Arte, à travers
le documentaire Cinema Perverso,
laisse la parole a des personnes ayant connu un phénomène très
particulier qui vit le jour en Allemagne après la seconde guerre
mondiale et qui connut un important succès dans les années 1970, le
cinéma de gare. Alors qu'à l'origine, les gares étaient pourvues
de salles dans lesquelles étaient initialement et exclusivement
diffusées les actualités du moment, le cinéma envahit peu à peu
les lieux et fit le bonheur de voyageurs auxquels on permettait de
patienter à l'arrivée de leur train en regardant des films. N'y
étaient pourtant projetés que des séries Z d'assez mauvaise
facture. Avec l'arrivée de la VHS qui permettait au commun des
mortels de s'offrir le cinéma au domicile, l'engouement du public
pour les projections de films dans les gares s'est peu à peu éteint,
ce qui sonna le glas du « Non-Stop-Kino »...
Les cinéastes Uwe Boll
(Rampage), Jörg Buttgereit (Nekromantic),
l'archiviste Franck Becker, l'actrice Mechthild Grobmann, ou encore
le musicien Wolfgang Niedecken reviennent sur le phénomène à
travers leurs témoignages personnels. Bon nombre de longs-métrages
furent diffusés dans ces salles : Des films d'aventure, de cape
et d'épée, de science-fiction, des westerns également, des
comédies, de l'action, des péplums et même des mondo dont certains
montraient déjà l'époque des scènes parfois extrêmement
choquantes. Le sexe fut évidemment représenté. De l'érotisme
venant de Suède et de Finlande, la législation allemande de
l'époque interdisant de tourner directement ce genre de production.
Des centaines de films
aux titres aussi évocateurs et explicites que Hercule and the
Black Pirates, The Iron Man (rien à voir avec
la série de films initiée par le cinéaste Jon Favreau et inspirés
du comics éponyme édité par Marvel), Empire of the
Ants, Days of Violence, La Planète des
Vampires,
Shamango, Das Ungerheuer von Loch Ness,
Frankenstein's Kampf Gegen die Teufelsmonster,
Der Satan mit den 1000 Masken,
etc, etc... Des titres absurdes et sensationnels comme Night
of the Rolling Heads
(La Nuit des Têtes qui Roulent), The Ghost Ship
of the Floating Dead
(Le Vaisseau fantôme du Mort Flottant), ou Night
of the Riding Dead
(que l'on peut traduire par La Nuit des Motards Morts-Vivants).
Oberhausen
Main Station,
Bali Non Stop
Cinéma,
Bali Kino Kassel
Main Station,
autant d'endroits où l'on pouvait admirer des dizaines de photos de
films à l'affiche au même moment. De quoi mettre l'eau à la bouche
des futurs spectateurs qui pouvaient alors se délecter des scènes
les plus croustillantes.
Certaines
œuvres américaines, trop courtes, et n'ayant donc pas la durée
suffisante pour ce genre de projections, sont à l'époque pourvues
de rajouts directement tournés à Bielefeld (ville-arrondissement
industrielle d'Allemagne) par une équipe de cameramen locaux sans
qu'aucune demande d'accord ne soit effectuée auprès des producteurs
de l’œuvre originale, ceux-ci demeurant alors totalement ignorants
de ce genre de pratiques. Ces films ainsi remontés ne suivaient pas
la voie classique de diffusion qui permettent aujourd'hui de les
distribuer ensuite en vidéo et de les diffuser à la télévision.
La seule possibilité de les voir étant à l'époque de se diriger
vers l'une des stations de gares qui les diffusait.
Cinema Perverso
est un excellent documentaire que tout fan de cinéma en général et
de films d'exploitation se doit de découvrir. L'émission fut diffusée sur Arte le samedi 31 octobre 2015 à 22h35 et dure 59 minutes. Espérons qu'elle sera bientôt rediffusée et permettra à ceux qui l'on manquée de pouvoir enfin la découvrir à leur tour...
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