et de Tanerélle ainsi que l'interprétation d'Anna Diop...

 

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