Je voudrais tout d'abord
remercier mon grand ami Joël pour avoir su me convaincre de me
lancer dans la projection de Kill Bill : Volume 1
de Quentin Tarantino. Si tu me lis, saches que je t'en serai
éternellement reconnaissant. Et pourtant, c'était pas gagné, je
vous le dis. Dans mon top dix des cinéastes les plus ennuyeux, les
plus surcotés, l'américain tient une place de choix ! Le genre
de bonhomme dont le style, souvent, m'exaspère. Au point que je ne
suis que très rarement parvenu à aller au bout des quelques films
que je me suis laissé convaincre de regarder. Reservoir
Dogs ?
Sympa, sans doute, vu que je n'en ai gardé aucun souvenir ou
presque. Pulp Fiction ?
Stoppé net lors de la scène de danse. Boulevard
de la mort ?
Très en deçà du Planète terreur
de Robert Rodriguez avec lequel il partagea en 2007 l'affiche du
double programme intitulé Grindhouse.
Django Unchained ?
Pas tenu plus de vingt minutes. Quant à Inglourious
Basterds,
Les Huit Salopards et
Once Upon a Time… in Hollywood,
je ne me suis même pas donné la peine de les regarder.............
Oui, je sais, j'en ai oublié un : Jackie
Brown,
seul à trouver grâce à mes yeux jusque là. S'il n'est pas certain
que Kill Bill : Volume 1
me réconcilie avec le cinéma de Quentin Tarantino et que je ne me
sens pas encore près à reprendre sa filmographie depuis le début,
je dois avouer que l'expérience fut extrêmement gratifiante.
Surtout en ce vendredi 9 mars 2024 pluvieux, venteux, nuageux et
glacial. Le genre de long-métrage qui réchauffe le cœur et l'âme
à défaut des orteils ou de toute autre frileuse extrémité !
Surtout, et comme la légende entourant son auteur le veut, Kill
Bill : Volume 1
est un vrai film de cinéphile, réalisé par un cinéphile pour les
cinéphiles. Et même plus loin puisque les cinéphages eux-mêmes
s'y retrouveront. De quoi faire revivre la mémoire cinématographique
de chacun, avec ses propres références. Les miennes ? Baby
Cart : Le Sabre de la vengeance de
Kenji Misumi et ses suites ou la pantagruélique franchise initiée
en 1962 par ce même réalisateur japonais, La
Légende de Zatoïchi : Le Masseur aveugle.
D'une certaine manière, Kill Bill : Volume
1
fait le pont entre le cinéma d'hier et celui qui allait devenir le
cinéma de demain mais qui depuis est déjà derrière nous.
Brassant
de nombreuses inspirations dont un large pan du cinéma d'action et
d'arts-martiaux nippon des années 60 et 70 (si le sabre renvoie
forcément aux deux franchises évoquées juste au dessus, la tenue
que porte lors de la dernière partie Uma Thurman ici présente dans
le rôle de Beatrix Kiddo/Black Mamba rappelle très clairement celle
de Bruce Lee dans Le jeu de la mort
réalisé en 1978) et reposant sur un concept on ne peut plus simple
(une histoire de vengeance), Quentin Tarantino s'autorise toutes les
folies. Qu'il s'agisse à proprement parler de la mise en scène, le
bonhomme filme en couleur, en noir et blanc et intègre même
quelques séquences animées comme lors de la formidable scène
revenant sur le passé dramatique de O-Ren Ishii/Cottonmouth
qu'interprète l'actrice sino-américaine Lucy Liu.
Champs/Contre-champs, Plongées et Contre-plongées, Split-Screen
(assez discret, il est vrai), Quentin Tarantino nous gratifie d'une
mise en scène absolument remarquable permettant ainsi de transformer
un script tout ce qu'il y a de plus commun en un film d'action et
d'arts-martiaux auquel un certains nombres de longs-métrages et de
cinéastes devront beaucoup. Parmi ses héritiers, on peut citer la
franchise John Wick
de Chad Stahelski ou la série de films Kingsman
de
Matthew Vaughn. Si les séquences d'arts-martiaux ne se comptent pas
par dizaines, elles sont riches, longues et chorégraphiées avec
suffisamment de brio pour contenter les amateurs. Des combats qui
frisent d'ailleurs parfois le burlesque, surtout lorsque têtes, bras
et jambes volent dans les airs en laissant derrière eux des geysers
de sang qui n'effraieront cependant même pas les plus fragiles de
l'estomac. Notons également la superbe bande originale. Autre
passion de Quentin Tarantino qui s'en donne à cœur joie en
sélectionnant une playlist des plus hétéroclites. Quelques vieux
standards américains, de la musique typée western ou quelques airs
mexicains interprétés à la trompette ! Bref, Kill
Bill : Volume 1,
c'est du grand spectacle absolument jouissif, souvent invraisemblable
tout en conservant un certain sens du sérieux. Un film tout
simplement culte auquel donna une suite son auteur dès l'année
suivante sous le titre Kill Bill : Volume 2...
Même avis grosso-modo sur Tarantino, même si dans l'ensemble, j'aime ses premiers, en particulier Pulp Fiction (faudrait que je mette la main sur Jackie Brown un de ces jours...), jusqu'à ce diptyque inclus. Ce qui me gêne chez le monsieur (comme chez Scorsese), c'est sa complaisance pour l'ultra-violence.
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