Décidément, ce pauvre
Joe Patroni (personnage interprété à quatre reprises par l'acteur
George Kennedy) n'a pas eu de chance avec les voyages aériens. Après
avoir essuyé plusieurs catastrophes aériennes, cet ancien chef de
la sécurité (Airport), vice président
d'une compagnie aérienne (747 en Péril)
et chef des opérations de sauvetage (Les
Naufragés du 747), le voici désormais
aux commandes d'un Concorde flambant neuf. Exit les vieux modèles de
boeing 707 et 747. Désormais, c'est à bord d'un avion de ligne
supersonique capable de voler à une vitesse légèrement supérieure
à deux fois celle du son. L'embarquement des passagers se fait
attendre. 28 minutes à partir du générique du début, auxquelles
il faut aouter neuf minutes supplémentaires pour enfin voir le
Concorde s'envoler. Autant de temps à nous présenter des
personnages secondaires amusants. Le saxophoniste consommant de
l'herbe dans de fortes proportions, l'équipe de gymnastes russes
dont un « gros bébé »
est accompagné de son adorable petite fille muette, et dont l'une
des athlète est éprise d'un très séduisant américain. La
réconciliation américano-soviétique serait-elle en marche ?
Exit aussi la jeune fille malade, remplacée désormais par une
glacière renfermant le cœur destiné à la greffe d'un enfant d'à
peine dix ans. Georges Kennedy, toujours au rendez-vous et unique
rescapé des trois autres volets de la saga catastrophique Airport,
c'est lui qui tient désormais les commandes de l'avion de ligne dans
le rôle du commandant Joe Patroni.
Si Airport
80 est bien d'origine américaine, il
compte dans ses rangs la présence de l'acteur français Alain Delon,
véritable star chez nous, et à l'époque premier acteur français
ex-aequo avec l'autre monstre sacré du cinéma français des années
quatre-vingt spécialisé dans le film d'action, Jean-Paul Belmondo.
Il est amusant de noter que le titre français présenté ci-dessus
diffère très légèrement de l'original. Aux États-Unis, le film
est en effet sorti sous le titre de Airport
79 et si un changement a té effectué en
chemin sur le sol français, c'est avant tout en rapport avec sa
date de sortie. Imaginez : Airport 80
sortant chez nous le 19 décembre 1979 et continuant sa route sur les
écrans de cinéma l'année suivante, soit en 1980, avec un titre se
référant à l'année qui vient de s'écouler et non plus celle en
cours, cela aurait sans doute nuit à l'image du film de David Lowell
Rich qui pourtant déjà, sentait un peu le renfermé.
Alain Delon
a beau faire... le beau... devant la caméra, et George Kennedy
déployer tout le capital sympathie qu'il a acquis au prix de
nombreuses incarnations au cinéma, Airport
80 paraît plus âgé qu'un autre film de
catastrophe aérienne sorti, lui, huit ans plus tôt (Alerte
à la Bombe). Cependant, l'une des
grandes forces du films est d'avoir mêlé une intrigue en marge du
sujet central de la saga afin de justifier la constitution en deux
actes du long-métrage. Au cœur d'une machination perpétrée par un
ingénieur concevant des armes de guerre pour l'armée américaine
mais également pour des pays n'étant pas en odeur de sainteté avec
le pays qui le nourrit, l'acteur Robert Wagner. Découvert par sa
maîtresse, la journaliste Maggie Whelan (Susan Blakely), cette
dernière menace de tout révéler à la presse. Une proposition
forcément inconcevable pour l'ingénieur Kevin Harrison qui va alors
tout mettre en œuvre pour que le vol à destination de Paris
disparaisse des radars avant l'arrivée.
Pour mettre
un terme en forme d'apothéose à la saga des Airport,
David Lowell Rich propose non pas une catastrophe, mais deux. On
suppose donc assez vite, et compte-tenu de la vitesse à laquelle
arrive à son terme la première, que tout est à recommencer. Des
missiles, et un fantôme armé jusqu'aux dents vont éprouver les
nerfs et le facultés des deux commandants de bord. Jusqu'à cet
atterrissage en douceur n'ayant fait aucune victime. Mais alors qu'il
reste trois quart d'heure de métrage, on se doute que le Concorde,
son équipage et ses passagers n'ont pas fini d'en baver... Jusqu'à
un final aussi improbable que ridicule, d'ailleurs. Airport
80 se
laisse regarder sans véritable déplaisir. Il fallait de toute
manière conclure cette saga. Et si David Lowell Rich ne le fait pas
de la meilleurs des manières, on se laisse bercer par une intrigue
qui pourtant, au bout de quatre longs-métrages, a façonné des
spectateurs rompus à l'exercice des dangers aériens proposés par
le cinéma américain des années soixante-dix...
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